LOTERIE DU RP - The rain is speaking quietly

Il ne pouvait pas passer à côté! Dès qu’une sortie est possible, Elias n’hésite jamais à s’aventurer hors de l’édifice d’autrefois accueillant dans engin métallique surplombant le sol. Dire que c’est par une de ces carcasses que le Danois frôle maintenant cette terre désolée d’Amérique.
Mais cette expédition, il y avait une raison à laquelle il ne pouvait dire non; restaurer son stock, Violet Alvarez. Elle s’ennuierait sans lui de toute manière même si cette dernière le niait à la première seconde. Cependant, voir ce joli minois renfrogné l’amuse toujours. Puis, le vendeur récolte des informations en tendant une oreille indiscrète aux visiteurs du marché. La Colline serait probablement prête à lui offrir de nombreux services si le blondinet mettait la main sur des ouvrages qui mèneraient vers des pistes viables sur un possible vaccin sur ce virus.
C’est beau de rêver, non? Une lueur d’espoir -aussi minime soit-elle- reste un gage considérable de motivation dans ce monde.

Étrangement, Elias était demeuré relativement tranquille lors de la route vers le bâtiment tombant en ruine. Ses phalanges blanchissent néanmoins dès qu’un bruit suspect les guette. Sa batte de baseball ne le quitte jamais. Il ne se fait pas confiance avec un pistolet et l’homme se débrouille bien mieux en cognant.
Arriver à destination, le blond s’approche de la meneuse de groupe. Il frôle cette dernière de son bras en le passant juste au-dessus de son épaule. Le bout de son doigt glisse sur la section scientifique jusqu’à la cote. Ah ces Américains. Toujours excentrique et leur système de classement. Heureusement, il en avait l’habitude -ayant appris la structure Library of Congress- dans le temps de ses études.

— On t’a jamais dit qu’il fallait chuchoter dans une bibliothèque petit chaton? lui susurre-t-il au creux de l’oreille avant de relever la tête vers la patrouilleuse. Ne parle pas de malheur d’entrée de jeu.

La chance leur avait souri jusqu’à présent, ça serait bête de jinx le tout maintenant. Néanmoins, son regard azuré balaie l’étage.

— Au fait, qu’est-ce qu’elle fout là, celle-là?

Il pointe l’intrus parmi eux.

C’était comme découvrir une nouvelle ville. Violet avait déjà mis les pieds à l’université de Malden, mais n’avait jamais réellement porté attention à ce qui s’y trouvait. Elle regrettait un peu, à présent, de ne pas avoir retenu les divers passages de ce lieu. Alors elle pose la question, espérant secrètement que ce ne soit pas Elias qui lui réponde. Il avait été calme lors du trajet… Trop calme selon la paramédic qui ne faisait qu’attendre les ennuis qui semblaient coller à la peau du jeune homme. Elle ne voulait pas être un fardeau, alors elle ne s’était pas opposée quand on lui avait dit que le blond serait de la partie, mais elle craignait que sa vie ne soit encore en danger s’il devait y arriver le moindre pépin lors de cette expédition.

Au moins, il n’était pas seul. Mei Zimmerman était avec eux et semblait bien connaître l’endroit. Violet réfléchit un instant. L’idéal aurait été de faire court et touchant, de limiter le plus possible le temps passé dans ce bâtiment. Mais la patrouilleuse soulevait un point intéressant, ils allaient être coincés s’ils avaient une mauvaise surprise.

Elle sent un bras passer autour de ses épaules. Un murmure dans son oreille, Violet profite du fait qu’il prenne le temps de répondre à Mei pour se dégager rapidement de l’emprise de l’homme. Elle le toise du regard.

« On ne t’as jamais dit qu’en pleine apocalypse, étudier en silence n’est pas la priorité. Personne ne va s’en offusquer autre que toi. »

Son ton est ferme, mais pourtant, elle parle à mi-voix. Son but n’était pas de lui donner raison, mais on lui a toujours dit qu’il fallait être silencieux, discret, dans une bibliothèque. Ce n’est pas un apprentissage qui s’efface en un instant. Elle regarde autour d’eux, mais ne remarque personne d’autre.

« Qui ? T’es sur que ça va ? » Elle s’approche pour vérifier s’il est fiévreux, mais s’arrête à mi-mouvement. Secouant négativement la tête, elle se tourne de nouveau vers Mei.

« Je crois que le détour est préférable, non ? Mais tu semble mieux t’y connaitre, tu suggères quoi ? » C’était sa manière de dire que peu importe le chemin, elle allait suivre. Son entraînement lui dicte de prendre le chemin le plus sécuritaire, mais elle n’est pas seule dans cette aventure. Violet réalise également qu’elle ne connait que très peu de Mei. Alors qu’elle se met en route, aux côtés de la patrouilleuse, Elias collé à leurs baskets, elle lui lance un regard curieux. « Comment connais-tu si bien cet endroit ? »  

Il pointe l’intrus parmi eux.

"Je connais cet endroit parce que j’y ai fait mes études. La bibliothèque... c’était mon terrain de jeu," murmura Mei avec une tendresse à peine voilée, son regard se perdant un instant dans le passé. Elle tourna son visage vers Violet, un sourire doux éclairant ses traits, comme si elle partageait un souvenir précieux. Puis, reprenant son sérieux, elle se reconcentra sur la réalité qui se déroulait devant elle. Autour d'eux, des gravats jonchaient le sol, vestiges du séisme qui avait ravagé l'endroit. Le silence pesait lourd, troublé uniquement par le bruit lointain de la pluie martelant le toit fissuré. Chaque goutte qui s’infiltrait risquait de les contaminer, rendant l’atmosphère encore plus oppressante.

"On va devoir être prudents," dit-elle, la voix plus ferme maintenant. "Je vous suggère de mettre vos capuches." Elle tira la sienne sur sa tête avec un geste rapide et sûr, se préparant à affronter les dangers que ce lieu autrefois familier pouvait maintenant cacher. Sa capuche la protégerait au moins des fines gouttelettes qui pouvaient s'infiltrer à travers les fentes du plafond. Ses mains gantées de cuir se crispèrent légèrement alors qu'elle évaluait la situation, prête à réagir à la moindre menace.

En dépit de la désolation, une lueur d’espoir brillait toujours dans ses yeux. "J’espère que le toit de la bibliothèque a tenu," souffla-t-elle, laissant poindre une note d’optimisme. "Ça serait un petit miracle de trouver encore des livres en bon état, même après deux ans d’épidémie… Certes, ce ne sont pas des produits de première nécessité, mais retrouver un peu de savoir, de beauté dans ce chaos, ce serait… apaisant."

Mei n'était pas du genre à se laisser abattre. Même dans ce monde brisé, elle ne perdait pas espoir, mais elle savait aussi que la réalité était impitoyable. Si des livres intéressants pouvaient être sauvés, c'était tant mieux. Sinon, ils auraient simplement tenté. Elle s'enfonça un peu plus dans le bâtiment, ses pas résonnant doucement dans le silence. Allumant sa lampe torche, elle éclaboussa de lumière les coins sombres, révélant ici une couche de poussière épaisse, là une goutte d'eau qui scintillait brièvement avant de retomber dans le silence. Le clapotis régulier de l’eau, écho distant de la pluie, semblait marquer une partition mélancolique. Leurs pas étaient les seules autres notes dans cette symphonie de silence.

Arrivés devant l'escalier, Mei se tourna vers Elias et Violet, cherchant dans leurs regards une confirmation silencieuse qu’ils étaient prêts à continuer. Elle n’avait pas besoin de mots, leur entente tacite suffisait. S’assurant qu’ils suivaient, elle monta prudemment les marches usées, chaque pas résonnant plus fort dans l’écho du bâtiment vide. Alors qu’elle atteignait le dernier palier, un bruit léger, presque imperceptible, la figea sur place. Son cœur battit un peu plus fort. Un instant, tout sembla s’arrêter.

Y avait-il quelqu’un là-haut? Ou pire encore… des rôdeurs?

Elle cessa de respirer, tendant l’oreille, ses sens en alerte. Lentement, elle tourna la tête vers Elias et Violet, leur lançant un regard interrogateur, leur demandant silencieusement s’ils avaient perçu ce bruit étrange, cette menace invisible.

Si se rapprocher de sa victime ne lui donne rien de plus qu’un échange de regard noir, il mime s’offusquer de sa réplique. Elle ne faisait que déblatérer pour ne pas lui laisser le dernier mot. Il avait fait qu’une référence d’une différente époque. Une blague en somme. Il serait bien le premier à se mettre à crier si l’envie lui chatouille le cerveau.
Il hausse les sourcils lorsqu’on lui intime que personne d’autre que le trio ne se trouvait dans cette pièce immense. Son regard azuré se projette dans tous les sens, mais se fige sur la silhouette qu’il connaît que trop bien tandis qu’elle s’approche de nouveau. Si l’espoir un second contact le frôle, il se volatilise voyant que Violet abandonne l’idée en cours.

— Terrain de jeu? relève-t-il en haussant les épaules. Drôle de passe-temps.

Son timbre de voix n’a pourtant rien de moqueur. Juste, ça lui semble étrange comme manière de s’exprimer.
Néanmoins il s’exécute lorsque la sainte mère Thérésa lui somme de poser sa capuche. Jusqu’à ce qu’elle ouvre de nouveau la bouche. Les iris bleutés se projettent vers le plafond dans une ultime incertitude. Ça serait bien le comble si tout s’écroulait sur les têtes. Toutefois, aucune trace de fragilité majeure à signaler et si Mei pouvait leur éviter de leur foutre la trouille, il s’en porterait affreusement mieux!

— On risque d’en dénicher plus d’un qu’aucun doigt humain ne les a dépoussiérés. Faudrait être débile pour venir dépouiller une bibliothèque alors que la faim ou la soif viendra te ronger plus vite qu’une envie folle de te compresser la cervelle par des infos inutiles ou de te réfugier dans un monde irréel.

En vrai, il s’en contrefichait bien.
Sauf qu’il opte pour ne pas être une plaie -du moins une trop grande plaie- pour les deux jeunes femmes et talonne la patrouilleuse qui jure connaitre l’endroit aussi bien que sa poche. Il évite les flaques d’eau au sol et se heurte à Violet lorsque cette dernière s’arrête suite à Mei. Il hausse simplement les épaules au moment où la paramédic lui assène un nouveau regard. Le blond fait signe à celle en avant de poursuivre. Ils ne vont tout de même pas rester dans les escaliers à faire la statue.

— GV200.4-200.56, chuchote-t-il. Si on veut trouver de quoi qui peut aider sur la survie lorsqu’on est laissé à nous-même dans la nature. Ou encore la section QR pour la microbiologie.

C’était bien ce dont il devait dénicher, non? Néanmoins deux divisions qui ne seront guère l’une à côté de l’autre pour leur faciliter la vie.
Il heurte à nouveau Violet et dévisage alors Mei tout en la questionnant de son regard le pourquoi elle n’arrête pas de s’immobiliser. À croire que le but de cette expédition improvisé ish était d’y passer l’année dans cette bibliothèque!

— C’est quoi qu’il y a bordel?