[ FB ] To the stars who listen (( Ft. Oliver ))

Elle avait les lèvres craquelées, le goût du sang prenant le contrôle de ses papilles à chaque fois que sa langue passait sur les lippes. Vaine tentative de se donner l'impression qu’elle n’avait pas soif. Mya se sentait ridicule, elle savait pourtant que l’eau était un danger. Les pluies portaient le virus, les courants étaient sans doute contaminés. Elle ne pouvait y échapper, mais elle avait tout de même échoué. Un mauvais calcul, une bouteille d’eau manquante. Elle prenait parfois des gorgées imaginaires dans sa gourde, à la fois pour tenter de se convaincre qu’elle avait à boire (vaine tentative de tromper son esprit), mais surtout pour ne pas inquiéter sa soeur. Mya ne savait pas exactement combien d’heures de marche elles devaient encore parcourir pour atteindre Malden. À l'instant, elle voulait simplement rester concentrée sur son objectif. Alors elles avançaient, en silence. Il y avait simplement de ces moments où les mots n’étaient plus suffisants. Mya ne s’en préoccupait pas vraiment, elle savait que toutes deux riraient ensemble une fois qu’elles tenteraient de monter un camp de fortune pour la nuit. Et surtout, malgré la situation précaire, Mya n’avait pas peur. Elle n’était pas seule. Levant les yeux au ciel, elle ne put s’empêcher de laisser s’échapper un sourire en coin. Elle n’était jamais seule.


Mya poussa un léger soupir de soulagement. Les heures avaient passées sans qu’elle ne les voit défiler et Malden s’avérait être beaucoup plus près que ce à quoi elle s’attendait. L’après-midi était bien avancée, mais elles avaient finalement passé les limites de la ville et plus encore, elles avaient trouvé le stade de la ville. Celui dont elle avait entendu les rumeurs. Celui qui abritait un camp de réfugiés qui, selon les dires des gens, vivaient d’entraide. Les jumelles avaient été accueillies dans un mélange de cette méfiance que l’on accorde aux étrangers et de bienveillance face à des survivants disposés à aider une petite communauté. On leur avait montré un endroit où déposer leurs affaires - biens minces effets personnels qu’elles avaient pu placer dans un sac à dos pour tenter de survivre, si peu, à vrai dire - des chambres de fortune, aménagées sous les gradins du centre. Si sa soeur avait préféré tenter de reprendre un peu de sommeil, Mya savait que ni l’une ni l’autre ne pourraient se reposer avant la nuit. Mais elle la laissa, sachant que cette dernière était capable de se défendre, et décida d’aller faire le tour du stade pour tenter d’y trouver des points de repères. Elle n’avait aucun doute qu’elle allait se repérer avec le temps, mais il fallait bien commencer quelque part.

Discutant avec les gens, elle tentait de voir ce qu’elle pourrait faire en cet endroit pour tenter d’aider. Elle se doutait que malgré la réputation d’entraide du Refuge, elle ne pourrait pas y rester gratuitement. Elle réfléchissait donc tout en inspectant les lieux. Les survivants qui y résidaient étaient ingénieux et avaient réussi à se tisser un petit havre de paix. Peut-être les jumelles pourraient-elles en faire partie ? Trouver un peu de repos dans cette situation déroutante. Finalement, Mya arriva au dernier étage du stade, sur la “place publique”, le lieu de vie commun (du moins, si elle se fiait à ce qu’on lui avait dit quand on lui avait sommairement montré l’endroit avant que la personne qui les avait accueillies ne doive s'éclipser en raison de ses responsabilités). Elle vit une pile de ficelles dans un coin et s’informa s’ils étaient utiles à quelqu’un. On lui répondit que non, trop fragiles pour en faire quoi que ce soit d’utile pour le moment. Mya en laissa une petite réserve (ne sait-on jamais, ça peut tout de même être utile). Elle prit donc place sur un banc dans la grande pièce qu’elle devinait être des anciennes loges de luxe et entreprit de tresser une corde plus solide à partir des petites qu’elle avait en main. Elle écoutait vaguement les conversations des gens, discutait joyeusement avec ceux qui venaient vers elle et souriait à tous les passants. Tressant machinalement sa corde, elle s’était engagée dans une discussion des plus intéressante avec un des ingénieurs de l’endroit. Leur discussion fut cependant interrompue par quelqu’un qui s’exclamait.

« Alors mes explorateurs ! Des découvertes intéressantes aujourd’hui ?  »

Mya tourna lentement la tête, intriguée par les nouveaux arrivants, mais un peu genée par son arrivée nouvelle. Elle n’aimait pas être le centre d’attention - sauf quand elle avait un instrument de musique entre les mains - mais une arrivée dans un camp comme celui-là attirait définitivement les regards. Elle était une bouche de plus à nourrir. Et sans doute vue comme un fardeau tant qu’elle ne prouverait pas qu’elle pouvait aider. Mais quand son regard se posa sur cette silhouette. Celle d’un homme musclé. Celle d’un homme qu’elle ne connaissait que trop bien. Mya se releva d’un bond, laissant tomber sa corde. L’ingénieur à ses côtés la dévisagea, de même que la personne qui s’était adressé au militaire qui venait d’entrer dans la pièce. Mais Mya ne portait plus attention aux gens autour. Était-ce possible ? Était-ce bien lui ? Et elle resta figée, incapable de croire ce qui se dessinait sous ses yeux. Était-elle si déshydratée qu’elle en avait maintenant des hallucinations ?

Ses iris bleutés qui contemplent le ciel scintillant aux milles et une étoile. Ce réflexe qui ne l’a jamais quitté. À chaque occasion, il se devait de lever la tête et d’observer -même si ce n’est l’espace de quelques secondes- ce paysage céleste. Ce simple geste qui apaise tous ses maux. Qui amenuise ses soucis. Il s’y perdait beaucoup trop souvent autrefois. Mais maintenant, il ne peut s’accorder trop de moments d’égarement. Néanmoins, il poursuit systématiquement cette tradition. Peu importe où ils se trouvent, ils seront toujours connectés tel l’ensemble d’étoiles constituant une constellation, brûlant dans le néant infini. Une liaison intouchable, mais bien inébranlable. Indélébile.
La voix d’un de ses membres d’escouade l’arrache de ses pensées. Il lui fait la remarque au passage. Il était rare de voir le militaire plongé dans son esprit ainsi. Les deux hommes échangent leur place. De quoi pouvoir se reposer à présent pour le responsable des expéditions. Ils sont sur le point de rentrer. Encore une demi-journée et ils seront de retour au bercail si rien ne se mettait en travers de leur route.
Ils ont déjà eu du mal -surtout Oliver- qui a surpris un pillard pendant leur séjour à avoir l’excellente idée de tenter dérober quelques-unes de leurs trouvailles. La fuite a été un succès pour l’intrus indésirable. C’est avec les dents serrées que le militaire est dans l’obligation de le laisser filer. Son œil… ça relève du miracle qu’il n’y soit pas passé! L’arme bancale lui aura été bénéfique finalement. Si son ennemie avait eu une lame aiguisée, Oliver n’aura pas eu autant de chance. Ses compagnons l’ont pansé comme ils le pouvaient, mais la douleur reste piquante à souhait. Dès que le saignement a cessé, le brun a retiré le bandage et la blessure -il faudrait être aveugle pour feindre ne pas la voir-. Bonjour les réprimandes aussitôt qu’il posera le pied au Refuge…


La route de retour s’avère être plus tranquille. Une poignée de main de rôdeur qu’ils ont abattue, mais rien de plus. Parfois, Oliver se fait la réflexion que si la seule source de danger pouvait être ces créatures infectées, leur réalité ne serait pas aussi… macabre. Mais la nature humaine adorait saupoudrer l’existence de ses congénères par des moments de terreur -frôlant même l’agonie-. La survie. Cette mesure qui pousse les êtres humains dans leur dernier retranchement, faisant surgir l’animal rugissant-. Cependant, une fois au Refuge, il sait que tout cela se mettra en pause. Jusqu’à ce qu’il doive s’aventurer à l’extérieur. S’exposer ainsi au danger guettant telle la faucheuse sa récolte quotidienne, ça a été d’un naturel pour lui de s’y impliquer au point d’en être le responsable. Il avait l’habitude de par son ancien métier. D’aller au front, de se battre pour préserver la sécurité de tous. Si sa propre personne peut permettre à d’autres de rester en sûreté, alors il continuera à trouver la force de retourner au combat.
Leur arrivée ne laisse personne d’indifférent. Comme à chaque fois, un attroupement se crée, chaque individu bien trop curieux de savoir ce dont les explorateurs ont pu leur rapporter. Les nouvelles découvertes qui pouvaient être une véritable pépite d’or. L’objectif toujours en tête, ils finissaient tout de même par dénicher des extras qui n’étaient pas prévus. Mais cette fois, la récole était bonne.

— Des médicaments, étonnamment. Quelques armes avec une pelletée de munition. Mais le plus important, et il faudra y retourner avec un véhicule, une installation d’une serre qui avait l’air en état de marche.

Il ne pourrait mettre sa main au feu -le militaire n’allait pas le mettre en marche et risquer de se faire tremper par de l’eau contaminée-. Seulement, il avait pris le temps d’examiner les tuyaux et la toile. Sans compter qu’à cette annonce, de nombreux sourires illuminaient les visages. Un nouvel espoir pour l’hiver qui arrivera dans quelques mois et qui pourra aider à produire des récoltes -en très faible quantité, mais qui sera un ajout malgré tout à leur stock-.
L’enthousiasme s’anime, mais ce qui impliquait que dès le lendemain, il devrait quitter à nouveau pour rapatrier cette trouvaille inespérée. Une seule nuit de repos -qu’il ne tardera certainement pas à profiter bientôt-.

Il tourne les talons, laissant les autres réfugiés débarrassés et rangés les vivres récupérés lors de l’exploration, mais ses jambes s’enracinent au sol à la seconde où son regard se pose sur une silhouette qu’il n’avait pas vue depuis trop longtemps -et surtout qu’il n’avait jamais croisé encore dans ces lieux-. Son cœur manque un battement alors que son cerveau analyse et lui confirme l’identité de la jeune femme devant lui.
Une rafale de questions lui traverse l’esprit, mais un seul et unique mot parvient à franchir le seuil de ses lèvres.

— Mya?

Son souffle en suspend, il attend. Un geste, n’importe lequel! Un hochement de tête, un sourire timide qui se dessine au bout de ses lippes, un signe de la main, qu’elle prononce son prénom. Qu’importe! Une simple confirmation avant qu’il ne vienne l’étreinte dans ses bras en déposant sa tête contre la sienne.

Elle écoute l’homme présenter ses trouvailles. Aucun doute n’est possible, c’est bien cette voix. Celle qui l’a rassurée tant de fois. Celle qu’elle rêvait d’entendre depuis quelques mois déjà. Impossible. Et pourtant. La joie des gens qui monte à l’idée d’avoir une serre fonctionnelle ne saurait égaler la chaleur que la jeune femme ressent. Son coeur se serre. Elle n’arrive pas à croire que c’est possible, qu’il est vraiment là. Après toutes ses nuits à observer les étoiles sur la route, souhaitant que son frère soit avec Eva et elle. Souhaitant cette présence rassurante après d’elle. Elle avait prié les étoiles tellement de fois, espérant que ces dernières protègent Oliver. espérant que celles-ci ne la ramène jusqu’à elle. Parce que Mya tente de faire son chemin dans la vie, mais elle reste la dernière de famille. Cette petite qu’on a toujours voulu protéger. Celle qui se sent dépourvue, à découvert, à présent. Et les fissures qui s’étaient formées au cours des derniers mois semblaient disparaître à la vue de cette personne qu’elle connaissait si bien. Qu’elle appréciait tant.

Elle était debout. Immobile. Ne pouvant détourner son regard de sa silhouette devant elle. Le myocarde qui semble vouloir passer la barrière de ses côtes tellement il tambourine dans sa poitrine. Elle avait tant espéré qu’il n’aille rien. Qu’il soit vivant. Elle le regarde. Le temps semble alors s'étirer. Les secondes deviennent une éternelle alors qu’elle n’arrive pas à croire que cette situation est réelle.

Et il prononce son prénom.

Le temps reprend son cours à une vitesse fulgurante. Elle sent les battements de son coeur qui s’accélèrent alors qu’elle tente de capturer tous les instants de ce moment qu’elle ne croyait exister que dans ses rêves. Il est tout aussi immobile qu' elle, preuve qu’il ne semble pas y croire lui non plus. Mais cette voix. Ce regard. Elle n’hésite plus. Elle en est convaincue.

Oliver !

Et sans attendre une seconde de plus. Elle s’élance. Traversant les quelques mètres qui le séparaient de ce frère qu’elle aimait tant. De ce frère qu’elle avait eu peur de perdre pour toujours. Elle n’hésite pas une seconde. Les gens autour d’eux seront sans doute surpris, mais elle ne peut s’en empêcher. Mya saute au cou de son aîné.

Tu vas bien ? Dis moi que tu vas bien !

Ce n’était pas un ordre à proprement parler. Mais plutôt une supplication. Une demande. Celle de confirmer qu’elle n’hallucine pas. Que ce n’est pas la faim, la soif ou les longues heures de marche qu’elle avait terminé quelques heures avant. Elle recule d’un pas. Son frère est vraiment là. Et ils ont beaucoup à se raconter…

Deux statues qui se contemplent. L’un qui ose relever un prénom qui lui est cher. Les grains de sable qui se figent dans le sablier. Les traits fins qui arborent le visage. La silhouette svelte. La chevelure brune cascadant sur les épaules élancées. Les pralines bleutées étincelantes. Même si l’aspect physique pouvait l’emmener à commettre une erreur dans l’identité de celle qui lui fait face, il sait. Il sait qu’il a devant lui la dernière de cette famille qui a chamboulé toute son existence.
Celle qui avait su le mieux percer sa carapace. À lui arracher un sourire malgré ses moments d’hésitations et de détresses silencieuses. Elle a toujours su déceler le moindre problème que le militaire dissimulait. Elle était parvenue où tous les autres membres de sa famille ont échoués; savoir le décoder.
Et il suffit d’un simple échange taciturne pour que les deux protagonistes se reconnaissent. Les prénoms troqués, l’une se montre plus réactive.

Sans crier gare, Mya lui saute au cou. Malgré la fatigue, malgré l’épuisement physique, malgré Morphée qui l’attend de pied ferme, Oliver la réceptionne tandis que le bout de ses lèvres s’arque brièvement. La douleur à sa pommette se ravive sous les traits joyeux qu’il affiche, mais elle passe inaperçue. Son cerveau refuse de considérer ce facteur dans l’équation. Il n’y a que l’allégresse de retrouver une des membres de sa fratrie bien vivante.
Un miracle dont les étoiles ont bien voulu leur accorder. Un moment de répit dans ce monde où la simple volonté de survivre n’est plus suffisante.
Ses bras musclés compressent inévitablement le corps de la jeune demoiselle. Comme si cette étreinte venait briser en mille éclats ses inquiétudes accumulées depuis des mois -car s’il avait pu s’octroyer le luxe de tout sacrifier pour s’assurer que son meilleur ami peut passer à travers la catastrophe initiale, Oliver n’avait aucun moyen de se multiplier pour se garantir de commettre les mêmes gestes envers sa propre famille éparpillée aux quatre coins du pays-.
Ses paupières se ferment tandis que son emprise diminue pour libérer sa petite sœur. Il avait pris soin de profiter d’un moment afin de poser son menton contre le crâne de Mya comme ils le faisaient gamin pour accueillir en larme la dernière Blackwood.

— Ça va, ne t’inquiète pas.

Il plonge dans le passé. Ces mêmes paroles qu’il prononçait à chaque fois que la brunette exprimait son préoccupation envers sa personne. Son ton doux et apaisé. Ce même timbre de voix rassurant tout juste avant d’étirer ses lèvres en un léger sourire.
Ses mains sur chaque épaule, il la regarde, l’analyse en quelques secondes pour affirmer à son tour qu’elle n’avait aucun souci -physique néanmoins-. Contrairement à lui avec sa blessure à la joue qui lui a quasi valu son œil, elle n’a rien.

— Comment tu as atterri ici?

Car soyons logiques deux minutes; connaissant son passé, la Colline aurait été le premier choix pour tenter de le retrouver. Et pourtant, leurs chemins se croisent dans ce stade diriger par le camp que l’on nomme le Refuge.
Mais avoir Mya auprès de lui éveillait aussi d’autres angoisses fourmillant dans ses veines.

— Eva est avec toi?

Il lâche un moment la musicienne de son regard pour balayer les alentours. Elles étaient inséparables, même si au fond de lui, il se préparait néanmoins pour le pire. Cependant, plusieurs paires d’yeux s’attardent sur eux inévitablement. Le militaire laissait rarement qui que ce soit l’approcher de la sorte. Lui qui intimait toujours une distance respectable avec les autres du camp -à deux exceptions près… non trois maintenant-.
Il invite Mya à s’éloigner, à plutôt se réfugier dans les installations et y dénicher un endroit calme. Et cette retrouvaille, il en oublie qu’il devra quitter de nouveau les lieux d’ici l’aube.

Tout en elle lui criait qu’elle avait raison, qu’elle ne rêvait pas, que c’était bien lui. Elle avait réussi à convaincre Eva de venir à Malden dans l’espoir d’y retrouver Olivia. Elle croyait son frère en déploiement pour l’armée et n’avait pu se contraire à penser à lui. Parce que s’il n’avait pas survécu à la pluie, elle n’aurait pas su comment continuer à avancer. Pas plus que si elle avait perdu Eva. Elle ne peut pas imaginer qu’il ne soit plus de ce monde. Alors pour faire taire ses pensées intrusives, sa peur, elle s’était concentrée sur Liv. Elle ne saurait pas non plus ce qu’elle ferait si elle ne revoyait jamais Liv - ça la détruirait - mais Mya à ce besoin de se raccrocher à l’espoir. Et Malden lui en a offert.

Elle ne s’attendait cependant pas à ce que sa tentative de retrouver sa meilleure amie - qu’elle savait en voyage, mais elle avait oublié où - allait la conduire jusqu’à lui. Elle s’était précipitée dans ses bras. Elle avait besoin de le sentir contre elle, de s’assurer qu’il était bien là, maintenant que son prénom avait été prononcé, qu’elle avait compris qu’elle n’était pas la seule à le voir. Elle s'agrippa à lui, comme elle le faisait après un cauchemar quand elle était gamine. Elle sent les bras de son frère autour d’elle. Elle sait que la joie et le soulagement qui l’envahissent sont partagés par l’homme. Il pose le menton sur sa tête et immédiatement, Mya est rassurée. C’est bien lui, c’est bien son frère aîné. et alors qu’elle sent l’emprise de ce dernier s’estomper, elle s’éloigne également, lentement. À contre-cœur. Elle ne peut cependant se résoudre à le laisser. Ses doigts restent posés sur l’avant-bas de l’homme. Comme si elle craignait qu’il ne disparaisse si elle le laissait aller.

Il lui dit qu’il va bien. Ces mots qu’elle espérait tant entendre. Et elle lui sourit, Mya, un sourire de soulagement. Ces mots qui l’avaient tant exaspérés, alors qu’elle savait qu’ils n’étaient que façade et mensonges, lui semblent maintenant paroles d’espoirs. Elle sait que c’est réel. Elle lui fait confiance. Mya hoche la tête, alors qu’elle sent le regard d’Oliver l’inspecter.

« Je vais bien aussi, t’en fais pas. »  Elle lui sourit, rassurante. Elle sait qu’il ne la croira pas avant de s’en être assuré lui-même, mais ça lui fait du bien de le dire. Elle regarda autour d’elle.

« Je… J’espérais trouver quelqu’un. Je ne pensais pas que tu serais ici… » Elle baissa la tête, honteuse de lui avouer qu’il n’était pas la personne qu'elle cherchait au départ. « Je savais pas si… » Sa voix se brisa alors que les mots restèrent coincés dans sa gorge. Parce qu’elle ne se l’était jamais avoué, mais elle croyait, au fond d’elle, qu’elle ne le reverrait jamais. Et  pourtant, il était là. En face d’elle. bien vivant. Elle hocha la tête à la dernière question. « Oui, elle se repose je crois… » Elle avait envie de rire nerveusement, mais se contenta d’un sourire moqueur à l’encontre de son frère. Pensait-il vraiment qu’elle aurait parcouru tout ce chemin sans Eva ? Pensait-il vraiment qu’elle serait encore ici si sa soeur ne l’était pas ? Mais elle comprennait la question, cette même question qui, bien qu’on ne connaisse déjà la réponse, permettait d’avoir la certitude de ce que son coeur savait déjà. Elle le comprenait.

Mya le suivit sans dire un mot, sachant qu’il connaissait mieux les lieux qu’elle. Ils auraient calme et tranquillité pour discuter.

« Co.. Comment ? Je ne savais même pas que tu étais au pays… »

Elle lui retournait la question : comment en était-il arrivé ici. Sa voix tremblait, laissant comprendre qu’elle avait cru l’avoir perdu.  Crainte inavouée. Car il était plus facile de se mentir à soi-même que s’accepter qu’elle y avait songé.