Kay Mariani | Sound like a wave inside a storm

Une mère bien trop occupée par sa carrière d’avocate, un père bien trop occupé par son autre fille, une enfant isolée qui apprit vite le concept d’autonomie. Sa mère pensait que c’était une bonne idée de faire un enfant à son mari, histoire de le détourner totalement de son ancienne famille. Et bien… quelle connerie ! Heureusement, la famille du côté de sa mère prenait soin de Kay et apportait le nécessaire vital à une éducation de base. Certes l’éducation à l’irlandaise comportait souvent de l’alcool, mais étonnamment, ils dispensèrent la gamine de cette culture. Comme quoi, même les Irlandais ont leur limite. Kay ne garde aucun mauvais souvenir de cette période, tout était régulé et normal. L’école, rentrer chez sa tante, manger, rentrer chez elle, apercevoir son père ou sa mère – les deux quand un miracle se produisait, un train-train comme un autre.

Be wild
L’arrivée de l’adolescence ne se fait pas sans éruption d’acné, mais surtout d’hormones- (en réalité l’acné ne s’est jamais vraiment déclarée et personne ne s’en plaindra. Comme tout enfant normalement constitué, elle cherche à découvrir de nouvelles choses, tester les limites : les siennes et celles des autres. Si jusqu’à maintenant, Kay avait été une enfant lambda, elle se révèle vite être très créative pour tout autre type d'activités que l'école. La première fois que ses parents découvrirent que leur fille n’était pas sagement assise à la table familiale à faire ses devoirs, ce fut lors de sa première grosse chute. La jeune fille avait décidé qu’après avoir exploré de fond en comble le plan horizontal de La Nouvelle-Orléans, il était temps de tenter le plan vertical. Elle se révéla suffisamment agile et obstinée, surtout obstinée, pour grimper des bâtiments de plusieurs étages. Une poutre bien trop vieille et bien trop mal entretenue décida que non, elle ne se laisserait pas monter dessus sans rien faire. Non seulement Kay se cassa un bras, mais les dégâts matériels sur ce bâtiment du patrimoine firent grand bruit. Difficile de cacher un bras cassé, un séjour aux urgences et un propriétaire qui crie comme un poissonnier à ses parents… Ce fut l’élément déclencheur pour son père. Déjà qu’il voyait sa seconde fille comme une pièce de rechange inadaptée, faute d'être un génie et d’avoir des dons dans ce qu’elle entreprenait, faute d’être parfaite comme « Raffie princesse de son cœur ». Pensant qu’un redressement plus physique s’imposait pour faire changer Kay, son père commença à distribuer les coups. L’adolescente voyait cela comme un autre type de punition, mais ne remettait pas en question la logique de ce type de comportement. De plus, ça ne l’empêcha pas de continuer à vaquer à ses occupations extrascolaires, poussant toujours la découverte plus loin. Même à 14 ans quand on vit dans une ville comme La Nouvelle-Orléans et qu’on ne profite pas de tout ce qu’elle offre, c’est du gâchis… Non ? C’était tout du moins la perspective de Kay.

Le peu de famille du côté irlandais avait dû déménager dans l’état de New York pour s’occuper d’un parent malade et le peu de structure familiale qu’elle avait disparu en même temps. Il fallait donc s’occuper et comme l’école n’était  pas franchement pas une activité plaisante… Kay continua l’escalade, mais découvrit aussi la motocross, les drogues légères, l’alcool, les bagarres et tous les moyens bons pour s’amuser qui étaient disponibles. Hélas, son père absent, mais quasi omnipotent découvrait toujours qu’elle avait séché les cours ou était avec des personnes peu fréquentables – à son sens. Les punitions s’enchainaient, les bleus se multipliaient, mais Kay ne comprenait pas l'intention derrière. Peu affectée par cette tentative d’éducation brutale, elle continuait son chemin, ne voyant pas où étaient les torts. C’est probablement pour cela que sa mère ne fut pas alertée outre mesure. Ou simplement, elle s’en foutait. Elle avait souvent l’impression que cette famille de trois personnes n’était que des étrangers les uns pour les autres. C’était même à se demander à quel moment ses parents avaient trouvé l’envie de se reproduire…
De l’autre côté, son père avait un lien avec sa première fille qui était à l’exact opposé. Le peu de fois où Kay avait assisté à leurs échanges, elle était perplexe devant leurs interactions. Quant à elle, ses liens avec Raffaela étaient au maximum, cordiaux. Aucune jalousie n’entachait la perception de Kay vis-à-vis de sa demi-sœur. Elle considérait comme une princesse bien trop sûre d’elle et parfois elle avait envie de la faire redescendre sur Terre. Au-delà de ça, elle la percevait de la même manière que chacun était considéré dans sa famille de 3 : avec détachement.


Wait… what?
À ses 16 ans, cette demi-sœur réussit à la surprendre. Raf’ était venue chez eux pour une raison inconnue et avait croisé Kay… Kay et ses bleus de l’avant-veille. Si à l’école, on passait ses hématomes sur ses bagarres, ce ne fut pas le cas de sa demi-sœur. Encore une fois, elle était perplexe sur l’échange qui se déroulait entre eux et encore une fois, elle ne comprenait pas où était le problème. Telle une plante verte face à un orage, elle ne bougeait pas jusqu’à ce que Raf’ lui dise d’aller faire ses bagages. Sur le coup, elle obéit à la directive faute de réellement comprendre de quoi il retournait. Et sans réaliser du changement qui bousculait sa vie à ce moment, Kay se retrouva à loger chez Raf’ avec son fils.

Elle aurait aimé dire qu’elle se sentait mieux dans ce nouveau foyer, mais ce ne fut pas le cas. Toutefois, la liberté était meilleure. Kay pouvait quasiment faire ce qu’elle voulait du moment que ça n’impactait ni sa santé ni la vie à la maison. Après tout, celle-ci était rarement présente et la confiance qu’elle témoignait à la nouvelle arrivante était surprenante. Ben oui, brûler une maison, ça peut arriver vite ! Il fallut presque un an à Raf’ pour faire comprendre à sa petite sœur que la vie était régie par des règles explicites, mais aussi implicites. Curieuse de nature, l’adolescente fut de plus en plus en confiance pour lui poser des questions lorsqu’elle hésitait sur une ligne de conduite à adopter. Concernant son neveu, elle s’en occupait par moment parce qu’e c'était  ce qu’il fallait faire. Il était sympathique, ils avaient peu de différence d’âge, mais bordel, quand est-ce qu’il arrêtait de poser des questions ?!


« Honor, Courage, Commitment »… mouais
À la fin du lycée, Kay ne savait pas trop quoi faire. Sa demi-sœur l’encourageait à poursuivre des études alors qu’elle, elle ne souhaitait que continuer d’explorer le monde et ses limites. Peut-être afin de mieux les comprendre. Au détour d’une discussion un soir, l’armée fut envisagée. Et pourquoi pas ? La semaine qui suivait, elle allait s’inscrire pour rentrer dans la Navy. Elle avait un cadre institutionnel, des règles claires à suivre et elle verrait du paysage – un peu trop aquatique par moment.
Les classes se passent bien. Kay n’a aucun problème avec l’entrainement ni l’apprentissage. C’est juste un peu ennuyant. Heureusement, cela passe vite et elle se trouve affectée à un bâtiment dans le Pacifique 6 mois après son inscription. Elle mettra peu de temps à s’acclimater à la vie en mer et encore moins à trouver des activités pour s’occuper. Raf’ n’étant pas là pour cadrer, Kay se dit que la contrebande ne fait de mal à personne et peut faire du bien à d’autres… Pourquoi s’en priver ? Avec deux autres marins, ils montent une opération qui prend de l’importance au fil des allers-retours Asie-Amérique. Si au départ, ce n’était rien d’autre que des contrefaçons, ses collègues commencent à avoir d’autres ambitions. L'avarice, un autre concept qu'elle ne comprenait pas, mais le danger, si. Le trafic de drogue naissant lui donna matière à se distraire. Il fallait toujours faire preuve de plus d'ingéniosité pour faire transiter la marchandise.

Other Than Honorable Discharge
Alors que Kay passe lieutenant, elle ne fait pas 1 mois avant que la Navy découvre le trafic réalisé par ses marins. Voulant taire l’affaire aux yeux du public pour des raisons évidentes, ils préfèrent libérer les accusés sans poursuite. Estimant éviter de nombreuses leçons de morale, la jeune femme ne partage pas son renvoi avec Raf’ et préfère s’installer à San Diego le temps de trouver quelque chose. Suivant les pas de son collègue de la Navy, elle rejoint une société militaire privée pour faire majoritairement du consulting pour de grandes entreprises et transport sécurisé, autant sur le territoire américain qu’à l’étranger. Ca lui plait beaucoup plus que la Navy. Plus d’actions, plus de paysage, moins d’ennuis, moins de règles implicites, plus de liberté.

Nothing honorable anymore
Son groupe de la SMP qui avait réussi à survivre depuis le Mexique arriva enfin à La Nouvelle-Orléans. Kay avait été intraitable sur ce passage obligé. Quitte à rejoindre les Etats-Unis, autant passer par la Louisiane. Il était nécessaire de vérifier si Raffaela et son fils étaient toujours dans le coin. Les probabilités que sa demi-sœur ait eu ne serait-ce qu’une once d’instinct de survie était faible, mais elle devait en avoir le cœur net. Bien sûr qu’elle trouva le logement vide… Connaissant sa demi-sœur, elle était sûrement morte après avoir trébuché dans une flaque d’eau.

Ça faisait plus d'un mois que la pluie avait commencé ses ravages et certains avaient déjà compris que pour survivre dans ce monde, on devait faire ce qui était nécessaire. Sauf que la notion de survie est vraiment relative selon les personnes. En Louisiane, son groupe en rencontra un autre. Manifestement, ce dernier était déjà engagé dans la vente de certains services humains bien avant la pluie. Gregory, le chef du groupe de Kay, se dit que c’était peut-être une bonne idée… Après tout, pourquoi s’épuiser à chercher des ressources lorsque celles-ci pouvaient venir à vous ? La logique était bonne.  Le groupe originaire de Louisiane fut exterminé et le commerce reprit. Après trois mois d’activité, des demandes étranges leur parvenaient. Certains cherchaient à acheter des personnes et non plus leurs services. Kay se retrouvait non plus à assurer la sécurité, mais à aller chasser. Sans qu’elle ne comprenne vraiment pourquoi, la demande augmenta. Bien sûr, elle entendit des rumeurs sur des expériences scientifiques, mais pour elle, ce n’était pas que ça. La jeune femme n’était pas stupide au point de croire que ces hommes et femmes n'étaient destinés qu’à servir à la recherche. Certains clients étaient là pour obtenir des esclaves, ni plus ni moins. Ce n’était pas son problème, elle était juste curieuse de savoir quel était le pragmatisme derrière cette « adoption » parce qu’une bouche à nourrir en plus, ce n’était pas rien.
C’est dans cette période qu’elle rencontra Ayden. Ce gamin, agaçant, mais utile. Il connaissait tous les groupes du coin, savait où était logée telle ou telle famille. À croire qu’il était un annuaire ambulant post-apocalyptique. Au début, il était très réticent à se joindre à leur affaire… Puis un sein en entrainant un autre, il était aussi malléable qu’un homme ne réfléchissant pas avec le bon organe, il finit par rejoindre leur groupe. Heureusement que ce gamin était utile, plus d’une fois, elle pensa qu’il ne verrait pas le soleil se lever le jour suivant. Et ce fut plus ou moins le cas. Un jour, il disparut tout simplement.

Up North
Peu de temps après – étrangement, leur groupe fut victime d’une attaque bien organisée, les obligeant à se disperser. Ne faisant pas le lien avec Ayden, la jeune femme se dit que c’était le moment d’aller voir ailleurs. La vie était simple à La Nouvelle-Orléans, mais devenait réellement ennuyante : tout était trop bien huilé. Se fichant bien de ce qui était arrivé aux autres, elle se dirigea vers le nord en compagnie d’un de ses coéquipiers.
Les deux voyageurs rencontrèrent une troisième connaissance sur le chemin : Ayden. Pire qu’un morpion, à croire qu’il était destiné à se coller à eux. Toutefois, seuls Ayden et Kay arrivèrent dans le Massachusetts. Dommage parce que c’était justement ce troisième qui les avait incités à prendre la direction de Malden pour retrouver de la famille. Allez savoir ce qui est arrivé…
Les premiers signes de vie sur lesquels ils tombent sont aux abords d’un aéroport. Une patrouille les surprend et au terme d’un interrogatoire qui ne fait pas sens pour eux, ils réussissent à négocier une nuit en sécurité contre leur chasse de la veille.
Et le hasard fait que sa demi-sœur se prélasse tranquillement dans ce camp depuis le début de la pluie… Kay est rarement étonnée, mais les yeux ronds qu’elle fit à la vue de Raf’ - entière et sur ses talons - lui donnent encore des courbatures aux paupières aujourd’hui. C’était juste improbable. Comment elle, elle avait pu survivre ?
Finalement la jeune femme restera à la Tanière mettant ses talents à contribution pour aller piller les environs. Son passé de militaire et la garantie offerte par sa demi-sœur suffiront à la faire intégrer. Kay retrouva quelques repères et quelques réflexes sociaux dus à la présence de Raf’, mais ils ne feront pas long feu. À peine un mois et demi après son arrivée, sa demi-sœur part on ne sait où pour des raisons floues…