Wanna find a place to play?

Depuis le début de cette épidémie, Jordan n’était pas du genre à traîner au lit et faire des grasses matinées, au contraire, ses insomnies chroniques, mélangé à des cauchemars permanent l’empêchait de profiter d’une bonne nuit de sommeil, mais elle y était habituée finalement et avait trouvé de quoi occuper son temps quand la plupart des autres dormaient. Renforcement physique, mental, la blonde profitait de se cultiver en lisant, elle qui n’avait jamais très suivi à l’école, elle en profitait maintenant pour améliorer ses compétences. Botanique, électricité, plomberie, survie, au lieu de glander à observer le plafond en attendant qu’il y ait plus de mouvement. Elle aidait aussi parfois dans le camp, en dehors de ses cours de combat, elle mettait la main à la pâte, car elle détestait ne rien faire.

Assise sur un conteneur de fret, elle observait le camp de sa hauteur. Livre posé sur sa cuisse, bloqué par son index pour ne pas perdre sa page, elle soupira un instant, elle comprenait maintenant pourquoi l’école était importante, heureusement pour elle, elle avait quand même une bonne logique, mais ça ne l’empêchait pas de galérer à comprendre. La mécanique était toute nouvelle et elle n’arrivait pas à se concentrer sur les différentes pièces qui composaient un moteur et elle était du genre à avoir la nausée si elle forçait trop.

Tournant la tête, elle aperçut une tête, qu’elle ne connaissait que trop bien. Elle sauta de son perchoir, épousseta l’arrière de son pantalon et attendit qu’il finisse avec quelqu’un pour se positionner derrière lui pour tendre la main et tapoter sur son épaule. Pour plaisanter, elle se présenta d’un parfait salut militaire en lâchant un “Chef, au rapport” car elle savait ô combien il n’aimait pas ça, puis un sourire narquois se dessina sur son visage. “Ça va, je plaisante, détends toi. D’ailleurs, t’es occupé ? J’avoue que je m’ennuie et un peu d’action me ferait du bien.”

Quoi de mieux qu’un petit combat pour attaquer la journée et se mettre en forme ? Même si Noah était imposant et lui mettait au moins une bonne tête, elle n’avait pas peur, car ce n’était qu’un petit un contre un amical et elle avait affronté plus impressionnant. Mettant un petit coup de poing sur sa poitrine, elle lui fit un clin d'œil en se mordant la langue pour qu’il comprenne où elle voulait en venir et non partir sur autre chose, comme avait pu comprendre un petit groupe qui était à côté. Après tout, Noah était canon, mais ce n’était pas du tout son genre.

Il y a tellement de choses à faire en réalité. Et c’est cool parce qu’avec mes insomnies, je trouve toujours de quoi faire. Je traîne rarement au lit, enfin, sauf quand j’ai une conquête, mais ça reste plutôt rare. Du sport, du rangement, la carte que je tiens de la ville, Lois, des rondes. Des nuits qui regorgent de possibilités. Puis j’aime bien bricoler alors ça me dérange pas de réparer ou même d’essayer de créer de mes mains quelque chose qui peut servir. Peut être qu’au fond je veux laisser ma marque, mon empreinte sur un monde détruit. Et comme je n’aime pas ne rien faire, j’ai la sensation d’être utile comme ça.

Je reviens du bois non loin de l’aéroport avec une brouette de bois pour les feux extérieurs qui tiennent chaud aux guetteurs. J’ai encore mon vieux baladeur mp3 avec des vieilles musiques, que j’écoute quand je travaille dans le camp. Je le retire lorsqu’il tombe en rade de batterie et je le range dans la poche de ma veste. Je reprends la route avec la brouette jusqu’aux différents feux de camps et je distribue le bois trouvé. Au moins il y aura un peu de chaleur. Je me dirige vers la piste. Je vais essayer de retourner à mon petit projet. J’ai pas de sortie prévue et ça me va. Je vais pouvoir faire du sport, bosser un peu pour le camp et faire mon asociale. Enfin… presque.

Je sens que l’on me tapote l’épaule mais heureusement que l’on me parle au même moment où j’aurais pu avoir une mauvaise réaction.  « T’es chiante. » Je me tourne vers la jeune femme et j’embrasse son front en guise de bonjour. Je range mes mains dans mes poches en regardant Jordan.  « Non j’ai prévu une journée pour moi aujourd’hui. Un peu d’action dis-tu ? » Je viens doucement la bousculer d’un coup de hanches avec amusement après son coup sur mon torse. J’aime beaucoup trop l’embêter avec des allusions qu’elle déteste, tout comme moi et ce surnom débile qu’elle me donne.

Je passe un bras autour de son épaule et je pose ma tête contre la sienne.  « Aller viens. Allons faire du corps à corps chérie ! » Je ris légèrement en la poussant légèrement et c’est le bras autour de ses épaules que je me dirige vers le gymnase improvisé en sa compagnie. Je la regarde en marchant tranquillement.  « Comment tu vas ? Tu dors assez ? » Il y a un petit moment que je n’avais pas vu la jeune femme et j’aime toujours passer du temps avec elle, et nos petites cessions combat.

“C’est mon deuxième prénom.” Dit-elle avec un large sourire en réponse au fait qu'elle était chiante. “Pour vous serv…” Noah se pencha vers elle pour lui déposer un baiser sur le front et elle resta bloquée pendant un instant en plissant les yeux, puis haussa légèrement les épaules ne voulant faire aucun commentaire sur ce qu'il venait de faire. Elle savait que c'était pour l'embêter et elle ne lui laisserait pas le plaisir de la voir s'énerver. Elle essuya d'un revers de main son front comme pour effacer son contact tout mignon qui lui donnait de l'urticaire. Ok, ils étaient proches, mais les bisous ce n'était pas vraiment son truc.

“Oui, de l'action, comme tu l'aimes”, dit-elle avec un petit sourire suffisant et un petit mouvement de sourcil pour laisser croire aux commères du coin qu'ils allaient s'échauffer, mais pas de la façon dont ils le faisaient. “J'ai beaucoup de tension à évacuer.”

Son coup de hanche la fit rire et lui retourne l'appareil.“J'ai hâte. La séance de la dernière fois était intense, prépare toi bien parce qu'aujourd'hui, je suis en forme olympique” s'amusa t'elle à dire d'une voix un peu portante en se laissant diriger par Noah.

Reprenant un peu son sérieux en s'éloignant du groupe qui commençait déjà à discuter de la situation, elle passa ses mains dans ses poches de pantalon et haussa légèrement les épaules. “Ça va, mes nuits ce n'est pas la folie, mais je fais avec la situation, les cauchemars tout ça… Je pense que réussir à enchaîner 3 heures de sommeil est devenu un luxe de nos jours et toi ?” Demanda-t-elle en relevant la tête vers lui.

Il était vrai que les insomnies étaient déjà monnaie courante pour Jordan avant l'épidémie, alors, elle avait l'habitude, même si parfois, elle avait des moments de creux dans la journée, elle gérait. Pourtant, elle faisait tout pour se fatiguer, forcer à la dernière minute pour trouver enfin le sommeil, mais non, rien n'y faisait et patiente comme elle l'était, il lui était impossible de rester trois heures à fixer le plafond alors elle s'occupait du mieux qu'elle pouvait.

Retirant le bras de Noah de son épaule en se décalant, elle s'éloigna un peu pour commencer à s'échauffer, tout en écoutant son ami lui répondre. Elle commença par ses chevilles et remonta petit à petit pour finir par s'étirer la nuque. Elle fit quelque mouvement dans le vide pour se mettre en selle et tendit ses revers de mains vers Noah pour lui faire signer d'approcher.

“J'espère que tu es en forme aujourd'hui ?” Demanda t'elle avec sourire narquois pour le titiller.

Jordan positionna son corps et sa garde et attendit patiemment qu'il fasse le premier pas. Elle avait coupé court à leur début de conversation mais, elle voulait un peu d'action pour bien commencer sa journée, puis, elle savait qu'ils allaient comme à leurs habitudes échanger entre deux coups. C'était leurs manières à eux de faire la parlotte et de prendre des nouvelles.

J’embrasse son front parce que je sais qu’elle aime pas vraiment ça et que ça la fera taire dans ses bêtises. Je la vois essuyer son front ce qui me fait lâcher un petit rire. Je sais qu’elle a envie de s’énerver, ne la connais trop bien et qu’elle ne veut pas me laisser voir ça. Mais ce que j’adore avec Jordan, c’est qu’elle rentre toujours dans le jeu, quand je le provoque et là, avec les regards autour de nous, évidemment que ça va jaser, et je m’en fiche. C’est plutôt drôle en réalité, de voir à quelle vitesse peut se répandre une information aussi banale au sein du camp. Je lâche un petit rire alors que je réponds à ses paroles.  « J’adore l’action avec toi. » Je lui file un coup de hanche qu’elle me renvoie et cela me fait rire en réalité.

Je glisse un bras autour de ses épaules alors qu’elle reprend la parole et je ris aux éclats en l’entendant dire qu’elle est en forme olympique. Je fais semblant d’être surpris avant qu’un sourire en coin ne se forme sur mes lèvres.  « J’ai hâte de pouvoir te retourner comme une crêpe. » De quoi laisser jaser les commères de la Tanière comme il le faut. On s’éloigne tous les deux et on reprend notre sérieux habituel, même si j’aime bien ce genre de situation. Cela n’arrivera certainement jamais entre Jordan et moi et pourtant en plaisanter ne me dérange pas du tout. On a déjà beaucoup parlé de choses elle et moi, et c’est pas un sujet qui me dérange. Je la questionne sur ses insomnies, ce que je connais très bien en réalité. Puis bon parfois je la trouve très fatiguée et j’aime pas trop ça, même si je ne peux rien dire. Je l’écoute attentivement à ce sujet là et je hoche la tête à ses paroles. « Les nuits sont pas franchement utiles dans mon cas. Sauf quand je suis plusieurs jours d’affilé dehors, c’est là où je dors le mieux généralement, enfin quand je rentre j’entends. Je dors que très rarement hors des murs. » Je lâche un petit rire imaginant la scène si je m’endormais un peu partout et que le bruit de gargouillis me réveillerait. Ou alors un cauchemar qui me ferait hurlé et répète direct. Ce serait trop dangereux.

C’est difficile de faire en sorte de trouver le sommeil et pour moi le seul moyen c’est d’être complètement vidé d’énergie ou alors vraiment moralement touché. Mais c’est comme ça. Généralement je trouve des choses à faire pour m’occuper. Soit dans la chambre pendant que je veille sur Alana, soit dans le camp quand j’ai envie de bouger et que je suis incapable de rester assis, ce qui arrive assez souvent pour dire vrai. Comme j’aime bien bricoler je m’occupe de cette façon. Construire, réparer, améliorer. Je nettoie aussi les armes tant qu’à faire. Et je continue ma carte.

Je la relâche lorsqu’elle s’écarte et je retire ma veste pour être plus libre de mes mouvements. Je suis en débardeur et en jogging, et pour éviter de faire mal, je retire aussi mes chaussures. Je m’étire longuement et je m’échauffe alors pour ne pas me faire mal. Je sautille un peu sur place en bougeant mes poignets et je fais ensuite mes craquer mes doigts. Je vois ensuite la jeune femme se mettre en position et j’en fais de même. Je lâche un petit rire à sa question et je souris grandement.  « Je suis toujours en forme pour te botter le cul. » Je vois qu’elle veut que je m’approche et je souris légèrement amusé. Je sais que ça va l’énerver et j’ai déjà envie de rire mais je fais semblant d’approcher, d’elle avant de tendre mon bras et de poser la paume de ma main sur son front.  « Hors d’atteinte. » Je sais que pour ça, je vais prendre cher, mais c’est tellement drôle, que je n’ai pas pu m’empêcher de le faire.

Si de l’extérieur cela ressemblait à de la drague et des avances, il n’en était rien, Noah et Jordan adoraient jouer de leur proximité pour faire courir des rumeurs. Cela arrangeait la blonde car aucun homme n’avait tenté de l’approcher en sachant qu’elle était peut-être l’amante du chef adjoint de la tanière ou était-ce son excellence au combat qui les effrayait, en tout cas, elle n’avait pas besoin de remballer qui que ce soit et c’était tant mieux.

L’écoutant parlé de son sommeil, la blonde ne put s'empêcher de se moquer, en imaginant une situation à l’extérieur et voir Noah dormir sur ses deux lauriers alors que le danger était présent tout autour. Secouant la tête pour confirmer qu’elle avait compris, elle était heureuse d’entendre qu’il arrivait à se reposer après des journées en dehors de la tanière.

“Avec la pression que vous subissez en dehors, je suis heureuse d’entendre que tu arrives à récupérer. Je rêve d’une bonne nuit de sommeil, quatre ou cinq heures d'affilée…Je ne demande pas grand-chose…” Dit-elle en haussant les épaules et lâchant un léger rire. Elle préférait en rire qu’en pleurer, son esprit ne voulait jamais s’éteindre, toujours sur le qui-vive d’une quelconque urgence. C’était son quotidien depuis qu’elle était petite et ça ne changerait certainement pas.

Penchant la tête sur le côté, elle pinça ses lèvres. “Me botter le cul un, j’attends de voir ça.” Son sourire était joueur, Noah était un adversaire qu’elle adorait combattre, ils aimaient se donner à fond, tout en restant conscient des coups, ils ne cherchaient pas à se blesser, juste à se faire un peu de mal et ressentir l’adrénaline d’un échange. Ils arrivaient parfois que l’un d’entre place un coup un peu trop fort et ils s’arrêtaient pour s’excuser pour reprendre de plus belle. Le sang n'entrait que très rarement en jeu.

Le regardant s’approcher, le corps de Jordan se tendit un peu et la main placée sur le haut de sa tête la fit sourire, car elle savait qu’il plaisantait toujours sur sa taille, ok, Noah lui mettait une bonne tête, mais ce n’était pas pour autant qu’elle était impuissante face à lui. “Tchhh," cracha-t-elle avant de saisir son poignet de ses deux mains, de faire semblant de frapper dans ses parties pour qu’il se penche légèrement et dans un mouvement rapide, elle le tira vers elle en s’agenouillant le faisant tomber alors par terre et se retrouva alors à califourchon sur son dos, son bras pris dans une clé. Elle se pencha alors vers son oreille.

“La taille ne fait pas tout, dépend de comment on s’en sert, tu dois connaître non ?” Dit-elle en relâchant sa prise sur son bras pour ne pas lui faire mal.

Celui qui croit que Jordan et moi, on se drague, c’est que c’est un bel imbécile. Et ici il y en a beaucoup. Mais ça l’arrange, personne la drague et quelque part ça m’arrange aussi. A part quelques aventuriers, personne ne vient m’emmerder aussi. Et je préfère passer mon temps avec elle, à prendre parfois une branlée, au moins, j’arrive à être moi-même à ses côtés. Elle connaît pas mal de choses sur ma vie ça aide peut être.

Quoi qu’il en soit on en vient à parler de sommeil. Et étant donné que j’ai été à l’extérieur, j’ai pu dormir. Cela m’aide toujours en réalité car je dors très peu dehors, même lorsque je suis en sécurité. Je regarde Jordan lorsqu’elle reprend la parole et je ris légèrement.  « S’il n’y a que ça, appelle moi et je viens t’assommer, tu auras un peu mal au crâne au réveil mais au moins tu auras dormi. » Je souris en la regardant. Évidemment il y a de meilleures méthodes que cela. Mais j’avoue que ça m’a paru drôle sur le coup. Mon humour, c’est tout un art. Mais je la comprends, c’est difficile quand on dort peu, et ça fait parfois baisser nos capacités.

Je suis content qu’elle m’ait trouvé pour un combat. Ça va m’aider à me dépenser et à évacuer mon trop plein d’énergie et surtout où ce qui peut tourner dans ma tête depuis quelques jours. Je ris légèrement à sa réplique. J’adore ces petits moments entre nous. Toujours enclin à l’adrénaline, et à la chamaillerie. On ne s’est jamais réellement blessés mutuellement, sauf cette fois où elle a manqué de me crever un œil, mais on en a tellement rit ensuite que mon visage est devenu aussi rouge que mon œil. Je ne peux m’empêcher de poser ma main sur son front, de jouer sur notre différence de taille. Déjà parce que ça l’énerve mais aussi juste parce que c’est drôle. Elle attrape mon poignet et en réalité je me laisse un peu faire. Alors que je finis au sol, le bras dans le dos, je rigole à ses paroles sur la taille et la façon de s’en servir.  « T’es vraiment une beauf tu le sais ça ? » Je coince sa jambe de la mienne et je nous fais rouler pour me dégager.  « D’ailleurs, tu devineras jamais ce qui s’est passé dans la semaine. »

Je nous relève doucement avec assez d’aisance et je me remets en position. Je finis cependant par m’arrêter parce que je sais que la suite de la conversation va sûrement m’énerver et je n’ai pas envie d’avoir un geste incontrôlé. Je soupire légèrement en disant.  « J’ai dû faire équipe cette semaine pour ramener une pièce. La personne que l’on m’a attribué n’avait plus de binôme parce que cet abruti s’est retrouvé sous la pluie. Ce qui fait que l’on m’a attribué Aurora en binôme. » Je sais très bien ce que cette annonce va faire comme effet. Mais je n’ai pas encore tout dit et en réalité j’ai honte de moi. Je me dirige vers le sac de frappe improvisé et je commence à taper dedans même si j’ai encore mes mitaines. En réalité elles cachent mes mains écorchées.  « J’ai perdu les pédales sous la colère. Mes coups sont de plus en plus furieux, et la seule chose que j’imagine sur ce sac, c’est la tête. Je suis tellement en colère contre moi, et tellement triste. Je tape et je ne m’aperçois même pas du sang qui coule à nouveau et tache à la fois le tissu et le sac de frappe.

La proposition de Noah semblait alléchante, mais la perspective d'une douleur persistante à l'endroit où il l'aurait frappée pour l'assommer la dissuada d'accepter. Peut-être qu'un jour elle aurait droit à une bonne nuit de sommeil, peut-être qu'un jour elle parviendrait à se pardonner ses actions. Cependant, le chemin vers la rédemption était long et lent, entravé par son silence sur son mal intérieur. Comment pouvait-elle en parler alors qu'elle en avait honte ? La crainte du regard, du jugement et de la possible perte d'une amitié qui lui tenait à cœur la retenait. "Oui, non, on va éviter, mais merci pour la proposition," déclara-t-elle.

Sur les hanches de Noah, Jordan éclata de rire. "Qui se ressemble s'assemble, non ?" Tous deux étaient adeptes d'allusions sexuelles qui avaient tendance à exaspérer les autres. Il suffisait d'un regard pour qu'ils se connectent dans la plaisanterie. Se laissant relever par Noah, elle fit un pas en arrière, arquant un sourcil à son énoncé sur un événement de la semaine. "Oh ?" Avec Noah baissant sa garde, Jordan en fit de même, prête à écouter attentivement.

Le sujet d'Aurora fut abordé, et la réaction de Noah indiqua que cela ne s'était pas bien passé. Jordan devrait certainement en entendre parler de son amie. Elle refréna un soupir, comprenant que malgré leur amour, Aurora et Noah étaient deux têtes dures incapables de surmonter le passé. La tension entre eux était évidente, et Jordan avait parfois envie de les enfermer pour qu'ils règlent leurs différends. Cependant, elle ne voulait pas être complice d'un éventuel dérapage.

Fronçant les sourcils, elle s'avança alors que Noah perdait le contrôle face à la mention d'Aurora. Elle remarqua des gouttes de sang et tenta de maintenir le sac de frappe qui ne tiendrait pas longtemps face à cet assaut. "Noah..." Elle lâcha le sac, déposant sa main sur son poignet pour tenter de l'arrêter, esquivant de justesse son coude en colère. Elle comprit que ce n'était pas intentionnel, connaissant la réaction qu'elle-même aurait dans la même situation.

Enlaçant Noah, elle tenta une étreinte rassurante, puis s'éloigna pour inspecter ses blessures. Elle lui fit comprendre qu'elle ne lui en voulait pas, dégageant sa main pour examiner les dégâts. "On abandonne l'entraînement aujourd'hui, faut nettoyer tout ça pour éviter l'infection." Pas besoin d'aller à l'infirmerie, son kit de premiers soins ferait l'affaire. "Allez, viens," dit-elle, les invitant à se rendre aux dortoirs dans un silence lourd.

Ignorant les regards et les murmures, elle le fit entrer en premier et referma la porte derrière eux. "Si quelqu'un m'avait dit que j'amènerais un homme dans ma chambre..." Jordan lui montra son lit pour qu'il s'assoie, puis fouilla dans son sac à la recherche du kit. Sortant la bouteille d'alcool, la gaze et les bandes, elle s'installa à ses côtés. "Alors, explique-moi." Attrapant la main de Noah, elle versa de l'alcool sur une gaze et commença à nettoyer, soufflant délicatement pour apaiser la sensation.

Je sais ce qu’elle peut vivre avec le sommeil, déjà avant cette catastrophe j’avais du mal à trouver le sommeil, mais depuis c’était encore pire. Les nuits ponctuées de mon syndrome de choc post traumatique n’aident vraiment pas, mais j’ai fini par m’y habituer. Je me suis habitué aux cauchemars, à toutes ces horreurs que je vois chaque nuit dans mes rêves, mais parfois j’aimerai juste passer une nuit paisible. Mais je sais que ça n’arrivera plus, maintenant. Nous avons tous nos raisons et notre jardin secret mais je comprends très bien celle qui est devenue ma meilleure amie. Je regarde Jordan assez amusé à sa réponse, avant de dire d’un ton moqueur.  « Tu sais où me trouver si jamais tu veux un petit coup. Sinon faudrait trouver des hypnotiseurs ou je sais pas comment on les appelle. »

Alors qu’elle est sur mes hanches, je la regarde avec amusement lorsqu’elle rigole. Et en vérité moi aussi.  « Tout a fait ! Surtout quand je me retrouve avec un vibromasseur sur les hanches. » Je lâche un éclat de rire en voyant sa tête, puis je viens échanger nos positions pour m’éviter un désagrément disons naturel. Puis je me relève et je l’aide à se relever. J’ai besoin de parler à quelqu’un de ce qui s’est passé il y a quelques jours parce que ça me reste sur le coeur, et que je me sens mal. D’ailleurs je n’arrive plus vraiment à réfléchir correctement et partir en expédition me permet de faire taire tout ce qui se passe en moi. Je baisse finalement ma garde après lui avoir laisser l’occasion de deviner ce qui avait pu se passer. Je finis cependant par mettre fin au suspens en lui racontant avec qui j’ai été en binôme à l’extérieur.

Le simple fait de commencer à évoquer ce qui s’est passé me tend, et mes émotions débordent. Je perds le contrôle là dessus mais je ne peux pas les laisser me submerger. Alors je fais vers le sac de frappe pour cogner dessus. Tant pis si cela rouvre les plaies que j’ai sur les poings. Elle a toujours été la pire faiblesse, du plus loin que je me souvienne, et elle a cette capacité à être celle qui peut me faire le plus grand mal. Plus je pense à notre histoire plus je cogne fort. Je déteste tellement tout ça. Je sens une pression sur mon poignet et je manque de cogner Jordan, ce qui m’immobilise aussitôt. Je sens ses bras autour de mon corps, mais j’ai les poings crispés et je n’arrive pas encore à relâcher la tension qui m’empêche de craquer. Parce que je n’ai aucune envie de craquer. Elle veut qu’on abandonne le combat et je n’émets pas d’objections.

Je suis Jordan dans les couloirs, alors que mes mains tremblent. Je regarde Jordan et je souris légèrement à sa remarque.  « Si encore tu jouais au lego avec… » Je tourne en rond, je ne sais pas si je suis capable de m’asseoir en réalité. Je regarde Jordan lorsqu’elle sort tout son matériel pour me soigner et je finis par m’asseoir au bord du lit. Je bouge les jambes alors que je la laisse désinfecter mes mains. Je ne ressens même pas la douleur, en réalité. J’expire bruyamment en soufflant lentement, et je secoue la tête en posant mon front entre mon pouce et mon index.  « Elle m’a fait sortir de mes gongs. Je te jure j’ai vrillé si vite. Je l’ai balancé dans le vide. Évidemment je la tenais parce que j’aurais jamais pu… mais sur le coup. » Je secoue la tête en frottant mes paupières et je me laisse tomber sur le lit et je pose mon bras sur mon visage. Je soupire légèrement en ajoutant presque dans un murmure.  « Ça me fait tellement mal. Je la déteste Jo, je la déteste tellement de me rendre aussi faible, aussi malheureux.»

Jordan maintint son attention sur la main de Noah. Pendant un bref instant, elle interrompit son mouvement pour écouter l'explication de son ami. Connaissant bien le jeune homme, elle était consciente de sa propension à perdre rapidement le contrôle émotionnel, surtout lorsqu'il s'agissait d'un proche, et plus particulièrement de la brune. Elle était l'amour de sa vie, un sentiment qu'il ne pouvait dissimuler. Chaque fois que le sujet d'Aurora était abordé, son cœur était blessé, et la colère prenait souvent le dessus. Par moments, la blonde se demandait si une médiation entre les deux ne serait pas plus bénéfique, avec un tiers pour apaiser les tensions. Bien qu'elle ne soit pas psychiatre, son caractère bien trempé lui permettait d'apaiser les deux têtes brûlées en cas de montée de tension. C'était un peu comme une mère grondant ses enfants se disputant pour le temps de jeu vidéo.

"Elle est là, vous êtes tous les deux là et c’est le principal, même si je ne cautionne pas du tout ton geste", souffla-t-elle. Leur présence, c'était tout ce qui importait. Elle était la confidente, il était le meilleur ami, et tous deux faisaient partie intégrante de sa famille. Chaque fois qu'ils franchissaient les limites de leur repaire, Jordan ressentait une angoisse profonde. Elle s'était juré de ne pas s'attacher, de se fermer à l'amour, mais elle avait oublié que l'amitié pouvait être tout aussi difficile à remplir. Noah était comme un frère, et même s'ils ne partageaient peut-être pas le même sang, elle sacrifirait sa vie pour lui, si nécessaire.

Un instant, son esprit s'était égaré en pensant à son petit frère. Chaque soir, une multitude de questions l'assaillait.

Est-ce la même en Europe ?
Comment il va ?
Était-il toujours vivant ?
Le reverrais-je un jour ?

La main de Noah s'échappa des siennes dans son mouvement, la ramenant à la réalité. Elle soupira et secoua légèrement la tête tout en observant son ami allongé. Ses soins n'étaient pas encore terminés, mais elle ne voulait pas le brusquer. Le saignement s'était arrêté, c'était l'essentiel. Elle prévoyait de le panser une fois qu'il se serait calmé. S'allongeant de côté, elle soutint son poids sur son coude et posa sa main sur la joue de Noah pour le forcer à tourner la tête vers elle.

"Tu n'es pas faible, Noah. L'amour est quelque chose de puissant, et tu ne devrais pas avoir honte de ce que tu ressens. Elle te rend malheureux, et j'en suis désolée. Je tenterai de lui faire entendre raison. Elle est très têtue... J'allais dire parfois, mais ce serait mentir," dit-elle en laissant échapper un rire. "Elle te connaît, je te connais. On sait à quel point tu peux déraper face à la colère, et je ne pense pas qu'elle t'en veuille, bon, elle utilisera très clairement cette action pour te lancer une pique. Mais, au fond, je sais qu'elle t'aime aussi. Ce que je n'arrive pas à comprendre, c'est pourquoi elle réagit ainsi. Enfin, je demande ça, mais tu es le premier à ne pas le comprendre…"

La blonde se laissa tomber sur son flanc et posa son front contre celui de Noah, déposant ensuite un léger baiser avant de se blottir contre lui, posant sa tête sur son épaule dans une étreinte réconfortante.

"J'irai lui parler, mais s'il te plaît, la prochaine fois, essaie de ne pas la blesser, sinon je devrai te casser la gueule," dit-elle en tapotant doucement son poing contre ses côtes.

Je la laisse me soigner les mains, de toute façon je sais que si je bouge elle va râler, alors je prends mon mal en patience. Ce qui est plutôt rare, mais en réalité j’ai envie de calme, je n’ai pas envie d’une dispute, ou juste de voix dont le ton s’élève. L’avantage c’est que même si on ne se connaît pas depuis de longues années, Jordan me connaît très bien. Elle m’a vu dans de sales états, notamment le premier jour où j’ai aperçu Aurora ici. J’aurais détruit un mur à mains nues et mon bureau si la blonde a mes côtés n’avait pas été là pour m’arrêter. Mes émotions ont toujours été difficiles à gérer, mais quand elles appartiennent à mon chapitre Aurora, elles sont comme un ouragan dévastant des côtes. Et je perds le contrôle, comme ce qui s’est passé sur ce toit il y a quelques jours.

Je regarde Jordan lorsqu’elle prend la parole suite à ma révélation. Évidemment qu’elle ne cautionne pas mon geste, moi même j’ai du mal à croire à ce que j’ai fais même si sur le coup, cela m’a fait du bien. Et c’est ce qui me fait horreur.  « Oui c’est sur.. » Qu’est ce que je peux répondre à ça de toute manière ? Je sais qu’elle est aussi proche d’elle, donc je sais que ça l’affecte également. Jamais en pleine apocalypse je me serais imaginée à trouver des amis et même une famille supplémentaire. Évidemment j’ai ma petite sœur, mais Jordan et cette ado turbulente mais que j’aime beaucoup trop en font parti aussi. Tout comme Aurora et son frère. Ils le sont aussi depuis qu’on est gamin. Et c’est peut être ce qui me fait le plus mal.

Je me laisse tomber dans son lit en soupirant et je pose un bras sur mon visage. Je sens un poids supplémentaire sur le lit qui se rajoute à mes côtés, et en sentant cette main sur mon visage je fais l’effort de le tourner vers la personne à mes côtés, avant de découvrir mes yeux. Je l’écoute lorsqu’elle prend la parole et je ne peux m’empêcher de lâcher un rire jaune lorsqu’elle me dit que l’amour est puissant. Vu le désastre qu’il a engendré dans ma vie, il est en effet très puissant. Elle rit elle-même lorsqu’elle avoue que ce serait mentir que de dire que Aurora n’est que têtue par moment. On sait tous que c’est un mensonge évidemment.

J’observe Jordan lorsqu’elle finit de parler et je lâche un rire à son questionnement.  « Il n’y a pas besoin de se questionner. Tout ce qui l’engage dans la vie, elle le fuit, et c’est ce qu’elle a fait avec moi. Elle a fui lâchement parce que ça devenait compliqué, c’est aussi simple que ça. » Je regarde le plafond, la mâchoire crispée. Je tente de ne pas m’énerver à nouveau, parce que je sais très bien que je serais méchant dans mes propos. Je garde ma tête contre celle de Jo, lorsqu’elle embrasse ma joue et je ferme les yeux. Je la serre contre moi, lorsqu’elle se blottit et je lâche une respiration un peu plus bruyante. En réalité je ne sais pas quoi penser de tout cela, j’ai juste envie d’oublier, d’ignorer, d’avancer. Mais je sais aussi que c’est impossible et que je dois m’en contenter. Lorsque Jordan reprend la parole, je l’écoute attentivement avant de lâcher un éclat de rire à ses derniers mots.  « Je sais que t’adores me tripoter, tu peux pas t’en empêcher. » Je ris de nouveau lorsqu’elle touche mes côtes avec son poing et je viens planter mon index sur elle comme pour la chatouiller au même endroit.

 « Mais concernant Aurora, ne t’embête pas à lui parler. De toute façon ça ne servirait à rien. Vu ce qu’elle m’a balancé, je crois qu’une dose de crack lui conviendra davantage. Après tout, je l’ai faite tombée là dedans.» Je n’ai plus envie de discuter d’elle car à part me faire du mal, ça ne change pas grand chose. La vie est encore plus incertaine qu’avant, malgré mon ancien métier. Je ne peux pas me permettre de me remettre en danger, car j’ai cette gamine qui compte sur moi, mais c’est dur depuis ce jour. Je n’arrive pas à rester en place en réalité tellement ses mots m’ont fait du mal. En particulier son  « Je te le reproche pas, je te le fais pas payer non plus, je te le dis seulement pour t’expliquer que j’arrivais plus. »  Je me redresse du lit, avant de récupérer mes bandages par terre et je les remets autour de mes doigts blessés. Je secoue la tête, et en réalité, j’étouffe ici, alors je sors de la chambre, sans vraiment prévenir.

Jordan savourait le contact réconfortant de Noah, qui semblait avoir un effet apaisant sur elle. Un frisson parcourut son corps lorsque son doigt effleura doucement ses côtes, provoquant un léger sursaut accompagné d'un souffle espiègle qui s'échappa de ses narines. La blonde avait toujours été extrêmement chatouilleuse, et cette réaction ne faisait que le confirmer. Heureusement pour elle, Noah ne semblait pas disposé à la taquiner sur ce point. Son attention était ailleurs, absorbée par la colère qu'il ressentait à l'égard d'Aurora. Dans un sens, Jordan en était soulagée ; car elle savait qu’elle n'aurait eu aucune chance de le stopper si jamais il avait décidé de la taquiner. La tension qui pesait dans l'air, alimentée par les émotions complexes de son ami, rendait l'instant délicat. Mais dans cette fragilité, Jordan percevait aussi une opportunité : celle de se rapprocher de lui, de lui offrir un soutien silencieux dans sa tempête émotionnelle, et peut-être même de trouver un moyen de dissiper les nuages sombres qui assombrissaient son esprit.

Mais cette dynamique changea brusquement lorsque Noah lança une phrase cinglante au sujet de son amie, faisant voler en éclats la fragile bulle de compréhension et de réconfort qui s'était formée entre eux. Jordan sentit son cœur se serrer douloureusement à ses mots acérés, une pointe de tristesse mêlée de frustration l'envahissant car elle trouvait ça horrible de sa part de ramener son addiction sur le tapis. Avant même qu'elle n'ait pu trouver les mots pour répondre, il se leva brusquement et quitta la chambre, la laissant seule avec ses pensées tourbillonnantes. *Putain…* Jordan se secoua dans le lit, laissant échapper un soupir de frustration. Elle savait trop bien comment Noah réagissait quand il était en colère, et elle ne voulait pas le laisser seul dans cet état. Même si elle n'avait pas l'intention de clarifier les choses sur le moment, elle ressentait le besoin instinctif d'être là pour lui, de lui offrir un soutien silencieux dans son moment de détresse. Se levant avec détermination, elle décida de le rejoindre dehors, là où il s'était retiré.

"Bon, assez parlé d’Aurora. Les gestes, les paroles ont été dites, ça ne sert à rien de ressasser," déclara-t-elle avec un ton décidé, mettant fin à toute discussion sur le sujet. Puis, d'un geste ludique mais déterminé, elle lui administra une petite fessée, comme pour chasser les nuages sombres qui enveloppaient leur conversation.

"Aller, on bouge ! On est jeune, profitons." poursuivit-elle, le regard pétillant d'énergie. "Dis-moi quelle activité te ferait plaisir pour te changer les idées. Oublie mon petit cul, même si tu es canon, tu ne m'intéresses pas." ajouta-t-elle avec un clin d'œil malicieux, cherchant à détendre l'atmosphère et à ramener un peu de légèreté dans leur échange. "La prochaine fois, si ton partenaire tombe malade ou a un empêchement, tu sais que tu peux venir me proposer de t’accompagner," dit-elle d'une voix douce, exprimant ainsi sa disponibilité à être là pour lui dans les moments difficiles. "Je ne connais pas forcément les ficelles de vos explorations, mais je connais l’extérieur et ses dangers," ajouta-t-elle avec sérieux, soulignant son expérience et sa connaissance pratique des défis de l'environnement extérieur. Son offre était sincère, un geste de soutien et de solidarité envers Noah, lui montrant qu'il pouvait compter sur elle, même dans les situations les plus délicates, et si cela pouvait éviter qu'ils se retrouvent dans une situation conflictuelle avec Aurora la prochaine fois, c'était un risque qu'elle était prête à prendre sans hésiter. La perspective de prévenir les tensions et les frictions entre eux, ainsi que de garantir leur sécurité, valait bien l'effort supplémentaire et la prise de risque.

Cela m’apaise un peu de garder Jordan dans mes bras. En réalité je sais pas ce que je ferais sans elle, depuis que je l’ai rencontré et malgré nos caractères similaires et explosifs, elle est cette bouée qui m’a empêché de sombrer. Tout comme celle que je considère comme ma fille. Je sens que lorsque j’enfonce mon doigt dans ses côtes, elle réagit et je souris avec amusement. J’ai oublié un instant qu’elle est chatouilleuse. Je n’ai pas envie de l’embêter à ce moment même, et vu l’état de mes mains ce n’est pas trop le moment de toute façon. Je garde Jordan contre moi, un peu comme un talisman contre la colère noire qui assombrit mon esprit. Je respire profondément quand elle me dit vouloir lui parler. Je sais que ça ne sert à rien, pas après ce qu’elle m’a balancé. Et les ténèbres s’abattent sur la petite lueur de lumière que Jordan a éveillé il y a quelques minutes.

Je mets fin au débat Aurora en balançant qu’elle n’a qu’à se trouver sa dose de crack. Et je vois le regard de Jordan. Je la vois désapprouver. Je secoue la tête et je finis par me lever, sans trop de ménagements, pour quitter la chambre. J’ai récupéré mes bandages sales avant. Je me retiens de cogner le mur de colère. Mais je serre seulement les dents. Je repars sur les pistes, en enfilant mon blouson. Je vais sortir dehors, et m’isoler sur la piste.

Lorsque j’entends Jordan derrière moi je lève une main comme pour la faire taire.  « Tu ne peux pas comprendre le mal qu’elle m’a fait en me balançant ça. Elle ne me le reproche pas, elle ne me le fait pas payer.«  Je serre mes poings et je les mets dans les poches de ma veste en respirant profondément. Je ne réagis même pas à la claque qu’elle donne sur mes fesses.

Je finis par avancer jusqu’à la pile de bois. Je récupère la hache, ça me défoulera. Je n’arrive pas à gérer tout ce que je ressens. Et la seule personne qui parvenait à me calmer à l’époque, c’était elle. Ce qui m’énerve davantage. Je lâche un râle de rage en abattant le tranchant de la hache sur une bûche qui se brise en deux.  « Tu sais vraiment ce qui me ferait du bien ? C’est d’embarquer ma fille et de me tirer de cette ville. Tout ce que j’avais ici, je l’ai perdu. » Je reprends de l’élan pour abattre de nouveau la hache que je tiens sur un morceau de bois.

Je secoue la tête en ramassant un morceau de bois que je jette sur le côté avant de reprendre une bûche.  « Il n’y aura pas de prochaine fois. Et celui qui me collera avec elle de nouveau, il perdra ses dents, pour avoir jouer au con. Je partirai seul comme j’ai toujours fais. » Je coupe la bûche que j’ai déposé au sol. Je n’ai aucune envie de prendre quelqu’un que je connais avec moi lorsque je vais à l’extérieur. Aucune distraction, aucun sentiment. Cette dernière sortie avec Aurora m’a valu des ennuis par la suite.  « Je veux personne. » Je repose la hache, et je secoue la tête avant de me tourner vers Jordan à nouveau. Je viens embrasser son front avant de dire.  « Écoute, j’ai besoin être seul. J’ai plus envie de tout ça. » Je désigne l’ensemble des choses autour de moi, le regard déboussolé et je m’éloigne de la jeune femme. J’ai besoin d’être seul, de laisser ma colère s’exprimer loin de tout ce qui pourrait causer des dommages.

FIN