Event n°1 - Groupe 7

Je ne veux pas qu’on me touche et que surtout qu’elle me touche. Je ne veux pas et je préfère encore crever ici. Je me lève tant bien que mal pour me traîner vers ce lieu que Jordan a découvert. Je traîne mon sac. Mais je ne suis pas bien. Je ne tremble même plus en réalité. J’avance lentement, comme je peux en réalité, mais je refuse qu’on m’aide même si je sens et j’entends Eva dans mon dos. Je suis moins vif pour m’esquiver d’elle. Je regarde les escaliers, avant de vaciller et de m’écrouler. Je les dévale à une vitesse folle mais en réalité, à part un gémissement de douleur, je n’arrive à rien. Je reste au sol, assommé. Des bruits de pas retentissent dans mon dos alors que j’entends une voix étouffée planer au dessus de moi. Je respire si mal, je le sens quand on me relève. Même si je ne parviens plus à porter le poids de mon corps. Quelle idée d’être aussi grand et aussi musclé. Je sens quelque chose de plus mou que le sol dans mon dos, lorsqu’on m’allonge. Mais je me sens si loin de mon corps. On prononce mon prénom en appuyant sur mes membres, je le sens car c’est douloureux. Ce n’est pas lié à la chute non mais plutôt au froid qui a enveloppé tout mon corps. On me manipule, on me bouge ce qui me coupe le souffle. Je sais qui me touche parce que je reconnais son odeur malgré le froid. Puis bon, j’en ai la confirmation quand on me menace de me faire la peau. Je n’arrive plus à bouger et je respire mal. Le peu de mouvement que l’on me fait faire met à rude épreuve le peu de souffle que j’ai. Je suis effrayé. Je me sens tellement loin de tout, et je sais que ce n’est pas une bonne chose. Ce n’est pas ma première hypothermie même si la première était liée à ma blessure, lors d’un bombardement. Je sens quelqu’un se blottir contre moi, et je reconnais l’odeur contre mes narines, je pourrais la reconnaître malgré milles odeurs autour de moi. Je pose mon visage contre sa peau. Ça me brûle, et pourtant, c’est peut être la seule douleur que je suis prêt à endurer. C’est quelque chose que je n’ai pas ressenti depuis si longtemps, cette petite chaleur qui brûle dans mon cœur. C’est si bon et aussi tellement douloureux à la fois. Les yeux clos, je laisse mon nez contre sa peau. Il y a là des années que cela ne s’est pas passé. Je sens quelque chose sur ma joue, une larme. Qui s’enfuit aussitôt je ne sais où. Sur sa peau, sur le matelas. Je ne sais pas. Mais au même moment je sens peu à peu que ma respiration s’arrête. Je cherche de l’air. J’ai si froid. Je ne tremble même plus.

J’aimerais pouvoir me diviser et m’occuper des deux, mais c’est loin d’être aussi facile. Alors je remercie intérieurement le hasard d’avoir lié nos chemins à quelqu’un d’autre aujourd’hui. Eva nous apporte une paire de mains supplémentaires et ce n’est pas de refus au regard de la situation. Je m’enquiers de son état et tout semble aller bien pour elle, c’est une bonne chose. J'acquiesce à mon tour à sa question pour confirmer que ça va, sans vraiment prendre la peine d’y réfléchir. Je suis gelée, mes mains et mes pieds me font mal, mais je fais abstraction. Tout le monde a froid. L’urgence, c’est Noah. Je m’attèle alors à le réchauffer du mieux que je peux, en espérant que ça suffise.

Jordan s’éloigne avec Eva. Je l’entends se défaire de ses vêtements, sûrement pour vérifier qu’elle n’est pas contaminée. L’hypothèse n’est pas rassurante mais c’est une possibilité qu’on ne peut pas écarter. Même si l’eau n’est plus aussi contaminée qu’avant, le risque est bien là. Avec toute cette neige, les chances ont été multipliées. J’attends alors le verdict d’Eva en silence, faute de pouvoir aller examiner de plus près moi aussi. Des secondes d’angoisses suspendues à ses lèvres et finalement dissipées par une conclusion rassurante. Pas de marques. C’est donc probablement un autre virus. Avec ce froid, ce ne serait pas étonnant.

Un instant je soufflais de soulagement mais le sort a décidé de ne me laisser aucun répit aujourd’hui pour me réjouir. Je remarque que le souffle chaud qui s’écrase sur mon cou depuis quelques minutes, au rythme de sa respiration, n’est plus. « Noah ? » Je viens alors porter ma main à son cou, à la recherche d’un pouls. Pouls que je n’arrive pas à trouver. Mon sang ne fait qu’un tour et je me relève aussitôt. Je le pousse sur le dos, tire les couvertures qui recouvrent son torse, et il n’y a aucun signe de respiration. Non. Pas maintenant. Il ne peut pas me faire ça maintenant. Je jure alors que je le surplombe, bras tendus et mains entrelacées, prête à commencer un massage cardiaque. Mes mains sont en feu, mais j’appuie, encore et encore, à un rythme soutenu et régulier. Je me revois soudain au bout du fil, des années auparavant, à expliquer aux gens comment faire un massage cardiaque en attendant les secours. Un rythme entre 100 et 120 battements par minute, ça ne parlait à personne. Les Bee Gees, en revanche… Staying alive. Quelle belle ironie. La dernière musique qu’on a envie d’entendre dans ces moments-là, et pourtant, celle qui donne le bon rythme. Je la vois comme une menace car il a intérêt à rester en vie.

Après une bonne trentaine de pressions, je tire sa tête en arrière, pince son nez et ouvre sa bouche pour y plaquer la mienne et insuffler de l’air. Ça ne peut pas être ça, la dernière fois que nos lèvres se touchent. Je reprends mon massage et à mesure que j’appuie, je perds peu à peu sang-froid et patience. Je grimace, peste, m’essouffle, mais je ne lâcherai pas.

Était-ce les minutes ou les secondes les plus interminables de son existence ? Jordan se demandait, les yeux fermés, sa respiration s'accélérant en suivant le rythme de son pouls. Elle était plus anxieuse que jamais. Son esprit était préoccupé non seulement par sa propre situation, mais aussi par celle de Noah. Il semblait être le plus affecté par la tempête, le froid le pénétrant profondément. Elle connaissait le danger que représentait l'hypothermie et savait qu'une réaction rapide était essentielle. La vision de Noah, habituellement fort, dans cet état la troublait profondément.

Serrant les poings, elle sentit les frissons parcourir sa peau, contrastant avec la chaleur de son corps. Elle était perdue dans ses pensées, épuisée, si bien qu'elle ne réagissait pas aux paroles d'Eva. C'est seulement lorsque la brune la toucha qu'elle sursauta légèrement, reprenant conscience de son environnement. Comme un pantin désarticulé, elle se laissa guider par Eva, qui l'aida à retrouver lentement sa respiration et à se recentrer.

“Merci” murmura t’elle

Jordan semblait hypnotisée par le visage devant elle, une sensation de déjà-vu l'envahissait. Elle scrutait chaque détail de ce visage, le reconnaissant presque instantanément. Puis, lorsque le mot "jumelle" résonna à ses oreilles, les pièces du puzzle commencèrent à se remettre en place dans son esprit. Trois lettres, un nom presque identique, et ce visage qu'elle avait vu sur la photo gardée par Olivia. "Mya est ta..." commença-t-elle à dire, mais ses mots furent interrompus par l'action précipitée d'Aurora qui se lançait dans un massage cardiaque pour Noah. Un serrement douloureux comprima le cœur de Jordan. Non, il ne pouvait pas lui faire ça, pas maintenant, pas après qu'elle avait eu la confirmation qu'elle n'était pas infectée, mais simplement malade.

Oui, elle se précipita vers eux en sous-vêtements. C'était risqué, cela augmentait ses chances de subir une hypothermie également. Mais sur le moment, ce n'était pas ce qui la préoccupait. Tout son souci était pour Noah. Elle savait qu'elle n'aurait pas la force nécessaire pour pratiquer un massage cardiaque, elle se sentait même incapable de se tenir debout correctement. Ses forces s'amenuisaient de plus en plus. Elle prit la main de Noah dans la sienne et la serra fermement. À cet instant, elle se rendit compte qu'Eva était la seule à pouvoir prendre le relais dans cette situation.

“T’as pas intérêt…”

Elle refusait de craquer, surtout pas devant Aurora. Elle se sentait obligée de rester forte, mais ses défenses émotionnelles cédaient inexorablement. Des larmes silencieuses roulaient sur ses joues, trahissant sa détresse intérieure. Jordan n'était pas habituée à laisser ses émotions prendre le dessus. En règle générale, elle se montrait forte pour ceux qui l'entouraient, même dans les moments les plus difficiles. Mais là, elle ne parvenait tout simplement pas à retenir ses larmes.

"Noah..." gémit-elle.

Son corps tremblait, secoué par des frissons qui parcouraient chaque centimètre de sa peau. Elle se sentait gelée, transie de froid, mais malgré tout, elle refusait de rompre le contact avec lui. Elle ne voulait pas l'abandonner.

Je ne sais pas pourquoi Jordan semble m'observer comme si j'étais une oeuvre d'art dans un putain de musée, mais ça ne m'aide pas du tout à me détendre. Elle semble plus calme, au moins, et je ne peux que lui offrir un sourire quand elle ose me remercier. La suite déboule trop vite pour que je capte vraiment ce qu'elle est en train de me dire, pourtant - et si j'ai l'impression qu'elle mentionne le nom de ma petite soeur, je n'ai pas le temps de me pencher sur le sujet. Jordan se précipite vers le couple tandis que je me retourne en même temps qu'elle. La scène est acide. La pièce semble devenir encore plus froide, à l'instant, tandis que mes billes fixent les mouvements secs et réguliers d'Aurora qui tente de ramener Noah à la vie. Mes traits deviennent sombres et se figent, pendant de longues secondes. Je suis réveillée seulement par les gémissements déchirants de la blonde.

Ce n'est qu'à ce moment que je m'avance finalement, retirant littéralement Aurora de sa position pour la regarder droit dans les yeux. Elle résiste, évidemment, mais ma prise est ferme sur ses épaules frêles. « À mon tour. » que j'affirme en pesant mes mots, ne lui laissant pas le choix de céder sa place. « Force la à remettre ses vêtements, je t'en prie. » que j'ajoute ensuite, d'un ton ferme, alors que je viens appuyer sur la poitrine de leur copain à mon tour. Je ne sais même pas ce qui motive mes gestes, mais je sais que je ne souhaite pas un tel drame au duo qui m'accompagne. Loin de là.

J'observe Noah, cherchant désespérément un signe pour m'indiquer que mes efforts ne sont pas complètement inutiles. Est-ce vraiment l'hypothermie qui est en train de le tuer? Peut-être est-ce sa chute, après tout - non, pire encore, sa propre stupidité. Je n'en sais foutrement rien. Mais il ne mérite quand même pas de crever dans de telles circonstances, dans le sous-sol humide d'une église bafouée et poussiéreuse. « Allez, Noah, allez. » que je souffle entre deux compressions, sentant quelques côtes se briser sous le poids de mes mains pourtant si petites.

Je suis contre Aurora et mon visage est contre elle. Je sens sa peau contre la mienne et ça brûle. Sa chaleur comparé à la mienne brûle ma peau, mais surtout parce que c’est une chose dont j’ai besoin. Mais mon corps n’arrive plus à lutter. Mon esprit flanche lui aussi. Je suis épuisé, je savais qu’un jour cela me jouerait des tours. Je ne tiens plus vraiment, je perds le combat et je ferme les yeux. Je sais que je ne devrais pas, parce qu’il ne faut jamais s’endormir quand on sent que l’on ne se réveillera pas, mais je n’arrive plus à lutter contre le sommeil qui veut m’envelopper. Ma respiration s’arrête et mon cœur ne tarde pas à suivre. Ce que je pouvais entendre jusqu’à présent s’éloigne peu à peu pour me laisser dans les ténèbres. Je ne sais pas combien de temps je reste là. Quand je reprends connaissance, je suis allongé au sol, et il fait si bon, comme une douce journée d’été. Je me redresse lentement et ce que j’observe autour de moi m’est inconnu. Enfin c’est ce que je crois avant d’apercevoir le salon où je vivais autrefois avec ma mère. Et elle est assise là, sur le canapé, avec un immense sourire. Je la rejoins doucement et je m’installe à ses côtés. J’entends par moment des bruits que ne sont pas ambiants, des bruits qui me semblent si lointains. Mais je ne fais pas attention. Ma mère me parle, elle me parle de chose que je n’aurais jamais cru pouvoir entendre de sa bouche. Elle me manque, et je le lui dis. Même si quelque chose me semble bizarre. Et on en vient à parler de Jordan, et de Aurora. Et c’est là que je comprends, que tout ceci n’est qu’un moyen pour moi de trouver un ancrage à la réalité. Si je venais à ne plus penser aux deux jeunes femmes cela signifierait que je partirai définitivement et je ne sais pas si j’en ai envie.

Je te déteste. Revenir dans ma vie pour ça, vraiment ? C’est comme si au final, je ne peux pas y échapper, quoi que je fasse. Je suis partie pour ne pas avoir à vivre ça, mais c’est ce qui est quand même en train d’arriver. Et je te déteste pour ça Noah. Je ne veux pas te laisser gagner. Même s’il faut que je m’acharne pendant une heure, ça coûtera ce que ça coûte mais je ne suis pas décidée à laisser tomber. Parce que t’as pas le droit de me faire ça.

Eva arrive finalement à mes côtés, proposant de prendre ma place, mais je l’écoute à peine. Il lui faut me pousser pour que je lâche prise. Elle prend le relais, me laissant cette place que je ne veux pas, celle du spectateur. Celui qui regarde c’est celui qui est impuissant. Elle attire mon attention sur Jordan, qui n’a pas remis ses vêtements. Je ne peux pas la blâmer, à sa place ça aurait aussi été le cadet de mes soucis. Mais je ne peux pas les perdre tous les deux, alors je ne lui laisse pas le choix. J’attrape ses vêtements qui jonchent le sol et les lui lance avant de la tirer par les épaules pour la forcer à me regarder. « Tu l'aideras pas si tu crèves de froid, et j’ai pas l’intention de perdre qui que ce soit aujourd’hui, alors rhabille-toi. » Je me montre autoritaire et pressante car chaque seconde se joue à cet instant. Je m’accroche au peu de sang-froid qu’il me reste pour garder un esprit clair mais je sens que d’une seconde à l’autre, tout va partir en fumée.

Je reporte mon attention sur Eva, qui continue le massage, et lui qui ne bouge pas d’un cil. C’est comme s’il luttait de l’autre côté pour ne pas revenir. Ma vue se brouille au travers des larmes qui me montent aux yeux, mais que je retiens. Je recule, m’éloigne, sans lâcher cette scène du regard. Chaque seconde de plus qui passe est une pierre ajoutée à mon pessimisme. Il est comme une barque qui coule, et on a beau tenter d’écoper l’eau, il ne peut pas s’empêcher de descendre vers le fond. Je me revois lui dire à quel point sa mort a pu hanter mes rêves et cette fois, il a décidé d’en faire une réalité. Une réalité à laquelle je ne peux pas échapper, et à laquelle il me faut assister. Finalement, tu l’auras eu ta revanche. Tu voulais me faire souffrir ? Alors regarde et délecte-toi.

Jordan se sentait totalement désemparée, perdue dans un tourbillon d'émotions tumultueuses. Ses sens semblaient engourdis, laissant une vacuité pesante s'installer en elle. Son attention était entièrement captivée par la main inerte et glacée de Noah, qu'elle tenait fermement. Elle aurait menti si elle avait prétendu ne pas être consumée par l'angoisse, priant silencieusement de toutes ses forces pour un miracle divin, même si la foi ne résidait pas habituellement en elle. Dans cet instant critique, elle se raccrochait à l'espoir, cherchant une réponse dans le lieu sacré où ils se trouvaient. Peut-être, se disait-elle, dans cette église, aurait-elle plus de chance que sa supplique soit entendue ?

Les vêtements de la blonde tombèrent à côté de son corps, laissant échapper un souffle frissonnant qui lui parcourut l'échine. Des mains se posèrent sur ses épaules, la poussant légèrement en arrière. Bien qu'elle ait initialement essayé de résister, sa faiblesse due aux symptômes de la grippe l'empêchait de lutter efficacement. Son regard se tourna vers Aurora, plongeant brièvement dans les yeux de cette dernière. En cet instant, Jordan se sentit submergée par la honte. Honteuse de son incapacité à maîtriser ses émotions, honteuse que son amie, l'être aimé de Noah, fasse preuve de plus de courage qu'elle-même.

Jordan écouta attentivement les paroles d'Aurora, lui demandant de se rhabiller. Dans sa hâte d'être auprès de Noah, elle n'avait même pas pris le temps de se couvrir correctement. Elle réalisa alors que rester ainsi exposée au froid était imprudent. Même si la température était plus clémente à l'intérieur qu'à l'extérieur, elle risquait d'aggraver ses symptômes, voire de tomber en hypothermie. Pincant les lèvres, elle acquiesça d'un signe de tête, incapable de prononcer le moindre mot dans cet instant. Elle enfila rapidement ses vêtements, tout en observant Eva pratiquer le massage cardiaque sur Noah, ce spectacle lui donnant des nausées.

La blonde se positionna à côté du visage de Noah et dans un élan de peine et de colère lâcha :

“Je te jure que si tu crèves, l’enfer à côté ça sera rien comparé à ce que je te ferai subir quand je te rejoindrai. Maintenant, arrête de faire la drama queen et réveille toi.”

Jordan essuya ses larmes avec son avant-bras et prit la main glacée d'Aurora. Elle réalisa soudain que c'était à elle d'être le soutien, et non l'inverse. Elle devait se ressaisir, car c'était la brune qui avait le plus besoin de réconfort en cet instant difficile.

Je suis bien ici. Je n’ai pas froid, je n’ai même pas chaud. Je sais juste que je me sens bien. Et ma mère est là, je ne l’ai pas vu depuis tellement longtemps. Au début elle me paraissait floue mais son image devient de plus en plus nette. Je tiens sa main, c’est comme si je la sentais réellement. Je sens une chaleur si agréable qui entoure mes doigts. On parle de Aurora, de Ethan et de Jordan. Mais aussi de cette adolescente, ou plutôt jeune adulte, qui est ma fille. Mais aussi de ma demi soeur. Je sais que c’est mon inconscient qui mène la danse, que c’est lui qui les appellent à mon souvenir. Je suis terrifié. J’entends cette voix qui murmure mon prénom, enfin, disons plutôt que la voix est si lointaine. Je ne parviens pas à reconnaître cette voix. Elle ne m’est pas familière. Et des menaces, je reconnais cette voix c’est Jordan. Je serre la main de ma mère car je ressens cette douleur vive dans mon torse. Mon cœur s’accélère et ma respiration s’affole. Je n’ai pas envie de la laisser, mais je sais que j’ai mieux à offrir là-bas. Et d’un coup je ressens de nouveau ce froid intense, qui me paralyse des pieds à la tête, cette respiration à la traîne, et le rythme de mon myocarde qui évolue avec des ratés. J’ouvre les yeux dans une inspiration bien trop douloureuse. Une larme s’échappe de mes yeux. A peine conscient, je murmure sans même de réflexion, d’une voix faible.  « Auro’.. » J’ai tellement froid, et je suis très fatigué. Je lutte pour garder les yeux à demi ouverts.

Je commence à me fatiguer, le froid glacial ne m'aidant pas à reprendre mon souffle convenablement. Mais je persiste, notant dans mon champ de vision qu'Aurora semble convaincre Jordan de remettre ses vêtements pour éviter d'autres complications. Je ne suis pas sourde à leur détresse non plus. Je peux sentir le regard de la brune qui me brûle le dos, tandis que Jordan tente de sauver la mise avec ses menaces. Dans tous les cas, le duo implore Noah de rester, de revenir auprès d'elles sans tarder. Je ne m'arrête pas, même si j'ai maintenant la tête qui tourne, sans compter mes mains qui prennent une teinte bleutée - et dont je ne sens plus trop les doigts, à force de pomper.

Mais le type ne bouge toujours pas; je grimace en mettant toute la force qu'il me reste dans mes compressions, du coup. Je grogne, même, en m'acharnant sur sa poitrine.

« Bordel, Noah, tu dois rentrer à la maison, okay? » Je ne sais pas pourquoi je m'entête à parler à un mort. C'est quand je suis à deux doigts de m'arrêter qu'il semble trembler. C'est à peine visible, mais c'est bien là. Je recule, ne serait-ce qu'un peu, pour vérifier ses pupilles. Et je pose l'oreille à son thorax, pour écouter. Il respire! Il est en vie, putain. Je suis tellement sur le cul que c'est moi qui peine à respirer, maintenant.

« Il est de retour. » Je le vois ouvrir la bouche pour parler, d'ailleurs, même si je doute que les deux demoiselles puissent entendre sa requête, tant sa voix se brise. Je me retourne vers Aurora, tentant de lui sourire. « Il te réclame. » que je lâche en allant me poser par terre, un peu plus loin. J'ai besoin de reprendre mes esprits, de chasser ces idées qui ne peuvent que me torturer. Si Noah est hors de danger, pour l'instant, le reste ne change pas. Je suis inquiète, et pas qu'un peu. Je n'ai plus une seule goutte d'énergie pour me réchauffer, le pire. Mes poumons brûlent comme le feu, mais je fais de mon mieux pour rester calme - comme d'habitude.

Je les regarde de loin, Eva en train de s’acharner sur son thorax, et Jordan qui tente de l’intimider pour le forcer à revenir, mais j’ai l’impression que c’est fini. Et je redoute le moment où elle va s’arrêter et se tourner vers moi pour me dire que tout ça est vain et qu’il est parti. J’ai envie d’être ailleurs, loin d’ici. Je ne veux pas voir ça. Parce que peut-être que si je ne le vois pas, tout s’annule. On oublie tout, on remet les compteurs à zéro. Malgré tout, je reste plantée là, à regarder sa vie le quitter.

Je vois que Eva fini par arrêter le massage et je retiens mon souffle. Elle se penche au-dessus de son torse pour écouter et je m’attends à la voir secouer négativement la tête pour ne pas énoncer tout haut la fatalité de la situation. Mais voilà qu’elle nous lance une information inattendue. Elle court-circuite mon cerveau et les longues minutes qui viennent de s’écouler. J’en viens même à douter de la fiabilité de mon ouïe face à ce verdict. Mais elle ajoute qu’il me réclame et les morts ne réclament rien. Un long soupir de soulagement m’échappe, comme si je respirais à nouveau. Je ne sais pas si c’est une supposition ou une réelle demande de l’intéressé mais je m’avance tout de même.

En réalité, j’ai envie de prendre ces escaliers et partir loin de cet endroit, loin de ce qu’il me fait ressentir à cet instant. Il vient de serrer mon cœur si fort que je suis en colère contre lui. Et le soulagement de cette bonne nouvelle ne suffit pas à dissiper la douleur qui est là et qui pulse encore. Alors je me ressaisis et viens me placer à son chevet, tentant de ravaler mon ressentiment. Je remonte les couvertures pour préserver la chaleur. J’ai peur de m’approcher et de le sentir partir à nouveau. « Je suis là. » C’est tout ce que j’arrive à dire. J’ai envie de pleurer mais je me retiens si fort. Presque autant que je me retiens de le sermonner. Je lève la tête en direction d’Eva et murmure un merci à son encontre.

Jordan n'en croyait pas ses oreilles lorsqu'elle entendit la nouvelle. Son cœur bondit dans sa poitrine alors qu'Eva annonçait avec un mélange d'émotions qu'elle peinait à déchiffrer qu’il était de retour. Un frisson d'incrédulité parcourut son échine, l'idée même que cette possibilité se réalise semblait irréelle. Pourtant, c’était vrai. Elle avait réussi à le faire revenir, à ramener à la vie celui que Jordan croyait perdu à jamais.

L'esprit de la blonde vacillait entre l'espoir et la perplexité. Comment cela pouvait-il être possible ? Les pensées s'entrechoquaient dans sa tête alors qu'elle luttait pour assimiler cette nouvelle réalité. Un petit instant s'écoula, mais il lui fallut ce temps pour comprendre qu'il était de retour.

Eva annonça à Aurora que Noah le réclamait, et bien que Jordan ne la connaisse que depuis peu, elle percevait l'urgence et l'importance de ce moment pour eux. Respectant leur besoin d'intimité, la blonde décida de ne pas interférer et de leur laisser cet instant précieux. Elle esquissa un sourire tendre à Aurora, cherchant à lui transmettre un message de soutien muet, puis déposa sa main sur son épaule avec délicatesse.

Se relevant avec précaution, consciente des efforts que cela lui demandait en raison de sa grippe, elle se sentit un peu étourdie mais tint bon. Repérant une couverture qui traînait non loin d'elle, elle la saisit et se dirigea doucement vers Eva. La jeune femme semblait épuisée après avoir dépensé toute son énergie pour réanimer Noah. Sans un mot, Jordan posa doucement la couverture sur les épaules d'Eva, veillant à la couvrir complètement pour lui apporter un peu de chaleur dans ce moment difficile. Puis, elle s'installa à ses côtés, offrant sa présence comme un soutien silencieux et empathique.

"Merci..." dit Jordan sincèrement, sa voix teintée de gratitude et d'admiration. Ils ne se connaissaient pas, et pourtant, Eva avait déployé une générosité et un courage exceptionnels pour sauver Noah. Pour la blonde, cela allait bien au-delà de la simple intervention. Elle avait donné de sa personne, mettant son énergie à toute épreuve pour celle d'un inconnu. Cette altruisme la touchait profondément, surtout dans un monde où l'apocalypse avait rendu les gens égoïstes et indifférents à la souffrance d'autrui.

Elle contempla Eva avec un mélange de respect et d'émotion, reconnaissant la rareté de son geste dans un monde devenu si impitoyable. C'était comme une lueur d'humanité dans l'obscurité de leur réalité post-apocalyptique, et cela lui redonnait un peu d'espoir en l'humanité.

Plongeant son regard dans celui d'Eva, Jordan sentit une étrange connexion s'établir entre elles. Malgré les circonstances chaotiques qui les entouraient, elle n'avait plus vraiment de doute sur la personne qui se tenait devant elle.

"Quelqu'un de mon camp recherche une personne qui te ressemble comme deux gouttes d'eau..." commença-t-elle, laissant planer un léger suspens dans l'air chargé de tension. Elle prit une profonde inspiration, se demandant si la fièvre lui jouait des tours, mais son instinct lui soufflait que quelque chose de plus profond se cachait derrière cette coïncidence troublante. "C'est peut-être la fièvre qui me fait délirer, mais je dois m'en assurer... Son prénom est Mya, Mya Blackwood."

Je ne saurais pas comment décrire ce qui se passe à cet instant en moi, mais lorsque cette sensation de bonheur, de chaleur et de bien être se sont envolées pour laisser place à la douleur, au froid et à la peur, j’aurais préféré n’avoir à rien ressentir. Je n’arrive pas encore à respirer, quelque chose bloque ce mécanisme de survie, et j’étouffe littéralement. Je veux pouvoir taper quelque chose, arracher ce poids sur mon corps qui empêche de respirer. Je veux m’agripper à quelque chose, parce que je suis terrifié. Cette sensation de ne pas pouvoir respirer, de ne pas pouvoir inspirer pour apporter ce que mon corps recherche est horrible. Mais soudainement cette pression se lève et l’air pénètre douloureusement les poumons. J’aperçois la jeune femme qui a été dans mes bras précédemment au dessus de moi. J’essaie de parler mais c’est difficile. Mes doigts viennent agripper la cuisse de la jeune femme qui est encore sur moi. Je la regarde, reconnaissant, même si je n’arrive pas à parler. Elle m’a quand même défoncé les côtes. J’ai pas la sensation qu’elles soient pétées, mais c’est pas loin. Mes poumons brûlent comme tout le reste de mon corps. Je sens moins de poids sur mon corps et ma main glisse de la cuisse de la jeune femme. Je sens une présence à côté de moi, et je me force à rouvrir les yeux. Je regarde la brune à mes côtés. Je suis très fatigué mais je garde les yeux un peu ouverts. Je bouge difficilement mon bras pour prendre la main de la jeune femme. Sa main est chaude, enfin comparé à la mienne, elle l’est. Je viens la poser sur ma joue, alors que je me tourne légèrement pour pouvoir lui parler. Ce simple contact me fait du bien, il m’apaise quand même. Je tremble, je le sens alors c’est que mon corps s’est réchauffé, mais j’ai encore froid malgré tout. Je garde mes doigts contre la main d’Aurora mais finalement, je ne dis rien. Je préfère demeurer silencieux et je relâche doucement sa main pour me relever doucement afin de m’asseoir contre le mur. Je tiens mes côtes, avant de regarder Jordan et Eva, qui sont plus loin. Je finis par sourire faiblement et je tends la main vers ma meilleure amie, même si elle est pas vraiment haute et tendue.  « Venez par ici... » On doit se soutenir pour survivre.

Je me crispe, quand sa main serre ma cuisse. J'ai envie de lui envoyer mon poing dans la tronche, jusqu'à ce que je réalise qu'il est de retour. Il galère, et pas qu'un peu. Je croise ses billes à peine ouvertes, et c'est à cet instant que je capte. Sa colère, sa terreur; cette impression horrible de souhaiter une mort plus douce que ce à quoi il doit faire face en restant en vie. Je sais ce que c'est, parce que je l'ai vécu moi-même. Je regarde sa main à ma jambe, puis remonte à nouveau les cils.

« Je sais, je sais. Prends ton temps. Accroche-toi. » que je murmure tout doucement, pour le calmer. Je ne réalise pas que ma main est dans ses cheveux - je la retire aussitôt. Et je m'éclipse finalement, souriant à Aurora quand je peux lire un merci sur ses lèvres.

C'est Jordan qui vient me rejoindre ensuite, couverture en prime. Je serre le tissu sur mes épaules, grelottant un peu, avant de la regarder se poser près de moi, en silence. Je profite de ce moment de répit qu'elle m'offre. Comme si elle savait que j'avais besoin d'une pause, avant de continuer. « C'est rien. » que je réplique quand c'est à son tour de dire merci. Je viens secouer un peu la tête, pourtant. « Vous auriez fait la même chose pour moi. Enfin, c'est ce que je préfère croire. » Autrement, autant se tirer une balle dans le crâne. J'ai peut-être un caractère de merde et les capacités sociales d'un chat de gouttière, mais je ne suis pas un monstre.

Son regard plonge dans le mien, et j'ose le soutenir. Je n'aime pas ça. J'ai l'impression qu'elle peut lire en moi comme dans un livre ouvert. Je n'ai pas l'habitude. Et ce qu'elle affirme ensuite ne peut que m'inquiéter encore plus. Chercher quelqu'un, dans ce monde, n'est certainement pas toujours synonyme de bonnes nouvelles, après tout. Mais je deviens livide quand elle prononce le prénom de Mya. Je la regarde d'un air presque sauvage - réprimant mon envie de la foutre contre le mur pour qu'elle parle.

« Et je peux savoir qui veut quoi à ma jumelle? » que je demande plutôt, faisant de mon mieux pour modérer cette acidité qui me ronge. Je croise les bras, prête à entrer dans le vif du sujet - sauf que Noah semble se réveiller, dans son coin. Je le vois se relever, et si j'ouvre la bouche pour dire à l'imbécile de se recoucher, il propose plutôt une petite réunion de famille. Il se pose contre le mur, tandis que je regarde Jordan, ne sachant pas vraiment ce que je dois lui dire, à présent.

« Je crois que quelqu'un a besoin de toi, là. » Je penche la tête sur le côté, pointant Noah en le disant. Mais je vois bien qu'elle n'est pas bien, à cause de la fièvre. Je passe donc son bras par-dessus mon épaule, pour l'aider à marcher vers Aurora et son prince charmant. Je la laisse s'installer, tandis que je recule lentement, pour les laisser entre eux. Je n'ai pas ma place au sein du trio, de toute façon.

Je me sens vidée, drainée de toute énergie après une chute aussi vertigineuse. Je bouge machinalement comme un pantin, animé par une volonté ébranlée. La douleur, elle, ne m’a pas quittée. Elle me brûle toujours les doigts, et étreint mon cœur, mais je la combat dans le silence, dans l’attente qu’elle s’en aille. Je reporte mon attention sur des actions qui m’aident à la noyer. Je remonte les couvertures, les plaque à nouveau contre lui pour limiter les zones où la chaleur irait se perdre, me rapproche pour partager la mienne. Il me regarde et je me perds dans ces yeux qui transcrivent la mort qu’il vient de frôler, l’amertume au fond de la gorge. Je ne sais pas quoi dire alors je reste muette, tandis qu’il s’empare de mes doigts. Ils me font mal, mais j’en viens à la préférer à celle dans ma poitrine. Alors je le laisse faire, comme s’il me fallait tout lui donner pour le maintenir en vie. La fatigue et la lassitude m’envahissent. La mort est ce poison qu’on ne cesse de vouloir combattre mais qui l’emporte toujours. Et j’ai bien cru qu’aujourd’hui, elle avait encore gagné.

Noah se redresse finalement, tandis que les deux jeunes femmes discutent de liens de parenté qui m’échappent. Je n’ai plus la concentration suffisante pour écouter avec attention leur discussion. Ma patience dans cet endroit s’effrite. Noah les invite à nous rejoindre et j’en profite pour céder ma place. Je prétexte avoir une envie pressante pour remonter dans la nef. En réalité, j’ai surtout besoin de prendre l’air, même s’il est glacial là en haut. Quelques minutes pour digérer, pour sécher les larmes qui m’ont voilé les yeux. J’aurais même crié, si je pouvais. A défaut, j’évacue en silence, les mains sur les hanches, à faire les cents pas devant le chœur, en plein face à face avec le divin. Je fixe cette croix forgée en face de moi, à me demander pourquoi. Quelques minutes de solitude à peine que je m’octroie avant de redescendre. Pour combien de temps encore ? C’est là toute la question.

Jordan, plongea ses yeux dans ceux d'Eva avec empathie, écouta attentivement ses paroles. Lorsque Eva affirma qu'ils auraient agi de même pour elle si sa vie avait été menacée, Jordan ne put s'empêcher d'acquiescer d'un léger mouvement de tête, exprimant ainsi son accord. Un geste instinctif, chargé de solidarité et de compréhension mutuelle. Mais elle alla plus loin, posant sa main sur celle de la brune.

Bien sûr, Eva n'était pas officiellement membre de leur groupe, mais dans ce monde chaotique où la survie était la priorité absolue, de telles distinctions semblaient bien futiles. Ils étaient tous des âmes errantes dans cette apocalypse, cherchant désespérément un havre de sécurité dans un monde dévasté par le désespoir et la destruction.
Ainsi, dans cette atmosphère empreinte de danger et d'incertitude, il n'y avait aucune raison valable de laisser quelqu'un mourir simplement parce qu'il n'était pas "l'un des leurs". Ils étaient tous dans le même bateau, confrontés aux mêmes défis, aux mêmes peurs, et aux mêmes espoirs de survie.

Jordan laissa échapper un léger rire, essayant de détendre l'atmosphère alors que la brune semblait devenir tendue à l'évocation de sa sœur jumelle par une inconnue. Elle détourna brièvement le regard, laissant à la fois un peu d'intimité à son interlocutrice et observant Noah et Aurora.
La simple utilisation du présent apporta un soulagement inattendu à Jordan. C'était une confirmation tacite que Mya était toujours en vie, une pensée réconfortante qui lui réchauffa le cœur, surtout pour Olivia, sa meilleure amie et l'amour de sa vie. Dans ce monde où chaque jour était un combat pour la survie, où la mort pouvait frapper à tout moment, quelles étaient les chances de retrouver un être cher, un pilier de sa vie, parmi toute cette misère et cette désolation ?

"Détends-toi," murmura Jordan, son ton empreint de douceur alors qu'elle posait une main réconfortante sur l'épaule de la brune. "La personne qui la recherche ne lui veut pas de mal, au contraire. Son prénom est Olivia..."

Alors qu'elle s'apprêtait à continuer à expliquer qui était à la recherche de sa sœur jumelle, Noah l'interpella, sa main légèrement levée vers elle. Un frisson parcourut le corps de Jordan, son cœur se réchauffant à l'idée de retrouver ce lien précieux dans ce monde chaotique. Malgré la fièvre qui la faisait faiblir, elle aurait voulu se précipiter dans ses bras, mais elle se retint, consciente que le moindre geste brusque risquait de la faire s'évanouir.

Eva passa son bras autour de l'épaule de Jordan, lui offrant un soutien bienvenu pour se lever. Reconnaissante pour cette aide inattendue, la blonde savait qu'elle devrait trouver un moyen de remercier Eva comme il se devait une fois qu'ils seraient sortis de cette église et de ce blizzard dévastateur.
Jordan observa silencieusement Aurora se retirer du côté de Noah, ses pensées vagabondant sur ce qu'elle venait de vivre. Peut-être avait-elle besoin de prendre un peu l'air, de digérer les événements qui venaient de se passer. Elle comprenait ce besoin de solitude, cette nécessité de faire face à ses émotions loin des regards indiscrets. Après tout, chacun réagissait différemment aux situations difficiles, et il était important de respecter le besoin de chacun de traiter avec ses propres démons intérieurs.

S'agenouillant à côté de Noah, elle posa doucement sa main sur sa joue et, d'un geste instinctif, attrapa le poignet d'Eva pour la retenir.

"Reste," murmura-t-elle, son ton empreint d'une conviction profonde. Pour Jordan, Eva avait sa place ici, à leurs côtés, dans ce moment crucial où ils devaient faire face ensemble aux défis qui se dressaient devant eux.

Relâchant doucement sa prise sur le poignet d'Eva, Jordan attrapa la main de Noah avec ses deux mains, cherchant à lui transmettre un peu de réconfort. Un sourire espiègle étira ses lèvres alors qu'elle tentait de détendre l'atmosphère.

"Tu sais, il y avait d'autres moyens pour faire souffrir Aurora..." plaisanta-t-elle, ses yeux pétillant d'amusement malgré la gravité de la situation. Elle espérait que cette remarque légère pourrait apporter un peu de légèreté à leur échange, un moment de répit dans le tumulte des émotions qui les assaillaient.