Long time no see, I guess? // Noah Evans

Le nord de la ville se trouve être la zone où Oliver se montre le plus confiant d’y mettre les pieds. Loin du camp de la Colline -qui lui réserverait à coup sûr un bien mauvais accueil-, et assez éloigné du camp la Tanière qui sont que des troubles faits seulement doués à mettre des bâtons dans les roues du moindre individu croisant leur chemin.
Le nombre dans leur rang augmente -trop-. Les provisions accumulées s’amenuisent de jour en jour et l’urgence de la situation a forcé cette expédition. La cible; la grande galerie marchande qui permettra de gagner du temps. De subvenir aux besoins des survivants le temps d’agrandir les champs et de croître la population d’animaux.
Revenir les mains libres n’étaient pas une option.

L’ancien militaire guide sa brigade -petite certes, mais qui a l’expérience du travail d’équipe-. Eliott qui est un vétéran en matière d’expédition. Le jeune garçon qui a été le premier à l’accueillir au Refuge et dont Oliver le traîne à chaque sortie pour s’assurer que son compagnon ne commence pas à exténuer les pauvres ouvriers déjà au bout de leur vie. Un allié sur qui Oli pourra toujours compter, même les yeux bandés.
L’immeuble se dessine à l’horizon et dès que les deux véhicules s’immobilisent, le chef dicte les instructions. Deux par deux. Son équipe s’occupe de la partie est de la galerie et la seconde du sud pour veiller à ce que les carcasses de métal qui leur servent de moyen de transport ne se fassent pas voler ou complètement vider de leur essence.
Piller l’est de la zone était une perte considérable de temps, l’ayant fait à répétition, rien ne restait. Ils devaient s’aventurer plus loin pour dénicher les ressources, mais ce qui s’avère aussi à devoir redoubler de vigilance.

Arme chargée à la main, Oliver avance prudence. Attentif au moindre son suspect.
La chance semble leur sourire. Aucun rôdeur en vue. Nos deux explorateurs font un premier tour pour sécuriser le lieu. Le militaire fait signe à son compère de commencer la fouille en profondeur tandis que de son côté, il tente quelque peu le diable en étendant la zone qu’ils pourront dégarnir ensuite.
Oli s’éloigne, jusqu’à entendre d’autres pas. Il écarte aussitôt la possibilité que ça soit Eliott qu’il a laissé derrière. Les pas s’approchent.
Le militaire se cale contre un mur sans un bruit, patiente, et dès qu’il entrevoit un mouvement, il bondit hors de sa cachette, kick la masse qui tombe et son arme pointe tout droit vers l’importun.
C’est seulement à ce moment qu’Oliver s’attarde sur la personne projeté au sol.

— Evans?

En ce moment je ne suis bien qu’à l’extérieur. J’ai besoin d’adrénaline, de sortir, d’évacuer mon trop plein d’énergie. Avant je faisais du sport, presque intensif. Mais ici, je tournais en rond. Alors je me prépare pour une expédition, j’ai pris soin de faire mon sac, d’emporter ce dont j’ai besoin et je suis parti tôt du camp, à pieds. Ce que j’aime bien au nord de la ville c’est le calme qui y règne. Il y a moins de rôdeurs, moins de bruits et surtout un immeuble haut qui permet d’avoir une vue sur la ville et elle est splendide. Le bâtiment est pas en très bon état alors il faut faire attention, mais au moins, c’est paisible. Et pour faire une pause, dans tout, je n’ai pas de meilleur endroit, c’est un peu ma safe place, celle où je peux vraiment relâcher toute la tension qui s’accumule en moi, et c’est peut-être aussi le seul endroit où je n’ai pas besoin de bouger pour me sentir bien.
Au camp, c’est l’ébullition. Il y a beaucoup de monde à présent. Et on manque souvent de ressources. Mais on hérite aussi de profils rebelles et c’est parfois difficile à gérer. Alors on est beaucoup à partir en expédition. Surtout avec l’arrivée prochaine de l’hiver. Il m’arrive d’être absent plusieurs jours. Généralement on sort en binôme, mais comment dire… celui que j’ai actuellement ne supporte pas ma présence et moi je ne supporte pas sa haine alors je suis parti seul. C’est préférable. Surtout quand je suis dans cet état survolté. Je sais que ce n’est pas bien de sortir seul, et encore moins sans prévenir quelqu’un, mais tant pis. Toute façon j’ai pas réfléchi avant.
Arme à la main, prêt à tirer je déambule dans les rues de Malden nord en restant attentif. J’ai laissé Lois, mon malinois au camp. Il s’est blessé à la patte l’autre jour, enfin il a marché sur quelque chose qui ne fallait pas, et même s’il ne boitille presque plus, j’ai préféré le laisser en sécurité. Je passe par la galerie commerçante. Il y a un truc que je veux récupérer là bas, je n’ai pas eu le temps la fois précédente et je veux voir si ça y est encore. J’arrive dans la boutique d’armurerie et je fouille en silence. Elle a été dépouillée de ses armes et munitions mais je parviens à trouver la lunette de vision que je cherchais. En plus d’être longue portée, elle permet aussi de voir dans la nuit. Et ça, ça n’a pas de prix par les temps qui courent. Je m’installe sur mon arme, et je souris satisfait, en la testant. C’est alors que j’entends des pas se rapprocher, et surtout des voix. Elles se sont arrêtées dans la boutique à côté. Je profite à passer par l’arrière boutique pour m’éloigner. Ce sont vraiment deux abrutis à parler aussi fort en réalité. Mais je le suis tout autant à avoir été distrait car je me retrouve soudainement au sol, et je grimace de douleur, surtout lorsque quelque chose de mon sac me rentre dans le dos. Je tiens toujours mon arme lorsque j’entends mon nom de famille. Je lève mon regard vers la personne et je fronce les sourcils. Je reconnais alors un des militaires de ma base. Je me redresse légèrement en le fixant de mon regard.  « Blackwood. Je te pensais pas en vie. Enfin… personne en réalité. » Je finis par me relever, plutôt lentement car le choc de mon sac à dos sur mon corps me laisse courbaturé.  « Qu’est ce que tu deviens ? Tu es avec ces hommes pas discrets ? Qui rigolent forts et marchent comme des éléphants. »

Devait-il se réjouir de tomber sur une personne qui ne lui est pas étrangère? Tout dépend de comment Evans décide de se comporter. Son tempérament certes courageux, mais complètement impulsif a fait quelques flammèches s’ils remontent au temps que les deux hommes partageaient les rangs de l’armée américaine.
Mais un stresse s’immisce et s’étend à travers ses vaisseaux sanguins. Si leurs routes se rencontrent, à un moment où à un autre, Oliver va bien finir par entrecroiser d’autres membres des leurs anciennes troupes. Lui qui s’efforce de se tenir loin de la Colline pour éviter des retrouvailles non sollicitées. Le voilà paumé devant l’un d’eux.
Il tient toujours en joute son collègue d’antan. Ce dernier est surpris de le voir vivant, il l’en est autant. Aucune animosité ne ressort de leur échange -pour le moment-. Il n’a aucune envie que tout parte en vrille. Mais mieux vaut ne jamais baisser sa garde.

— Je pourrais te renvoyer la question. Tu n’as pas l’air en trop mauvais état.

Les vivres de la Colline ont sans cesse été généreux en termes de médicaments et tout le matériel pour traiter les blessures ou les infections. Et personne ne serait assez suicidaire pour oser les piller -ou même penser à toutes tentatives-. La sécurité est hors pair. Seulement, Oliver espère piètrement que Evans passera sous silence leur rencontre.
Un soupire lui échappe. Il n’a pas tort en qualifiant ses compagnons de la sorte.

— Ils ont quelques aspects à retravailler, lui accorde-t-il. Mais ça reste plus sûr que se trimballer seul. Ça m’étonne que la Colline t’ait laissé partir sans aucune compagnie.

Quoiqu’il projette ses iris bleutés autour de lui, par simple précaution.
Contrairement à son escouade, les deux hommes maintiennent un ton bas pour éviter d’attirer l’attention de qui que ce soit -ou de quoi que ce soit-. Être jeté sous les projecteurs de la scène leur exposera à des problèmes garantis. Mais surtout, Oliver souhaite que cette retrouvaille reste intime -aucune envie de justifier leur échange-.

Il baisse son arme, enfin. Son revolver reste dans sa main néanmoins. Si Evans avait une idée malencontreuse derrière la tête, il l’aurait déjà employé. Puis, ni l’un ni l’autre gagnerait à faire retentir un coup d’arme à feu dans un endroit si écho simplement pour le plaisir. Ça serait complètement idiot et irresponsable.
Il garde une distance sécuritaire. Il sait que son vis-à-vis a le poing qui part facilement. Suffit que le membre du Refuge échappe le moindre mot de travers pour énerver son comparse. Mais heureusement pour lui, la conversation n’a jamais été l’une de ses forces. Il s’en tient à l’essentiel. Le moulin à parole est justement l’un de ses membres qu’ils entendent à cet instant même. C’est à se demander ce que Oliver fout dans ce groupe turbulent.
Mais un détail le chicote. Le point est loin d’être stratégique pour Evans de se retrouver dans ces lieux.

— On est à l’opposé du camp. Pourquoi tu pars aussi loin seul?

Je ne pourrais cacher ma surprise de découvrir un autre visage familier. Le deuxième en quelques temps. Je ne sais pas si je dois ou non me réjouir en réalité, parce que le monde a changé et les gens aussi. Alors c’est difficile pour moi de me faire une opinion comme ça. Même si en soit c’était un bon gars, un peu trop coincé mais méritant d’être en vie. Je reste au sol, malgré la blessure que je sens dans mon dos. Il pointe toujours son arme sur moi alors je préfère attendre qu’il la rengaine avant de bouger. Je l’observe avec attention jaugeant ses gestes. Pour le moment il n’a rien d’agressif. Je finis cependant par m’asseoir pour soulager la pression du bout de verre dans mon dos.  « Non en effet je vais bien.» Je n’ai rien d’autre à répondre que la vérité. En réalité aller bien est un bien grand mot mais je survie.

Je pose mes mains sur mes bottes en attendant qu’il daigne ranger son arme et je regarde en direction du troupeau bruyant avec qui il se trouve. Je le vois soupirer alors je me doute qu’il en pense pas moins. Je ne peux retenir un sourire. C’est toujours un râleur au moins, c’est une bonne chose. Je lâche un petit rire à ses paroles. Quelques aspects à retravailler. Je dirais plutôt à rééduquer ces types à comment se comporter lorsqu’on se trouve à l’extérieur. Mais il poursuit et je l’écoute sans l’interrompre même si je hausse un sourcil à ses derniers mots.

Il abaisse son arme après cet échange et je profite à me relever. Je ramasse mon arme que je remets en bandoulière, et je tire un couteau de la poche sur ma cuisse et je le lance en espérant ne pas rater ma cible. Un rôdeur s’approchait de nous par derrière et la lame s’enfonce dans son crâne. 3 centimètres plus haut et je le manquais. Je me dirige vers le cadavre ambulant, tout en répondant enfin à ses précédents mots.  « Ils ne m’ont pas laissé partir seul. » Je récupère mon couteau, qui est dégueulasse et je m’essuie avec un tissu au sol, légèrement écœuré.

Je range ma lame et je regarde nouveau l’ancien militaire et ancien compagnon de mon unité. Je sais également son ressentiment face à la Colline, et je sais très bien que cet aller retour sur le sol fait parti de cette rancune. Tous les déchus, comme lui et moi, nous détestons cet endroit.  « Je ne suis plus à la Colline. J’en suis partie peu de temps après la fondation. Je suis une aberration avec mes troubles tu parles. Alors on a été quelques uns à partir et on a fondé la Tanière. » Je reviens vers le brun et je soupire légèrement. .  « C’était ça ou finir en cobaye. On a pas une excellente réputation, mais au moins ne tue pas par plaisir.» En réalité je ne crois pas que beaucoup de monde soit au courant de ce qui se passe à la Colline ou beaucoup ferment les yeux. Je regarde autour de nous en grimaçant légèrement lorsque ses acolytes rient aussi fort.  « Ils n’ont pas l’air de s’ennuyer. Tu es au Refuge j’imagine ? Vu que je ne t’ai jamais croisé jusque ici. » Je n’ai aucune raison de me sentir en danger pour le moment, même si je reste sur mes gardes, comme toujours d’ailleurs. Ça ne changera jamais dans mon caractère, et je sais que pour lui c’est la même chose. Je me rappelle d’un truc , que l’on s’était dit avant de se séparer à la catastrophe.  « Tu l’as trouvé ? Ton meilleur ami je veux dire. C’est lui que tu es parti chercher quand les premières pluies sont tombées. »

La mire toujours braquée sur sa personne.
Oliver le reconnaît, mais avoir partagé un parcours de soldat avec ce dernier ne lui garantissait aucune sûreté dans ces temps où tout peut vous faire basculer vers le trépas. Il tarde à retirer la menace planant devant son compagnon d’infortune. Il n’y a aucune animosité qui voltige en l’air et si jamais cet Evans aurait souhaité rendre cette retrouvaille piquante, ça serait déjà fait.
Puis comme la réponse qu’il lui a si bien accordée; il va bien.

À peine il baisse sa garde, une lame frôle son visage, mais se plante dans une carcasse ambulante  grouillante dans son dos. Ses talons tournent sur eux-mêmes et ses iris atterrissent sur le brûlé inerte au sol. Il vise toujours aussi bien le Evans. Un peu plus vers la gauche et c’est sa propre personne qui se serait fait perforer. De quoi fortifier que les emmerdes le lâcheraient bien les baskets pour un moment.
Son regard balaie les horizons. Si la Colline ne l’a pas laissé partir en solitaire, c’est qu’il devait avoir d’autres soldats aux alentours. Ses sens en alerte, Noah capte de nouveau son attention pour faire baisser la tension qu’il s’est lui-même imposée. Ses traits se referment, les sourcils froncés, il attrape le bras son compère lorsque ce dernier se rapproche.

— Que veux-tu dire par cobaye?

Il a été trop loin de tout ce bazar politique à l’intérieur de cette ville. Il y est débarqué trop tard pour avoir eu conscience de tout le bordel. La seule raison pourquoi il n’a pas mis les pieds dans ce camp militaire était pour le confort de son meilleur ami. De ce fait, il avait connaissance que son absence au sein des forces militarisées lui offrait l’étiquette de traître à abattre dès la première occasion. Et de ce qu’il comprenait, Noah était étiquetté pareillement. On remercie les années de service!
Les insinuations soulevées le rendent sceptique -et il ignore à quel point ces éléments viendront le parsemer de démons qui auront raison du manque de sommeil-.

— Laisse-les, ils finiront par apprendre. Ce n’est pas pour rien que je ne rôde pas auprès d’eux.

Il hausse les épaules en guise de réponse. La déduction est facile. Mais le fait qu’il soit maintenant rattaché à la Tanière explique pourquoi Oliver le croise dans cet endroit de choix. Seulement, il garde en mémoire cette information. Avoir des contacts se révèle souvent être une utilité hors pair.
Il tourne les talons, va rendre visite à l’infecté qui voulait les croquer. De sa botte, il bascule le cadavre et tapote les poches de ce qui reste du pantalon en lambeau. Rien. Pas même un petit bout de métal qui aurait pu ouvrir une porte. Le tag sur la chemise lui aura agrémenté de faux espoirs.
Il relève la tête, étonné que ce dernier se rappelle d’un tel détail.

— Oui.

Ça répond à la question, non?
Il ne l’a jamais réellement caché. Pour lui c’était une évidence de tout lâcher et d’aller le retrouver. S’il devait recommencer, il le ferait sans hésiter. Mais étaler les subtilités pouvait lui faire défaut. De toute manière, il n’a jamais été réputé pour bavarder plus qu’il ne faut, Oliver.

— La Tanière n’a pas la meilleure réputation non plus?

Il change de sujet, mais surtout cherche à savoir si finalement il doit rebâtir ses soupçons envers lui. Si les propos tenus ne dorent aucunement le blason de la Colline, les rumeurs qui courent autour du camp établi à l’aéroport ne sont pas non plus les plus élogieuses.
Il patiente pour une réponse, jusqu’à ce qu’un boucan retentisse à travers l’immeuble provenant de ses imbéciles de compagnons. Non seulement l’envie de meurtre monte en Oliver, mais une visite nombreuse ne tardera pas à se manifester à coup sûr.

Je n’ai pas besoin de dire qu’il ne craint rien parce que ce serait mentir, enfin pas trop. Autant je ne suis pas trop inquiet de lui, autant de ses camarades, je ne pourrais pas en dire autant. Il a toujours été si pompeux en réalité que je ne suis même pas étonné de le voir encore le tenir en joue. Même s’il finit enfin par baisser son arme. Je ne prétendrais pas que je n’en suis pas un peu soulagé mais je n’en ai pas le temps de le montrer.

J’attrape le couteau qui se trouve dans la poche de la cuisse de mon pantalon et je le lance derrière Oliver et il se fiche dans le crâne du cadavre ambulant. J’aurais pu le manquer mais heureusement ce n’est pas le cas. Au moins je n’ai pas touché le militaire devant moi. Je le contourne pour aller récupérer mon couteau. Je le secoue avant de l’essuyer d’un vieux morceau de tissu accroché à mon sac. Je suis un peu écœuré par l’odeur cadavérique mais bon je m’en éloigne assez rapidement pour reporter mon attention sur le militaire.

Lorsqu’il m’arrête en saisissant mon bras, je le regarde, peut être un peu trop véhément. Je lâche un rire à sa question. Il est vraiment pas au courant ? Dans quel monde il vit ?  « Je te conseille de te renseigner et de surveiller tes proches. Ils en ont rien à foutre de la désertion, ils ne regardent que les compétences, et si tu seras utile, soit pour eux, soit pour les expériences. » Je réajuste mon sac sur mes épaules et je lève les yeux au ciel lorsque j’entends ses collègues faire autant de bruit. Je fronce les sourcils. Je secoue la tête avant de dire.  « Ou nous faire tuer parce qu’ils ramèneront une horde à force de faire du boucan comme des gamins de 5 ans. » Et j’avoue que ça me tape sur le système. Car je suis là, et je n’ai pas envie de me retrouver dans une situation fâcheuse. Même si je connais cet endroit comme ma poche ayant traîné ici tellement de fois dans ma jeunesse et surtout avec toutes les conneries que j’ai pu faire ici, je n’ai pas envie de me retrouver par des bouffeurs de chair.

Je soupire légèrement en regardant autour de nous, et je le laisse aller fouiller le cadavre un peu plus loin. Je me souviens alors qu’il cherchait son meilleur ami et que c’était la raison de son départ. Il tourne le cadavre de son pied et je le questionne. Je me demande s’il l’a retrouvé. Parce que dans un monde pareil, retrouver ses proches peut relever d’un miracle. Lorsqu’il répond seulement oui, je hoche la tête. Je suis content pour lui. Enfin je crois. A vrai dire il n’a pas précisé s’il est en vie, mais bon.

Lorsqu’il en vient à me questionner sur la Tanière, je hausse les épaules.  « Peu importe les camps de cette ville, ils sont tous pourris jusqu’au trognon. On a seulement pas peur de tuer ce qui s’en prennent au camp. » Je suppose seulement que l’on est mal vu car on vit un peu avec nos propres règles. Mais alors que je m’apprête à lui demander quelque chose sur le refuge, un énorme boucan retentit dans toute la structure et je grimace légèrement.  « Mais quelle belle bande d’abrutis sérieux.. » Si avec ça on n’a pas de visite dans les prochaines minutes, cela voudrait dire que l’on serait vraiment chanceux, mais je n’y crois même pas une seconde. Je fais signe à Oliver de me suivre et j’attrape mon arme alors que je me dirige vers les escaliers mécaniques pour prendre de la hauteur, et voir venir le danger.

N’était-il pas ce qu’il faisait à l’instant même? Monopoliser son ancien camarade de guerre afin d’en extirper quelques renseignements qui lui échappent. Il n’a jamais cherché à réellement comprendre les autres camps. Son esprit est déjà accaparé par ceux qui l’entourent quotidiennement -mais surtout par la survie et des personnes qui lui sont chères-. Et les paroles -qui font non seulement leur bout de chemin jusqu’à ses oreilles, mais aussi à son cerveau- ont le don de crisper ses muscles. Il mentirait s’il affirmait qu’il avait tout sous contrôle. Mais il feint. Donne l’impression que tout est calculé, mais s’il doit en plus relever d’un cran son attention sur tout, il finira par s’effondrer suite à un compte à rebours trop court.
Mais les informations qui fuient à travers les lèvres de son vis-à-vis sont trop peu. Une mise en garde vague, qui ne l’aiguille sur rien en particulier autre que; fait gaffe l’ami, surveille tes arrières et celles des autres.
Et ça ne sera guère suffisant.

Oliver hausse les épaules. La sélection naturelle. Même si l’envie de se retrouver avec des rôdeurs ne l’enchante guère. Il s’était refusé de les avoir avec lui, mais ces derniers foutaient la pagaille à travers le stade et tous avaient un besoin fort de ne pas les endurer que ne serait-ce quelques heures.
Seulement, il se devait tout de même de les maintenir en vie d’autant qu’il le pouvait.

— Ça te fera de l’exercice un peu.

Non pas que notre cher Evans ne peut plus s’accomplir d’un parcours du combattant, mais simplement pour le calmer un tantinet. Il prend la mèche rapidement, a toujours réagi vivement également.
D’ici à ce que la horde hypothétiquement parlant pointe le bout de son nez, Oliver préfère s’attarder sur le cadavre brûlé. Voir s’il n’a rien qui peut leur être utile. Il en avait l’habitude avec la guerre de se rabattre parfois que les corps inertes pour s’approvisionner de munitions ou peu importe. Seulement, il aurait souhaité que ça ne devienne jamais une habitude -mais surtout que ses sœurs n’ont pas à expérimenter cet acte-.

Les propos lui glacent le sang. Leur réalité de soldat, ça ne l’aurait jamais offusqué de l’entendre ainsi. Par contre, dans cette réalité d’un tout autre cru, il sent ses sens s’alarmer. Ils ont beau avoir partagé les mêmes rangs d’armée américaine, cette fois, il pouvait se révéler être un ennemi à tout moment.

— Je note que tu as peu estime de ton propre camp…

Il dénote aussi que ce dernier est prêt à le protéger coûte que coûte. Seulement, la première approche laisse à désirer.
Une validation qu’il vaut mieux pour lui de ne pas s’y installer. Il n’en avait jamais eu l’intention. Au final, le Refuge est peut-être ce qui est réellement le mieux. Une idéologie peut-être définit de niais par d’autres, mais néanmoins c’est ce qui se raccroche de plus de la vie d’antan.

Ses pas s’immobilisent et il n’est pas le seul. Leurs réflexes de militaire reprennent le dessus. Leurs armes prêtes à l’emploi, il ne se fait pas prier et talonne Evans. Il profite des escaliers pour capter l’attention des imbéciles qui lui sert de compagnon d’expédition et par de simples gestes, leur signifie de les imiter et de gagner en hauteur. Il ne restait plus qu’à croiser les doigts qu’ils ne feront pas davantage de boucan dans leur précipitation.
Dans un coin de son esprit, Oliver espérait qu’ils parviennent à arpenter les couloirs et de le rejoindre aux étages supérieurs. Rien qui réjouisse son compagnon d’infortune, mais ça ne sera déjà plus simple pour le brun de veiller à ce qu’ils ne fassent plus de conneries.

Les deux soldats se hissent au deuxième étage, mais les escaliers centraux qu’ils empruntent depuis le début ne leur permettent plus de gagner en hauteur. L’état pitoyable et le manque -étonnant- d’entretien ont fait succomber une partie des marches électriques. À moins avoir une confiance dans ses performances de sauts en hauteur, Oliver préfère ne pas risquer de se fracasser le dos à l’étage du dessous.

— Emprunte le chemin que tu veux, je te suis.

À peine il tourne la tête qu’un infecté l’accueil à travers une entrée d’une boutique jadis. Il retint un hurlement et lui fait subir le même sort lorsqu’il avait croisé Evans. Une balle serait atrocement efficace, mais vu qu’il ignore encore combien de compagnies ils auront, il préfère le laisser en plan. Le temps qu’il tente de se remettre sur pied, ils auront le temps de le distancer.