Event n°1 - Groupe 7

Ce maudit blizzard, pourquoi fallait-il que le seul abri à proximité soit une sacrée église ? Dieu devait avoir un sens de l'humour particulier. Jordan n'était pas vraiment à l'aise dans les lieux saints. Elle n'avait jamais compris comment on pouvait avoir foi envers une entité aussi puissante. Ayant vécu d'innombrables atrocités bien avant cette apocalypse, qui, à ses yeux, mettait fin à tout débat sur la question, elle n'avait aucune croyance. Cependant, elle respectait ceux qui trouvaient la foi, comprenant que chacun avait besoin d'un moteur pour survivre dans cette nouvelle réalité.

Soupirant, une vapeur blanche s'échappa de sa bouche dans l'air glacial. Bien que peu frileuse, elle aurait apprécié de trouver un endroit moins exposé. Elle enfonça son visage dans le col de sa veste pour se réchauffer et scruta les environs. S'approchant des veilleuses, elle en alluma deux en mémoire de ses parents. Bien qu'athée, ce geste lui procurait un certain réconfort et avait une signification symbolique pour elle.

Se tournant vers le couple, qu'elle espérait ne pas voir se chamailler, elle s'exclama : "Une église... sérieusement, une putain d’église !" Elle se rendit compte qu'elle venait de jurer dans un lieu sacré. "Merde... non ! Bon sang, tant pis..." soupira-t-elle en levant les yeux au ciel et en levant légèrement les mains en signe de reddition. "Je suppose qu'on va devoir attendre que cette satanée neige s'arrête. Que diriez-vous de faire un petit feu ? Il y a assez de bois pour tenir un bon moment. Parce que je ne sais pas pour vous, mais moi, je commence à me geler le cul sérieusement." Jordan fit un petit geste de la main vers le haut, s'excusant une fois de plus pour son langage inapproprié dans un lieu saint.

En vérité, je crois que le monde se moque de moi, et ouvertement. Non mais que je fasse la liste. Un blizzard s’abat sur Malden alors que je suis dehors, sans cris égard. De plus, je me retrouve bloqué dans une église. Un lieu où je ne mettrais jamais les pieds, et encore pire, je suis en présence de Aurora, dans ce lieu. Pauvre Jordan qui est avec nous. Je sais pas ce qui est le pire au final : le blizzard ou être avec mon ex dans un lieu sacré.

Je tourne en rond en réalité. Déjà mon hyper activité est frustrée dans ce lieu, mais en plus avec ce qui se passe, mon cerveau fonctionne trop rapidement pour moi et j’ai besoin d’évacuer, alors je marche, de long en large dans ce bâtiment. En temps qu’explorateur, je suis plutôt bien équipé pour résister et surtout, j’ai été dans l’armée, alors ça aide, pour le côté survie.

Lorsque j’entends Jordan jurer, je lâche un léger rire. Surtout quand elle essaie de se rattraper en jurant de nouveau. Je secoue la tête en revenant vers les deux filles. Évidemment j’ignore cordialement Aurora et je désigne un endroit plus protégé à Jordan, en lui donnant un briquet.  « Fais le là-bas c’est plus protégé. Je m’occupe de réchauffer ton cul après. » Et tout ceci dit avec un clin d’œil et une petite tape sur ses fesses. Mais elle a raison, on va très vite geler sans un feu. Je regarde la structure de la bâtisse, alors qu’elle craque sous le vent glacial. Je réagis rapidement en attrapant la main d’Aurora pour l’éloigner d’un morceau de tuile qui tombe du toit, laissant un trou au passage dans la structure. Je la relâche aussi vite que mon premier geste, en lâchant.  « Sois attentive un peu. » Je m’enfonce dans l’église pour rejoindre Jordan et je dépose mon sac assez conséquent sur le sol. Je décroche la couverture assez épaisse enroulée dessus et je la tends à Jordan.  « Partagez vous là. Je vais regarder les lieux. » En réalité, j’ai juste aucune envie de me retrouver face à ma plus grosse faiblesse. Alors je préfère les laisser, et je m’éloigne pour visiter la bâtisse.

L’antre de Dieu qui nous protège de la tempête. Si ce n’est pas poétique ! Le sort a sans nul doute un humour dont je suis cliente. Dès l’instant où mes yeux se posent sur l’intérieur de cet endroit, je ne peux me retenir de rire. La blague est bonne, même si je dois dire que Dieu notre sauveur arrive semble-t-il un peu tard pour faire son travail. Tant pis, je prends. Au moins, on sera à l’abri du blizzard derrière ces murs. Du moins, si on ne meurt pas de froid avant.

Dès l’entrée, je ne peux m’empêcher de balayer les lieux du regard, pour en apprécier sa beauté. Outre le bruit du vent qui pollue le silence, tout est si calme et figé ici. Je suis relativement étonnée de l’apparent bon état de cet endroit. C’est poussiéreux et infiltré d’eau, mais les rangées de bancs, les bénitiers, l’autel, la croix, rien ne semble avoir bougé depuis un an. J’imagine que le sacré a encore de l’influence dans ce qu’il reste de ce monde, ou simplement plus aucune utilité.

Alors que Jordan se met à jurer à tout va, j’en profite pour lui suggérer de rentabiliser notre visite. « C’est l’occasion pour aller confesser tes péchés, pêcheresse ! La liste va être ultra longue mais vu la tempête qui s’annonce, on va avoir le temps de tout passer en revue. » la taquinais-je, avant de remonter l’allée. J’ai les yeux rivés vers les murs et les statues qui les ornent, alors que je m’avance vers l’autel en marche arrière. Je ne prête même pas attention aux deux autres, ni même à sa proposition de réchauffer le cul de Jordan. Je suis même si absorbée par mon exploration visuelle que je ne regarde rien de ce qu’il se passe au-dessus de nos têtes. Sans m’y attendre, je suis tractée en arrière de quelques pas, tirée par une main ferme, alors qu’une tuile s’écrase à l’emplacement que j’ai quitté. C’était moins une, celle-là. J’aurais pu dire merci, et me montrer polie, mais la remarque qui suit son geste m’en coupe toute envie.  « Oui papa. » répondis-je alors, exaspérée par son attitude envers moi. Il me tourne le dos, comme d’habitude, mais je ne manque pas de lever mon majeur pour lui exprimer toute ma gratitude.

Je plussoie à l’idée de Jordan, tandis que notre Chevalier s’en va faire du repérage après avoir si généreusement prêté sa couverture. Je la laisse à Jo’, pose mon sac et m’en vais ramasser quelques papiers que j’ai vu à l’entrée, pour allumer un feu. Je pose le tas au sol avant d’attraper une chaise avec un sourire non feint. « Ma partie préférée. Sans rancune, Jésus. » Je la soulève pour l’éclater contre l’un des piliers et en récolter les morceaux. Au moins, le bois ne manque pas ici. J’allume ainsi les pages en papier en premier avec un briquet, avant de faire un tas de bois par-dessus. Des marshmallows et une guitare n’auraient pas été de trop, mais on va se contenter de ça. « Avec un peu de chance ça va réchauffer l’ambiance aussi. » lançais-je à ma complice, jamais loin de mon sarcasme habituel.

Jordan frissonna à l'idée de se confesser pour ses péchés. Non, c'était impossible. Elle ne voulait pas se plonger dans une introspection qui pourrait la conduire à revisiter un souvenir qu'elle préférait éviter. Celui qui, chaque jour, la tourmentait dans ses cauchemars. Elle avait déjà accepté l'idée que si le paradis et l'enfer existaient réellement, elle se retrouverait probablement du côté infernal.

"Sans moi, vraiment. Ce n'est pas mon truc. En plus, j'oublierais probablement la moitié. Mais si tu veux te confesser, libre à toi. Je t'écouterai avec grand plaisir, mon enfant," dit-elle avec une pointe d'humour.

Son attention se recentra sur Noah, qui s'était approché et lui avait suggéré d'aller faire un feu. Le geste qui suivit la fin de sa phrase la fit se tendre. D'accord, c'était un jeu, et ils avaient l'habitude d'être tactiles, mais pourquoi le faire devant Aurora ? Jordan se retourna vers la brune, mais heureusement, celle-ci était captivée par l'architecture du bâtiment. Ronchonnant, elle lança un regard noir à Noah, lui signifiant avec son index qu'elle ne voulait pas de cela, surtout en présence d'Aurora. Elle ne voulait ni de problèmes avec elle, ni être au cœur d'une dispute de couple.

Jordan prit soin de dégager la zone pour éviter que le feu ne se propage. Ce serait idiot de mourir à cause d'un incendie. Observant Aurora éclater une chaise, elle laissa échapper un léger rire et l'aida à ramasser les morceaux qu'elle déposa à côté. Le feu venait de prendre, il ne fallait pas l'étouffer en ajoutant plus de bois.

"Qui sait ? Peut-être que le feu ravivera la flamme entre vous deux... Parce que bon, la tension est très palpable, je pourrais très clairement la couper au couteau," dit-elle avec une pointe d'humour. Elle savait que ni l'un ni l'autre ne ferait le premier pas, étant tous deux trop têtus. "Nan, sérieusement, la vie est tellement incertaine de nos jours. Peut-être que tu devrais lui laisser une chance ?" Son ton était plus sérieux, bien qu'elle n'ait pas toute l'histoire en tête. Ils étaient deux amoureux idiots, mais trop fiers pour briser la glace.

Retirant son sac de son dos, elle le posa à côté de celui d'Aurora. La couverture gentiment offerte par Noah fut déployée au sol, et Jordan s'approcha de la brune pour se coller à elle, couvrant leurs dos avec la couverture. Elle poussa légèrement son amie avec son épaule.

"Aller, ne m'en veux pas. Tu sais au fond que j'ai raison." Redressant la tête vers Noah : "Alors, chef, tu trouves quelque chose d'utile ?"

Une nouvelle tête arrive entre temps. Elle n’est pas de la Tanière c’est certain mais elle reste la bienvenue. De toute façon on est tous les quatre dans la même galère au final. On doit survivre au froid, et à cette neige. Jordan râle contre moi et en seule réponse je lève mon majeur. Je ne vais pas m’arrêter de vivre parce que mon ex se trouve dans la pièce. Je m’avance ensuite dans la pièce et je m’occupe d’écarter cette fameuse ex d’une chute de tuile. Je suis un peu froid quand je m’adresse à elle, mais je m’en fiche en cet instant. Je regarde l’extérieur en m’approchant de la porte et je pousse celle-ci pour la fermer, aussi silencieusement que possible. Autant dire que cela est impossible.
Je me rapproche ensuite des trois filles, et je donne ma couverture à Jordan. Elle semble gelée, tout comme Aurora, mais comme la seconde sera trop fière pour accepter je m’occupe de ma meilleure amie en ignorant celle de mon enfance. Je remercie la jeune femme qui tend de la nourriture et je secoue la tête.  « Mets toi près du feu. Au fait, moi c’est Noah, la blonde c’est Jordan et l’autre brune c’est Aurora. » Je pose mon sac puis je m’éloigne d’elles. Je ne parviens pas à rester en place et en vérité je n’ai aucune envie de me retrouver près d’une des filles. Je vais explorer l’église, ça m’occupera. J’ai froid, mais en même temps je suis dehors depuis la veille. Et je commence à être fatigué mais j’ignore un peu mon corps. Je souffle sur mes mains Mème si ça n’a pas grand succès.
Je passe dans les pièces à l’arrière de la nef. Je ne trouve pas grand chose en réalité, à part du bois, qui pourra nous servir pour le feu, deux couvertures, une bouteille d’eau. Il y a un sous sol, mais je ne sais pas si c’est une bonne idée d’y aller. J’entends la question de Jordan, et je lance.  « Pas grand chose. » Je récupère mes trouvailles et je leur apporte. Je m’agenouille près du feu, pour essayer de le relancer. Le froid est déjà sur nous et ça risque d’être difficile si ça continue comme ça. Mais tant qu’il neige on ne peut pas sortir. Je regarde Eva, en ouvrant la couverture et je ne lui laisse pas trop le choix que de m’installer dans son dos, pour que l’on essaie de garder notre chaleur corporelle, au maximum comme le fait Jordan avec Aurora au final. Enrouler les couvertures autour de nous et partager notre seule source de chaleur en espérant que l’on tienne. Mais je suis très grand et la couverture ne me couvre pas énormément comparé à la jeune femme dans mes bras. Je ne suis pas à l’aise de le lui imposer mais je ne vais pas la laisser mourir de froid et puis de toute façon c’est pas comme si j’allais tenter quelque chose ou comme si j’en avais envie.

Alors que Jordan et moi nous attelons à faire un feu, une nouvelle venue fait son apparition dans notre refuge de fortune. Elle ne sait pas encore où elle est tombée. Malgré tout, elle est la bienvenue pour se réchauffer avec nous et attendre que le blizzard passe. On est tous dans la même galère après tout.

Jordan ne manque pas de relever l'atmosphère tendue qui plane depuis notre arrivée, non sans une pointe d'humour, ce qui m'arrache un rire moqueur. Raviver la flamme, bien sur. On est très loin de l'étincelle là. Noah est tellement froid avec moi que la moindre tentative d'allumer une braise serait aussitôt coupée net. C'est limite s'il ne fait pas plus chaud là dehors. De nous deux, c'est lui le ronchon. « C'est lui qui me fuit comme la peste, pas l'inverse. » C'est à lui qu'elle devrait dire ça, pas à moi. Le voilà d'ailleurs qui revient de son exploration. Après tout, tout prétexte est bon pour se tenir le plus loin possible de moi. Je ne manque donc pas l'occasion de le chambrer. Je sais que je le soule, et ça m'amuse de le titiller. « Pas d’échappatoire à ton plus grand cauchemar, c'est con... » Et je sous-entend par là que son plus grand cauchemar, c'est d'être coincé avec moi.

Je me blottis finalement contre Jordan pour tenter de trouver un peu de chaleur humaine, car je commence à être gelée. J'ai beau être bien équipée, le froid est pénétrant et les courants d'airs n'aident pas. La jeune femme qui nous rejoint nous propose gentiment une ration, ce qui m'étonne assez. En général, ces denrées rares ne se partagent pas. Malgré tout, j'accepte et la remercie. Je la garde de côté pour l'instant, bien trop gelée pour me soucier de mon estomac. Noah choisi d'aller partager une couverture avec elle, ce qui ne m'étonne pas. Il préfère visiblement crever de froid que de s'approcher de moi, pour que l'on se réchauffe tous ensemble.  

Aurora et Noah, maladroits et persistant à se blâmer mutuellement, étaient source d'épuisement en tant qu'amis. Cependant, ils étaient sa famille, et elle était déterminée à briser la glace. Le véritable amour n'était pas monnaie courante, et ces deux tourtereaux semblaient soit aveuglés par leur fierté, soit incapables de faire le premier pas vers le pardon. Mais, l'urgence de survivre à cette situation critique les poussait à mettre de côté ces querelles.
Les rafales de vent qui s'infiltraient dans l'église rendaient le feu peu utile pour réchauffer l'atmosphère. Jordan, évoquée par son prénom, adressa un léger signe de main à Eva avec un sourire chaleureux. Après avoir partagé des rations, le visage d'Eva lui semblait familier, mais elle peinait à le replacer dans sa mémoire.

La jeune femme blonde sentait une chaleur diffuse envahir son corps, avec son dos et son visage devenant progressivement moites. Cette sensation familière de fièvre l'inquiétait, sachant que si elle restait exposée à ces conditions, tous risquaient de succomber à l'hypothermie. Il était impératif de trouver un endroit sûr pour se réfugier, loin de la morsure implacable de la tempête de neige. Jordan, préoccupée par la situation, ôta la couverture de ses épaules et enveloppa soigneusement Aurora dedans. "Je vais faire un tour, je reviens," annonça-t-elle. La blonde ajusta le col de sa veste autour de son cou et s'avança vers l'autel. Les murs étaient drapés de vieux rideaux, dissimulant partiellement une porte qui attirait son regard.

Saisissant la torche dans sa poche, elle l'alluma avant de poser sa main sur la poignée de la porte. Elle dut appliquer un peu de force, la poignée étant visiblement affectée par l'humidité ambiante. Une odeur de renfermé s'échappa des escaliers, accompagnée de toiles d'araignées qui jonchaient la descente. Jordan, bien que réticente à l'idée de ces créatures, se crispa involontairement. Les araignées étaient loin d'être ses compagnons favoris, mais confrontée au choix entre succomber au froid ou affronter ces petites bêtes, la décision était évidente.

Descendant avec précaution, Jordan veillait à éviter tout glissement. Heureusement, les marches étaient en pierre, éliminant ainsi tout risque de passer le pied à traver une planche affaiblie. Elle sifflotait légèrement, attentive au moindre bruit, consciente que le froid n'était pas leur seul ennemi, les rôdeurs pouvant être tout aussi menaçants. Arrivée en bas, elle balaya la pièce avec la lumière de sa lampe et découvrit un ancien abri. Des couvertures, un duvet, un lit de camp et des rations se trouvaient là. Bien que l'humidité ambiante soit présente, elle demeurait supportable.

L'endroit semblait parfait, avec un petit foyer équipé d'une marmite posée dessus. Jordan envisagea l'utilisation de celle-ci pour faire fondre la neige, offrant ainsi une source d'hydratation cruciale. Il n'y avait pas de temps à perdre ; elle devait remonter et informer ses compagnons de cette trouvaille. Remontant rapidement, elle avait momentanément oublié les araignées, jusqu'à ce qu'elle se retrouve nez à nez avec l'une d'entre elles. Un cri strident s'échappa de ses lèvres, et elle remonta les escaliers à grandes enjambées. Son cœur battait la chamade, sa fièvre semblait augmenter. Vacillant légèrement, elle se retint à une chaise et se dirigea vers le feu improvisé qu'elle avait quitté pour explorer les lieux.

"Il y a un sous-sol avec tout ce dont on a besoin pour survivre quelque jour. On doit descendre. Si on reste ici, on est foutus", déclara Jordan en passant son avant-bras sur son front pour essuyer la sueur accumulée. "Mais attention, il y a des putains araignées là-dedans..."

Elle grimaça à nouveau pour son juron, puis remarqua l'état léthargique de Noah. Inquiète, elle se mit à accroupir près de lui et plaça ses mains sur ses joues. "Noah? On doit se bouger. Lève-toi." Jordan se releva un peu trop rapidement, chancelant légèrement. Une douleur dans ses lombaires se fit sentir, son corps semblait faible. Elle avait certainement attrapé quelque chose, qu'elle attriburait volontiers à une bonne vieille grippe.

Je me rapproche du feu, lentement mais sûrement, quand Noah me l'indique. Je viens hocher de la tête quand il se présente, avant de m'informer du prénom des deux autres demoiselles. Je n'ai pas le temps de lui répondre, puisqu'il s'éloigne déjà. J'écoute Aurora & Jordan discuter, la tête ailleurs, sans trop comprendre ce dont il est question. Enfin, il n'est pas difficile de ressentir cette division constante, entre le mec et le duo de copines. Mais je n'ai que peu d'intérêt pour le mélodrame, et j'ai mieux à faire, de toute façon. Je lève les cils sur la brune, pourtant, quand elle semble narguer un peu Noah, tandis qu'il se rapproche de nous à nouveau. Rien à signaler, selon lui, à propos de ce qui se trouve un peu plus loin. Tant mieux, j'imagine. J'observe silencieusement les deux femmes se blottir l'une contre l'autre, et je fronce légèrement les sourcils, la poitrine trouée par l'absence de ma jumelle. Je ravale ma salive, bien consciente que ce n'est pas du tout le problème le plus urgent, dans l'immédiat. Je croise le regard d'Aurora, qui note rapidement ce que m'offre Noah, reportant alors mon attention sur le type et sa couverture.

J'hésite. Trop longtemps, sûrement. Je ne veux pas qu'il pense que je suis timbrée - parce que je crève de froid, et que c'est plutôt gentil de sa part de m'offrir un peu de chaleur. Mais le passé étant ce qu'il est, je redoute de me rapprocher de lui. Je baisse les cils, avant de me forcer à faire taire le tas de pensées qui résonnent dans mon crâne. Je viens donc finalement me blottir contre lui, et mon rythme cardiaque ne semble pas décélérer - l'anxiété de la situation ne m'aidant pas à me calmer, même si je m'enferme dans le silence.

La nuit est longue, et si j'ose finalement me détendre un peu, collée à Noah, je n'arrive pas à fermer l'oeil. Je note rapidement que Jordan va investiguer les lieux, et ma curiosité m'amène à vouloir la suivre du regard. Si ce n'est que pour s'assurer qu'elle ne parte pas crever tranquillement, toute seule. Ce serait bête. Je la vois tituber quand elle revient vers nous, n'empêche, et je sors de ma petite bulle de chaleur pour venir la soutenir. « Hey, doucement. » Ça ne l'empêche pas de se jeter sur Noah, quand elle réalise qu'il ne va pas bien. Je regarde le duo au sol, cherchant Aurora du regard, avant de forcer Jordan à se poser avant qu'elle ne s'étale de tout son long. « Tu ne peux pas l'aider si tu t'écroules par terre, okay? » que j'affirme sans hausser le ton, même si ma voix est ferme.

« Il faut les emmener en bas. » que je lâche pour Aurora, en venant toucher la peau froide de Noah - qui ne semble pas être très réactif. C'est inquiétant, évidemment. Jordan est du même avis que moi, de toute façon. Elle-même disait justement qu'il faudrait se réfugier au sous-sol au plus vite, l'instant d'avant.

« Tu crois qu'on est capable de le soulever, à deux? » que je demande à la brune, ne sachant pas dans quel état elle se trouve. Une chose est certaine, Jordan ne sera pas en mesure de nous aider, sur ce coup-là.

Je nous présente à la nouvelle arrivante. Après tout, on est là pour survivre et je ne suis pas aussi répugnant que l’ancien dirigeant de la Colline. Je l’invite à s’installer avec nous. Ça va être tendu ici, je suis un peu dégoûté de me retrouver une nouvelle fois avec la brune. Depuis cette histoire on ne s’est pas reparlé, et ça m’allait vraiment bien. En plus lorsqu’elle me nargue de cette façon, ça ne fait qu’accentuer ce qui me fait mal. Je préfère me tirer ailleurs. Mais je reviens bien vite en n’ayant trouvé que peu de choses. Je sens que la jeune femme n’est pas à l’aise à l’idée de venir dans mes bras lorsque je le propose mais on doit se tenir chaud. Je la laisse se poser contre moi, et je l’entoure de mes bras avec la couverture. Au moins elle est bien couverte. Moi un peu moins mais c’est pas grave je peux résister. Je ne notifie pas le rythme de son cœur que je peux sentir, ce n’est pas une situation des plus détendues. Les heures passent et le froid tombe de plus en plus avec la nuit qui approche.

La jeune femme s’est détendu dans mes bras, je le sens. En réalité c’est peut être même elle qui me soutient plus. Je n’avais pas ajouté la fatigue de mon corps. Et le fait de rester statique n’aide en rien. Je suis dans un état second. En réalité je suis à peine conscient. Peut être que mon esprit a abandonné la lutte contre le froid, et que mon corps suit enfin lorsque je sens que l’on me touche. Je bascule peu à peu en arrière car je sens la raideur et la force de mon corps partir peu à peu. Ma peau est bleutée, tout comme mes lèvres. Je les entends, elles veulent nous déplacer. Mais je veux pas qu’elle m’approche. Je me redresse, avec difficulté. Je parviens à me mettre sur mes deux jambes, mais je sais qu’à tout moment je peux m’écrouler. Je les regarde, malgré que ce regard soit vitreux.  « Vais y arriver.. » Je traîne mon sac, je tremble. Ma vision se trouble dès mes premiers pas. Je titube, jusqu’à cette porte, qui mène au sous sol. Je ne vais pas tenir longtemps. Je dégage les mains que je sens sur moi, grognon. J’arrive à la porte je la vois face à moi, elle est de plus en plus trouble, de plus en plus sombre. Je lâche mon sac dans les escaliers, mais en réalité , je ne tarde pas à le rejoindre car je vacille devant la porte. Je dévale les escaliers jusqu’à arrivée en bas. Je lâche un gémissement de douleur. J’ai fais un bruit catastrophique d’ailleurs. Je n’arrive plus à bouger, je n’ai plus de force, et ma respiration est lente.

Les heures passent et le froid s’installe chaque minute un peu plus. Le feu n’est pas assez grand pour apporter suffisamment de chaleur et les courants d'air sont bien trop nombreux pour nous accorder le répit nécessaire pour se réchauffer. Blottie contre Jordan, je tremble comme une feuille. Je souffle de l’air chaud dans mon cache-cou, remonté jusqu’à mon nez, pour tenter de réchauffer mon visage. Aucun d’entre nous ne gâche d’énergie à parler, ça ne nous réchaufferait pas. Notre silence trouve donc compagnie auprès des sifflements du vent.

Jordan décide de se lever et j’en profite pour m’enrouler un peu plus dans la couverture, en attendant qu’elle revienne. C’est à peine si je sens mes pieds. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir empilé les paires de chaussettes. Même les gants à mes doigts me paraissent inexistants tant tout est froid et engourdi. Malgré tout, je n’y prête pas grande attention, je sais d’avance que les extrémités sont toujours les premières à souffrir du froid. Ca ira mieux quand j’arriverais à me réchauffer. En attendant, je ferme les yeux, essayant de penser à autre chose qu’à la température pour mieux la supporter. Plusieurs minutes plus tard, Jordan se met à crier et me fait sursauter. Aussitôt je pose la main sur mon arme à côté de moi, prête à dégainer au moindre danger, alors que la blonde revient jusqu’à nous. Une fausse alerte, ou plutôt pas celle à laquelle je m’attendais. Si l’endroit n’est pas infesté de rôdeurs, il y a tout de même fort à parier qu’il le soit d'araignées. Je n’ai pas vraiment envie de bouger, mais je me fais violence et sort de la couverture pour me remettre debout. Les picotements envahissent la plante de mes pieds, sous la pression de mon poids, et la douleur ne tarde pas à se faire sentir.

Je ramasse mon sac et la couverture, prête à descendre dans ce fameux sous-sol, mais Noah ne semble pas se lever. Jordan l’interpelle, mais il a l’air amorphe. Et voilà que c’est elle qui chancelle en se relevant. Par réflexe, je tends la main pour la retenir. « Ça va, Jo ? » Son état m’inquiète aussitôt, de même que celui de Noah. C’est le signe qu’il est temps de bouger de là. J'acquiesce alors à la demande de la brune et vient l’aider pour mettre Noah sur ses pieds. Mes doigts sont tellement engourdis que je peine à exercer de la force avec, mais heureusement, il arrive à se hisser debout de lui-même. Il marmonne dans sa barbe qu’il peut s’en sortir seul mais c’est clairement le signe que non. Je laisse Eva faire quelques mètres avec lui et m’en retourne auprès de Jo, dont le visage semble bien plus irradié de chaleur que le nôtre. Je ôte un gant et pose ma main sur son front. La différence de chaleur est tellement flagrante que je n’y laisse pas longtemps les doigts. J’ai l’impression d’avoir touché les braises, tant j’ai les mains froides et rougies. « T’as de la fièvre ma vieille. T’as pas été en contact avec de l’eau ? » J’essaie de déterminer si c’est le froid qui l’a rendue fiévreuse ou un quelconque contact avec de la neige ou de l’eau. Quoi que ce soit, ça ne me rassure pas de la savoir dans cet état. Je prends son sac et saisis l’un de ses bras pour lui apporter appui afin de gagner les escaliers.

Noah et Eva nous devancent et s’aventurent les premiers dans les marches. Seulement en un instant, il échappe au maintien de la jeune femme et chute dans la descente. La brune s’empresse de couvrir la distance pour lui porter assistance, tandis que je presse le pas avec Jordan pour les rejoindre en bas. Je jette les sacs une fois arrivées, et aide la nouvelle à le soulever pour le mettre sur un des vieux matelas qui traîne au sol. Noah est loin d’être un poids plume mais on arrive tout de même à le tirer. J’espère seulement qu’il ne s’est rien cassé en tombant. « Noah, tu m’entends ? » Je presse et palpe chaque jambe, chaque bras, pour m’assurer qu’il ne s’est rien cassé ou déplacé. Si je ne l’entends pas crier, je considère que c’est bon signe. Malgré tout, son état est loin de me rassurer. Je sens en le touchant qu’il est gelé et ça, c’est mauvais signe. J’essaie tout de même de garder mon sang-froid, ne pas me laisser engloutir par l’angoisse de la situation, pour pouvoir l’aider au mieux. « Il faut le réchauffer, il est sûrement en hypothermie. » La marche à suivre est évidente mais je réfléchis à voix haute. Je n’ai pas senti d’humidité dans ses vêtements, c’est déjà un bon point. J’attrape alors la couverture avec laquelle Jordan et moi étions couvertes pour l’enrouler dedans. Je le mets sur le flanc et le borde en fourrant les pans en dessous de lui avant de  répéter l’opération avec la seconde couverture. On ne sent plus le vent ici, alors il devrait se réchauffer progressivement avec ça. « Tu devrais aussi t’allonger, Jo. » Je lève les yeux sur Eva et l’interroge « Toi, ça va ? » A nous deux, on devrait pouvoir gérer. Si on s’effondre tous, on est foutu alors il faut qu’on tienne. « Et toi t’as pas intérêt à me claquer entre les doigts Noah Evans sinon je te fais la peau, compris ? »  Ma menace transcrit mon inquiétude mais aussi ma ténacité. Ma détermination tente de rassembler le peu d’optimisme que j’ai pour faire face. Ce n’est pas aujourd’hui qu’il va se débarrasser de moi et je compte bien tout faire pour m’en assurer. J’abaisse le zip de mon manteau pour pouvoir partager un peu de la chaleur emprisonnée sous le tissu, et m’allonge contre lui. Il peut ne pas le vouloir, mais je m’en fiche. Tout ce qui compte, c’est que sa température remonte. Je le serre alors contre moi, posant mon menton sur son crâne, pour l’envelopper de ma chaleur. Mon gabarit est loin de pouvoir le couvrir entièrement, mais j’essaie d’occuper autant de surface que je le peux en m’emboîtant contre lui.

Les mains posées sur son corps affaibli, Jordan tourna son visage vers Eva, qui la soutenait. C'était exaspérant de se sentir aussi vulnérable. Elle inclina la tête en signe d'approbation lorsque Eva lui demanda d'y aller doucement, mais une préoccupation persistante pour Noah la tourmentait, faisant grimper sa tension et accélérant la propagation du virus dans son organisme. Immobile, elle fit un geste de la main à Aurora pour lui signifier qu'elle se débrouillerait. Elle laissa les deux jeunes femmes aider Noah à se remettre debout, mais celui-ci semblait indifférent. Était-ce surprenant ? Pas vraiment. Cependant, l'idée de lui donner un coup de pied aux fesses à cause de son caractère acariâtre lui traversa l'esprit.

La blonde ajusta le col de sa veste, qui s'était collé à sa peau à cause de la transpiration. Son corps bouillonnait, et le contact de la main froide d'Aurora sur son front la fit frissonner. Elle aurait aimé prolonger ce contact en posant sa main sur celle d'Aurora, mais la brune la retira rapidement pour lui demander si elle avait été en contact avec de l'eau.

La panique s'installa dans le regard de Jordan. Pas une seule seconde elle n'avait envisagé cette possibilité. Comment avait-elle pu être en contact avec de l'eau ? Avait-elle été touchée par de la neige à un moment donné ? Ne l'aurait-elle pas remarqué ? Jordan devait s'assurer de cela. Il était hors de question qu'elle reste enfermée avec les autres si son destin était scellé. Elle partirait, mettrait fin à sa vie d'une balle en pleine tête.

"Je... Je ne pense pas. Je vais vérifier en bas si..." Jordan n'eut pas le temps de finir sa phrase que Noah dégringola dans l'escalier, manquant de se fracasser le crâne.

La blonde pressa le pas avec Aurora, manquant de s'écrouler aussi dans l'action. Elle sentit que la brune était inquiète et la laissa l'ausculter rapidement. Noah était vivant, ce qui était rassurant, même s'il aurait probablement quelques contusions et douleurs. Elle décida de laisser à Aurora le soin de le réchauffer, ignorant son conseil. Il était crucial d'allumer un feu pour se réchauffer. Après avoir inspecté les environs, elle attrapa une pile de livres. En regardant la couverture, elle haussa les épaules, résolue à sacrifier la Bible au nom de leur survie. *De toute façon, je finirai en enfer* Elle confectionna plusieurs boulettes de papier, s'épongeant de temps en temps le front avec son avant-bras.

Elle ne prêta pas attention à ce qui se passait dans son dos. Sortant son Zippo de la poche de sa veste, elle retira son gant et alluma une flamme. Elle déposa la source de chaleur sur un papier qui s'enflamma, enflammant les autres morceaux de papier. Attrapant une bûche à côté du foyer, elle la plaça au-dessus du feu naissant. Elle prit soin d'attendre que les flammes prennent bien avant de tourner la tête et de voir Aurora s'occuper de Noah. Plutôt que de lâcher une blague, elle laissa simplement un léger sourire se dessiner sur son visage et demanda à Eva de la suivre un peu plus loin.

"On sait que tout contact avec de l'eau contaminée laisse des traces sur le corps. Je ne sais pas si..." Jordan marqua une pause, priant pour que ce ne soit qu'une grippe. Elle ne voulait pas mourir maintenant, pas de cette façon. "Dis-moi, si tu vois une rougeur, s'il te plaît..." La blonde retira ses vêtements progressivement, se retrouvant en sous-vêtements devant la brune. Le froid sur sa peau lui fit du bien, mais il ne fallait pas qu'elle reste ainsi indéfiniment. Observant le devant de son corps, elle se tourna ensuite, retirant ses cheveux de son dos pour permettre à Eva d'inspecter.

Jordan avait les yeux fermés, son cœur battait à tout rompre. Elle ne voulait pas entendre qu'il y avait une quelconque marque. Pas maintenant, pas comme ça.

Je n'aime pas ça du tout. Mais je fais de mon mieux pour le soutenir, parce que j'ai l'impression qu'il va se casser en mille morceaux d'ici peu. Je ne sais pas pourquoi j'en ai même quelque chose à foutre, remarque. J'imagine qu'il faut s'aider un peu, tous les quatre - pour sortir d'ici en vie. Enfin, c'est ce que je pense, jusqu'à ce que Noah nous prouve qu'il est le plus gros idiot de la planète. Je le laisse s'agiter et marmonner ses conneries, incertaine. Je roule même les yeux au ciel, me disant qu'il va bien finir par se calmer, sauf que j'en demande trop, de toute évidence. « Noah - NOAH - » Il ne tolère pas mes bras autour de lui, et s'exile bien vite loin de moi. Je tente de le rattraper, de tirer sur ses vêtements pour le retenir, mais je n'arrive à rien. Il m'échappe, et dévale les escaliers - tête première, le pauvre con. Je marque une pause, les bras croisés, complètement estomaquée par sa stupidité - et non sans lancer un regard confus au duo qui m'accompagne. Je soupire, mais je dévale tout de même les escaliers pour vérifier l'état du type. Il ne bouge pas trop, et respire à peine; c'est mauvais signe.

Jordan et Aurora nous suivent de près, et les deux femmes semblent d'ailleurs particulièrement inquiètes à propos du mec. Avec l'aide de la brune, on l'installe sans tarder sur un vieux matelas. Je la laisse examiner un peu son copain, tandis qu'elle parle d'hypothermie et de ce qu'il faut faire pour le réchauffer. Je lève ensuite la tête vers Jordan, quand son amie lui ordonne de se poser. Elle a raison.

« Je suis okay. Toi aussi? » que je lâche distraitement pour Aurora, avant de l'entendre menacer Noah - trahissant enfin à quel point il semble compter pour elle. J'affiche un sourire amusé en le réalisant, laissant donc la miss s'allonger à ses côtés pour le couver. D'instinct, je pose ma propre couverture sur eux, question d'ajouter une couche de protection sur le couple.

C'est la blonde qui s'occupe du feu, maintenant, utilisant des pages de la Bible comme principal combustible - rien de moins. « L'ironie est quand même hilarante. » que j'affirme en me rapprochant de sa personne. Je plisse les billes en l'observant plus attentivement, n'empêche. Jordan est clairement prise d'une sérieuse fièvre, quoi qu'elle puisse en dire. Alors je ne rouspète pas, quand elle me demande de la suivre. « Quoi? Tu crois vraiment que - » Putain, elle est contaminée? Je recule un brin, par réflexe - avant de retrouver mon calme. Elle parle des traces qui mutilent forcément le corps, lors d'une infection, et me demande d'inspecter chaque parcelle de sa peau, pour en avoir le coeur net. Je suis sur le cul, sans grande surprise. Mais il faut ce qu'il faut, n'est-ce pas?

Je ne suis clairement pas à l'aise, même si je ne peux que venir hocher de la tête pour lui dire que j'accepte, évidemment. Je ne vais quand même pas refuser une telle requête, pas quand il est question de sa vie. Et de la nôtre, d'ailleurs - si elle est véritablement infectée. Elle deviendrait potentiellement dangereuse pour nous, après tout - même si je préfère ne pas penser à cette éventualité. Je n'ai pas nécessairement envie de l'abattre, quoi. Enfin, je la regarde se déshabiller sans parler, parcourant son corps à la recherche d'une quelconque anomalie, et notant au passage à quel point elle est... magnifique. Je suis un peu dans ma tête, du coup, quand elle se retourne pour que je puisse vérifier son dos. « Rien à signaler. » que je souffle doucement, avant de remarquer que la bretelle de son soutif est tombée, à son épaule. Je la replace doucement, mes doigts froids se posant sur sa peau brûlante dans un contraste étonnant, glissant jusqu'à son poignet en suivant l'un de ses tatouages. Et c'est grâce à ce contact que je réalise à quel point elle est rongée par l'anxiété - je peux sentir son pouls qui s'emballe un peu plus à chaque seconde. Je l'invite donc à se retourner pour qu'elle puisse me regarder, ne lui laissant pas trop le choix d'obtempérer, d'ailleurs.

« Respire un bon coup, allez. » J'inspire longuement avec elle, avant d'expirer lentement, recommençant la manoeuvre tant que c'est nécessaire. Et je lui répète ce que j'ai pu constater l'instant plus tôt, comme pour la rassurer. « Je n'ai rien vu du tout. » Mes billes émeraude sont plantées dans les siennes, pour lui montrer que c'est la vérité, que je ne suis pas en train de lui mentir en plein visage - comme je sais pourtant si bien le faire. Sauf que le silence ambiant me pèse, quand je baisse finalement les cils pour briser le contact. « Ma jumelle n'est jamais quand il faut, bordel. » que je rumine pour rompre ce calme trop alarmant pour moi. Un petit fond musical, Mya, par pitié? « Je prendrais bien une petite mélodie pour passer le temps, mais vous allez vraiment me tuer si je vous casse les oreilles avec mon absence de talent. » J'ose rire, le pire - même si rien de tout ça n'est drôle, au contraire.