Jordan J. Lewis > Thomas P. Lewis

Mon cher frère, mon pilier dans l'obscurité,

Je m'assois ici, les doigts hésitants sur le clavier, le cœur lourd de sentiments indescriptibles. Je ne peux m'empêcher de t'écrire, même si je sais que ces mots ne franchiront jamais l'abîme qui nous sépare. Mais j'en ressens le besoin viscéral, comme si l'acte même de les écrire pouvait apaiser ne serait-ce qu'un peu la douleur qui m'étreint.

Oh, comme tu me manques, mon frère ! Ta présence qui a toujours été mon refuge, ta capacité à m'écouter sans juger, à me comprendre sans un mot. Chaque pensée, chaque souffle, chaque instant est empreint de ton absence, et cela pèse sur moi comme un fardeau insupportable.

La vie ici, dans ce monde dévasté par l'épidémie, est une lutte quotidienne. Les jours s'étirent, lourds de solitude et de chagrin. J'aurais tant aimé te retrouver à mes côtés, sentir ta chaleur, entendre le son de ta voix. Mais le destin en a décidé autrement.

Mon cœur saigne encore des pertes que nous avons subies. Papa et maman nous ont quittés au début de cette calamité, victimes de la cruauté de ceux qui ont cédé à la sauvagerie. Et moi, je me débats avec le poids de mes propres actions, avec la culpabilité qui me ronge, avec le souvenir de ces choix terribles que j'ai dû faire pour survivre.

Je suis maintenant parmi d'autres âmes brisées, réfugiées dans un lieu appelé la Tanière. Nous essayons de nous soutenir mutuellement, de trouver un sens à cette existence chaotique qui est désormais la nôtre. J'ai tissé des liens solides, j'ai trouvé un semblant de famille parmi ces étrangers. Mais rien ne remplace ta présence, ton soutien indéfectible.

J'espère, de tout mon être, que là où tu te trouves, tu es préservé de ce fléau qui nous a ravagés, que tu as trouvé la paix et la sérénité que tu mérites. Moi, je lutte chaque jour pour survivre, pour avancer dans ce monde déchu de toute humanité.

Je t'aime de tout mon cœur, mon frère. Et je prie pour que nos chemins se croisent à nouveau un jour, que nous puissions nous serrer dans nos bras et trouver un peu de réconfort dans notre mutuelle affection.

Prends soin de toi, où que tu sois.

Avec tout mon amour,

Il est 4h50 du matin, et je suis là, devant cet écran qui, me rapproche un peu de toi. Je ne sais pas, mais j’ai la sensation que tu es là, quelque part. Alors, me voilà à écrire ces quelques lignes qui ne sortiront jamais de cette boite.

Tu n’es plus là. Et ça me déchire le cœur. J’en crève à petit feu.
Je ne sais même pas comment, ni pourquoi, je suis encore en vie. J’aimerai pouvoir te rejoindre, toi, papa, maman, et toutes les personnes que j’ai perdues. MAIS, je sais également que je dois me battre pour vous, car c’est exactement ce que vous auriez fait, pour moi.

Chaque jour est une douce torture. Chaque nuit, je te vois, petite ange. Ton regard perçant, ton sourire qui a toujours illuminer mes journées ; ma vie.
Ma sœur, tu me manques terriblement.

Je…

Bordel de merde…
Si, là, tu me voyais chialer pour tes beaux yeux, nul doute que tu me lancerais une balle perdue juste pour le plaisir de me taquiner. Je donnerai tout, absolument TOUT, pour revoir ton visage, entendre ton rire, ta voix, et pouvoir te serrer dans mes bras.

Je ne t’ai pas dit au revoir, et cela me consume petit à petit. Mon cœur est mort depuis que tu n'es plus ici.

Je manque de toi. Je manque de nous.

Excuse-moi, mais je ne sais pas si je vais pouvoir tenir encore longtemps… Ici, je suis bien. La Colline est un endroit sûr. J’ai la chance d’avoir des collègues, quelques amis, mais tu n’es pas là… Je me sens si seul, sans toi. Tu n’es plus là. Les jours défilent, et l’espoir de te revoir s’éloigne.

On dit que le temps apaise toutes les douleurs.
C’est faux.

Cela me prendra plus d’une éternité pour t’oublier.

Je sais qu’un jour, on se retrouvera.
Et cela me fait avancer.
Je t’aime.