Wylan Gatiss - The stronger mind of evolution Determine who wins the game

- Certainement que si on lui demandait, il dirait qu’il a eu une vie plutôt heureuse, quelque chose qui restait assez basique. Des parents plutôt aimants, même s’ils pouvaient se montrer durs. Une famille sans trop d’argent et où les fins de mois étaient toujours compliquées, mais ensemble s’ils s’en sortaient toujours. Ils lui apprirent les valeurs, la bienveillance, qu’il valait mieux discuter avec les autres plutôt que rentrer directement dans un conflit ; ce qui tombait bien, cela correspondait plutôt bien avec le caractère du garçon. A l’école, on ne pouvait pas spécialement dire qu’il brillait, il était généralement dans la moyenne, les cours ne le passionnaient pas : lui, ce qui l’intéressait c’était la cuisine mais surtout les animaux.

- « Wy’ j’suis enceinte.» Voilà ce qu’il entendit à peu près un mois après sa première grosse cuite, à un tel point qu’il ne se rappelait pas franchement de la soirée. La panique le submergea, il avait 16 ans, il ne se voyait pas devenir père ; elle en avait 18 et venait d’entrer à l’université. A sa grande surprise (et effroi), elle voulut garder le bébé malgré leurs âges, il n’était pas franchement pour… mais un gamin ça se fait à deux. Alors il devait assumer. N’écoutant pas certains de ses amis qui affirmaient que le gamin n’était peut-être pas le sien – surtout qu’il ne se rappelait de rien-, il prit en plus du lycée un petit travail pour … pour commencer à économiser pour l’arrivée de l’enfant et de ce que ça coutait. Ses parents à lui assuraient qu’ils pourraient l’aider -même si eux aussi n’étaient pas enchantés- mais il ne voulait pas leur laisser cette charge. Quant aux parents de la demoiselle, soi-disant ils ne pourraient pas les aider mais vu qu'ils habitaient loin, il ne les avait jamais vraiment rencontrés, ni même parlé. Elle est en train de te pigeonner. lui rappelaient certains de ses amis, son amie d’enfance – sa meilleure amie July-. Oui. Non. Peut-être. Il n'en savait rien, mais il était allé avec elle pour les échographies, c’était réel. Alors, pourquoi est-ce qu’ils disaient tous cela ? Trop gentil, trop naïf, voyant un peu trop le bon dans les gens et pas la fourberie, il avait continué d’écouter son cœur. Et puis l’amour ça peut rendre franchement con, surtout le premier.
Si con, que quelques mois après la naissance d’Abby, il ne comprit pas lorsqu’il rentra chez ses parents chez qui il logeait avec la petite et sa mère. Pourquoi est-ce qu’il n’y avait plus aucune affaire à sa petite amie ? Il savait qu’à cette heure-là ses parents étaient certainement en train de promener leur petite fille au parc pour prendre l’air, alors qu’est-ce qui se passait ?  Il trouva finalement une lettre où elle expliquait être repartie chez ses parents, qu’elle ne se sentait pas mère, qu’elle n’y arrivait pas, qu’elle était désolée. Qu’elle renonçait à ses droits parentaux. Qu’elle ne voulait plus de contact, que si. Que ça. Des mots qui n’avaient aucun réel sens pour l’adolescent qu’il était. Aucun mot qu’il arrivait à absorber, à réaliser.
Et à ce moment-là, il était devenu père célibataire. Élevant « seul » un bébé dont il n’avait pas vraiment voulu mais qu’il aimait déjà à la folie, elle était son rayon de soleil. Son Abby. Ses parents étaient eux aussi dingues de la petite... alors ils s'en sortiraient. Résultat, il tenta de bosser encore plus hors cours.


- Il avait toujours été en phase avec les animaux, il les adorait d’une certaine manière peut-être plus que certains humains. La fourberie, les mensonges des humains, sans compter leur violence était quelque chose qui l’avait toujours dérangé ; les animaux quant à eux étaient des êtres sincères et innocents. Il avait déjà, pendant des vacances ou même certains week-ends, travaillé -bénévolement ou non- dans des associations pour la protection des animaux, ou dans des refuges pour chiens/chats et quelques NACs. Et il avait envie d’aller dans cette branche, il hésita un moment pour savoir s’il allait se tourner plus vers un métier comme assistant vétérinaire ou essayer de trouver du travail dans des associations. Il savait que c’était compliqué, qu’il y a peu de postes avec « salaires » et que c’était beaucoup de bénévolat. Il commença donc à travailler en alternance avec un vétérinaire pour apprendre le métier un minimum mais il se rendait bien compte qu’au final, c’était vraiment le contact avec les animaux comme il avait pu voir dans les associations, les refuges qui lui plaisaient vraiment. Alors, dès qu’il en eut l’opportunité, et qu’un poste se libéra, il candidata et fut pris dans une association qui s’occupait des chiens, des chats mais parfois aussi de quelques NACs.  Et là, il se sentait en phase avec ce qu’il faisait, il était vraiment dans son domaine.
Malgré tout, le salaire n’était pas mirobolant pour qu’il puisse vivre décemment avec sa fille, si bien qu’il prenait des petits boulots ci et là pour essayer d’arrondir les fins de mois, et pouvoir offrir à sa princesse certaines choses qu’elle souhaitait, comme tout enfant. A sa majorité, il avait d'ailleurs pris un tout petit appartement pour y vivre seul avec Abby, pour ne plus être une charge pour ses parents.

- La vie suivait donc son cours, jusqu’à il y a 6 ans, sa meilleure amie July, enceinte et mise à la porte par son petit ami qui ne voulait pas de gamin se retrouva sans logement. Après l’avoir aidé à chercher un appartement sans succès car elle ne gagnait pas assez, ils se décidèrent à prendre une colocation. C’était peut-être une décision un peu stupide mais qui se faisait de plus en plus au final, pour avoir un appartement plus grand, plus spacieux. Celui de Wylan n'était déjà pas très grand pour deux personnes, alors trois puis quatre quand le bébé serait-là c’était impossible !
Les deux meilleurs amis qui se connaissaient depuis des années -depuis toujours- savaient que la coloc’ devrait bien marcher, et qu’ils se supporteraient sans aucun souci. Wylan vérifia néanmoins que cette solution convenait également à sa fille.  July l’avait vu grandir, elle était également sa marraine, alors elle accepta sans trop de souci même si ce changement ne devait pas totalement l’emballer.

Les années avaient continué à passer, Abby avait eu son diplôme de fin d’études  mais n’avait pas souhaité continuer à l’Université, déjà par ce que son niveau n’était pas assez bon pour avoir des bourses et commencer dans la vie actif avec trois tonnes de dettes ne l’enchantaient pas ; mais en plus sa passion était dans la cuisine et elle préféra aller dans cette direction.
La colocation tenait toujours et il considérait (presque) la gamine de July- Grace- comme sa fille et c’était quelque chose de bien réciproque. Aux yeux de beaucoup, ils formaient à tous les quatre une jolie et joyeuse famille ; ce qui n’était pas tout à faux et qui était même plutôt totalement vrai. Ils faisaient tout pour l’épanouissement des uns et des autres, même si parfois comme partout les disputes finissaient par éclater. On pouvait tous les questionner on pouvait dire qu’ils étaient heureux…

- Jusqu’au jour de cette foutue pluie où tout bascula à jamais pour eux. Abby ne travaillant pas ce jour-là, l’avait rejoint sur son lieu de travail – où elle venait régulièrement ne serait-ce que pour donner un peu d’amour à toutes ces boules de poils-. Lorsqu’ils étaient rentrés July et Grace étaient allées se promener et s’était pris une averse de pluie et forcément un jour où le chauffage était en panne et elles peinaient à se réchauffer réellement.
Le lendemain avec ce qu'ils entendirent aux informations, l’inquiétude monta d’un cran, mais au début ils n’y crurent pas. Ca devait encore être des intox, comment est-ce qu’une pluie pouvait être aussi nocive ?
Et il y eu la dégradation de l’état de July et Grace.  Pour ne pas dire un genre de lente agonie, les médicaments ne semblaient pas avoir d’effet, ou si peu. Il avait arrêté de travailler pour s’occuper d’elles, pour veiller à leur état, ne sachant pas bien ce qu’il devait exactement faire. Il écoutait les informations en boucle en espérant avoir des informations pour les sauver.
Mais bien sûr, elles ne furent pas sauvées. Comme "tout le monde" d'après ce qu’il entendait aux informations. Toutes ces vies perdues. Transformées pour d’autres. Un foutu cauchemar incroyable. Comment est-ce que c’était possible ? Comment est-ce qu’il était censé agir maintenant ? Rejoindre le camp de quarantaine avec Abby ? Est-ce que ce n’était pas plus risqué ? Le monde en une poignée de jours avait totalement changé et il se sentait désarçonné, ne savait pas comment agir de façon logique, lucide. Et tous les films post-apo’ qu’il avait pu lire ne servaient à rien. Abby était presque devenue apathique et il ne voulait pas lui laisser un quelconque choix, une responsabilité. Pas dans son état en tout cas. Elle risquait de s'en vouloir si son choix était mauvais et il préférait qu'elle lui en veuille à lui plutôt qu'elle aille encore plus mal.
Il n’était pas un héros, il n’était même pas courageux. Il se sentait plus comme un gamin perdu que comme un adulte censé. Il ne se laissait pas de répit, pas le temps de penser au deuil qu’il repoussait sans cesse au fond de lui avec une certaine résilience. Il verrait tout ça plus tard. Il s’accorderait le droit d’être malheureux une fois qu’Abby serait en sécurité. Alors, après encore quelques tergiversations, la décision était prise, le camp des réfugiés lui semblait la seule option envisageable. Il y aurait des vivres, des médecins, de quoi se défendre.
Il aurait voulu prendre ses parents au passage, mais aussi semblaient avoir succombé à cette étrange épidémie.
Et leur nouvelle vie commença.

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