I'm like a shooting star, I've come so far. I can't go back to where I used to be. // Mya

Que faire lorsque tout vous draine? Aspire chaque pourcentage d’énergie vitale?
La tournure des événements qui enchaînaient les surprises. Il ne savait plus comment les encaisser en réalité, le militaire. Si son meilleur ami avait eu le don de tout faire voler en éclat, Eva -en revanche- avait réussi l’exploit de le voir s’écrouler. D’être un véritable pilier pendant que son grand frère n’arrivait plus à s’agripper à quoi que ce soit. Elle n’avait pas les bons mots, mais ça n’avait aucune importance. Oliver percevait les intentions enivrantes de la jumelle dont il chérissait encore en ce lendemain. Qui lui donne une force inséparable. Lui octroie une raison d’affronter les prochaines heures.
La nuit, l’ancien soldat s’était laissé bercer par Morphée par pur épuisement. Pourtant, le réveil a fait envolé chaque particule de repos que son corps avait si lourdement réclamé. La douleur dans ses genoux se revit dès que ces derniers doivent supporter son poids à nouveau. Malgré les signes que son enveloppe corporelle lui envoie, il se convainc d’être opérationnel. Sa force mentale -vacillante- doit venir contrebalancer celle physique. Et si le brun parvient à mettre un pied devant l’autre, c’est qu’il est en mesure de s’activer. L’armée lui a appris à puiser dans ses derniers retranchements. Ses cernes contournent toujours ses yeux bleus.

Puis, il se doit de la retrouver.
Ses priorités se redéfinissent avec la réalité qui le gifle en plein visage.
Eva répond présente. Il prie pour que Mya puisse en faire autant.

À cœur battant, il lasse ses bottes, ajuste son treillis. Il passe rapidement à la cantine pour croquer dans une barre de céréales. Il empoigne une seconde qu’il va porter à Eva avant de lui annoncer qu’il s’apprête à s’affairer. Et de promettre à l’aînée des jumelles de revenir en compagnie de la dernière Blackwood. À sa surprise, il adresse même un sourire à Eva avant de refermer la porte de la chambre.
Il arpente les couloirs, interroge chaque passant qui croise sa route. Le stade est grand et avant de s’aventurer à l’extérieur, il veut s’assurer que personne ne l’a encore vu. Qu’elle est bien absente et qu’il ne met pas sa vie entre les mains de la faucheuse tandis qu’elle n’encourt aucun danger. Mais il ne peut s’empêcher de réitérer cette même question en boucle dans son esprit; pourquoi les jumelles ont décidé de sortir du Refuge?
Toutes les réponses qu’il récolte empruntent l’identique finalité; Mya n’était nulle part -ou du moins, certaines personnes disaient l’avoir aperçu, mais confondait avec Eva-. Oliver s’oblige à fouiller chaque recoin lui-même. Pas qu’il remette en question les dires des individus du Refuge, mais par simple précaution. Il passe même devant la classe que la musicienne s’affairait à éduquer les mômes. Cette salle inoccupée qui fait écho avec ce qu’il ressentait. Atrocement vide.

Arme à sa hanche, sac sur les épaules. Il farfouille sa mémoire pour s’assurer qu’il a assez pour parcourir la ville quelques jours. Il espère silencieusement ne pas avoir à errer plus de trois jours, mais il le fera aussi longtemps qu’il le doit.
On tape sur son épaule. Un soupire lui échappe, mais le compère persiste avec force. Oliver s’apprête à le sonder, mais le moment de tourner ses iris ténébreux croise un mirage. Il fige une fraction de seconde. Le sac glisse le long de son épaule jusqu’à être abandonné au sol enneigé. Il laisse en plan tout ce qui s’active autour de lui -notamment l’individu qui avait capté son attention et qui lève les bras au ciel en secouant la tête-.

— Mya!

Son rythme s’accélère jusqu’à imiter un jogging. Il serre dans ses bras la revenante tel qu’il a fait avec Eva. La légèreté l’envahit, chasse le poids étouffant qui l’incombait. Mais il tombe sur ses genoux qui ne manqueront pas de se marquer d’hématomes. Il entraîne sa jeune sœur avec lui dans sa demi-chute.

— Mya… répète-t-il dans un souffle quasi inaudible.

Elle avait parcouru le chemin du retour en compagnie de Nolan, mais aux abord du Refuge, Mya avait ralenti. Elle avait signalé à l'explorateur qu’avec sa main brisée, il ferait mieux d’aller directement à l’infirmerie et qu’elle allait signaler leur retour si jamais quelqu’un avait remarqué leur absence. La marche était lente, elle était épuisée. Apeurée et épuisée. À un point où les coupures visibles sur son corps - ou du moins, les bandages que Baja lui avait mis - ne lui faisait plus mal. Elle ne se doutait pas que la douleur serait ravivée dès le lendemain matin, mais pour le moment, elle était tranquille de ce côté. Non ce qui l’appeurait alors qu’elle approchait du Refuge, c’était la réaction d’Eva à son départ. Parce qu’elle avait eu besoin de respirer, elle avait été insouciante et sa soeur allait sans aucun doute le lui reprocher. Et Mya avait beau aimer Eva de tout son coeur, elle n’avait pas envie de subir une autre crise de colère. Elle se demandait aussi si Oliver était revenu de la Colline. Elle regrettait de l’avoir laissé partir seul, mais elle savait que c’était mieux pour lui. Pour Sam aussi. Ou du moins, c’est ce qu’elle avait cru quand elle en avait discuté avec son aîné. Maintenant qu’elle avait des informations supplémentaires, une version totalement différente, elle ne savait plus quoi en penser. Oliver allait devoir s’expliquer quand elle allait le revoir. Elle leva les yeux au ciel. Oui, quand elle allait le revoir. Car elle allait le revoir. C’était obligé.

La porte principale s’ouvre. Elle soupire de soulagement. Ils sont rentrés. Ils sont rentrés et ont réussi à ne pas aggraver les cas sur la route. Mya lève de nouveau les yeux au ciel, regardant les étoiles et espérant que Baja et Locke puissent en faire autant. Ils étaient vraiment de bonnes personnes, dans d’autres circonstances, elle aurait aimé apprendre à les connaître. La route de la musicienne se sépare alors de celle de Nolan, alors que celui-ci file vers l’infirmerie.
Elle salue quelques personnes en prenant la direction des aires de vies communes, espérant pouvoir rectifier la situation de leur absence. Quelques personnes qui la prennent pour Eva, semblent surprises que ses blessures ne soient pas les mêmes. Mya sent son coeur manquer un battement. Eva est blessée ? Est-ce grave ? Est-ce qu’elle va bien ? Où est-elle ?  

Pivotant pour changer de direction, les plans n’étant plus les mêmes à cet instant, elle devait aller voir Eva, Mya se sent vaciller. Mouvement trop rapide. Elle n’a pas assez manger, pas assez bu d’eau dans les derniers jours. Ils sont fait comme ils pouvaient, mais elle se sent faible. Elle s’appuie au mur un instant, le temps que tout se replace suite à ce mouvement trop brusque et elle reprend sa route.

C’est alors qu’elle croise sa route. Arme à la hanche. Sac sur les épaules. Il quitte de nouveau ? Déjà ? Pour où ? Mya déglutit avec difficulté, elle vient à peine de revenir, elle ne veut pas le voir quitter de nouveau. Elle a besoin de lui. Et comme elle l’avait fait quelques mois plus tôt, quand ils s’étaient retrouvés dans ce refuge sans savoir que l’autre était vivant, Mya se fige. Dévisage celui qui doit visiblement se sentir comme un fantôme face à l’expression décontenancée de la benjamine. Il prononce son nom.  Un sourire étire les lippes.

Oliver.

Un souffle, un murmure. Une reconnaissance face à ce monde qui lui donne la chance de retrouver - une fois de plus - ce frère adoré. Il la prend dans ses bras et elle lui rend son étreinte - non pas sans laisser échapper un gémissement étouffé alors qu’ils tombent tous deux. Oliver à genoux, Mya assise. Les coupures à son épaule et son bras protestent, elle avait été naïve de croire que l'épuisement aurait fait taire la douleur jusqu’au lendemain. Et contrairement à son habitude, Mya sent que c’est son frère qui a besoin d’elle, plus qu’elle n’a besoin de lui.

Je suis là ! murmure-t’elle en tentant de le rassurer. Je suis là, tout va bien.

Elle le serre un peu plus fort contre elle, soulagée de voir qu’il est là. Qu’il est rentré. Sam attendra, pour le moment, elle veut profiter de la présence de son frère et surtout, tenter de calmer cette souffrance qu’elle a l’impression voir s’échapper de lui.

Une impression de déjà-vu -mais qui s’est bel et bien passé-. Comme si les deux membres de la fratrie étaient prédestinés à fondre dans les bras l’un de l’autre. Son palpitant avait manqué un battement lorsque ses iris sombres croisent cette silhouette et dont ses lèvres prononcent le prénom. Maintenant, cet organe battant s’affole -heureux et soulagé de retrouver cette dernière-. Au final, il n’a pas eu à mettre le pied à l’extérieur pour l’étreinte comme si sa vie en dépendait. L’aînée des jumelles en sera apaisée également. Mya est là. Vivante.
Le militaire peine à récupérer son souffle. C’est seulement lorsque sa plus jeune sœur lui assure que tout va que ses poumons se remémorent leurs fonctions primaires. Une pause lui est obligatoire pour se ressaisir. Ses inspirations se font profondes tandis que ses forces reviennent petit à petit.
À force, il aura en permanence des ecchymoses à ses genoux. Ces pauvres articulations qui prennent chers ces derniers jours à soutenir son poids.

Oliver peine à remonter son regard. À lever la tête et affronter les pralines de Mya. Seulement, le fait de l’avoir dans ses bras lui procure la force de le faire. Il rationalise. Il a ses deux sœurs. Vivantes. Et maintenant à l’abri dans ce stade aux installations robustes.
Si cet aspect lui insuffle un soulagement, son esprit n’arrête pas pour autant le tourment. Il y a toujours une personne que sa tête recherche sans cesse la présence, par contre, il s’est promis de recalculer les priorités. De se focaliser sur ce qu’il pouvait avoir le contrôle -autant que son cœur lui hurle qu’il a tort-. Tort de tenter de faire taire ce besoin d’avoir son meilleur ami à ses côtés. Tort d’oser tenter y mettre la croix sur ce nom dont il a un besoin viscéral de l’avoir encore dans sa vie.
Son sourire s’estompe. Ses doigts se glissent à travers les mèches brunes de la dernière Blackwood.

— Tu n’as rien? Où étais-tu passée? Eva ne savait même pas que tu étais partie.

Son ton n’accentuait aucun reproche. C’était que de l’information que le militaire souhaitait acquérir. Chasser l’inquiétude et ainsi rassurer également l’aînée des jumelles en temps et lieu. Peut-être était-il égoïste de ne pas dans l’instant T rejoindre Eva pour qu’elle cesse de se faire un sang d’encre, mais Oliver désirait prendre le temps avec Mya. Non seulement pour confirmer que rien de grave ne lui était arrivé, mais aussi qu’il ne pouvait lui cacher ce qui a parsemé son périple de son retour de la Colline. Le blizzard, celle qui lui fait face en avait déjà conscience -et en avait fait l’expérience-, mais les personnes qu’il a croisées.
Pourtant, il passe sous silence ce dernier fait.

Il se redresse sur ses jambes, aide la sœur à en faire de même avant de l’inviter à se rassasier et s’hydrater avec les préparations qu’il avait dans son sac à dos. Pendant qu’elle comble les besoins de vie, il l’emmène dans un espace reculé, s’éloigner des passants.

— Pourquoi tu as quitté le stade?

Ça l’inquiétait réellement. Mya ne sortait pas sans raison et il devait y avoir un élément déclencheur qui l’a poussé à déserter l’enceinte de ses murs, sans compagnie -du moins, c’est ce qu’il en a déduit après avoir questionné quelques personnes-.

— Tu aurais dû attendre que je revienne…

Il n’était pas systématiquement fermé à l’idée que ses sœurs s’aventurent à l’extérieur. Il souhaitait juste qu’elles le fassent de manière sécuritaire -et c’était un bonus si sa propre personne pouvait être dans les parages-.
Ses yeux azurés croisent les siennes, les sourcils tombants. Il s’en veut en quelques sortes d’avoir traversé Malden pour se rendre à la Colline. Pendant son absence, autant Eva que Mya avaient pris des risques considérables et il avait brillé par sa non-présence. Tandis que s’il avait été là, il aurait pu veiller sur elles.

Et s’inquiéter pour les jumelles détournait à merveille son cerveau.
L’empêchant ainsi à se soucier de lui-même.

De simples mots, mais qu’elle sait rassurant. Tout autant que ne le sont les bras de son frère après son absence. Après la peur des derniers jours. Et ainsi blottie contre Oliver, Mya a une pensée pour Baja et Locke. Elle espère qu’ils ont réussi à rentrer dans leur camp comme elle et Nolan ont pu le faire. Elle se demande si eux aussi, avaient des êtres chers qui les attendaient au retour.  Des gens dont la simple présence suffisait à effacer tous les maux. Elle ne veut pas se séparer de l’étreinte d’Oliver. Son poignet est douloureux, elle devrait sans doute aller voir Hanaë pour vérifier le plâtre, espérant que l’eau de s’y est pas infiltrée. Son épaule est douloureuse également, Mya à l’impression que le mouvement pour prendre Oliver dans ses bras, que la force qu’elle a mis dans cette étreinte, à rouvert l’une des plaie causée par les éclats de verre. Mais elle s’en moque. Il est là, il est de retour. Et comme la première journée où elle avait mis les pieds au refuge, Mya se sent de nouveau soulagée de retrouver sa fratrie. Elle se sent en sécurité en présence d’Oliver.

Il se détache lentement et Mya hurle intérieurement. Elle veut rester dans ses bras, ou dans ceux d’Eva, et tout oublier des derniers jours (si ce n’est l’existence de ces deux nouveaux amis, eux, elle souhaite les garder en mémoire). Elle veut retourner dans le temps, à San Francisco, et tout oublier de ce désastre. Mais Oliver se détache lentement d’elle, la ramenant à la réalité. Elle soutient le regard azur de son frère et laisse échapper une larme quand il pose la main dans ses cheveux à elle. Elle voit le sourire de son frère s’effacer et le sien fait alors de même. Que ce passe-t’il ?

Je n’ai rien, promis !

Mensonge ! Le bandage à son bras commence déjà à prendre une couleur rosée alors que la plaie saigne à nouveau. Un problème pour plus tard. Mais elle s’en moque, une petite coupure et quelques égratignures ne sont pas suffisantes pour dire qu’elle ne va pas. Elle n’a rien, elle va bien. Ce n'est pas complètement un mensonge, non ? Elle soupire et détourne les yeux à la mention d’Eva. Elle déteste se disputer avec sa soeur, mais cette fois, ça avait été trop. Elle avait eu besoin de s’éloigner, ça faisait longtemps qu’elle n’avait pas eu ce sentiment. Elle accepte l’aide d’Oliver pour se relever et ses yeux brillent à la vue de la groupe remplie d’eau que lui tend son frère. Elle prend une gorgée, puis une autre. Voilà quelques jours maintenant qu’elle ne ressentait plus vraiment la soif, mais elle était en manque d’eau, c’était indéniable. Elle prit également quelques bouchées de la nourriture que lui offrait son frère. Et ce faisant, elle évitait son regard à tout prix.

Attendre ? À ces mots Mya soupire.

Je ne savais pas quand tu allais rentrer et… j’avais besoin d'air Oli. Je ne pensais pas m’éloigner autant, c’était un accident.

Et c’était sincère. Une pensée traverse son esprit pour Eva qui lui aurait sans doute répliqué qu’elle était une grande fille, qu’elle n’avait pas besoin d’être surveillée ou chaperonnée en tout temps. Mais Mya n’était pas ainsi, elle comprenait et acceptait les craintes de son frère. Mais elle n’avait pas non plus envie de s’attarder sur les raisons de son départ.

Je suis là maintenant, ça n’a plus d’importance. Ça ne se reproduira pas.

Elle tente de le rassurer, il n’est pas responsable des décisions que prennent les jumelles. Ce n’est pas sa faute à lui. Mais si elle peut le rassurer, elle le fera. à tout prix. Et un air de regret sur son visage, elle tente de détourner le sujet.

Et toi ? Tu n’as rien ? Tu as réussi à revenir avant le blizzard ?