If you think I'm pretty...

Avery venait d'arriver à la tanière, fraîchement accueillie dans ce nouvel environnement. Son père l'avait guidée à travers les différents recoins, lui faisant découvrir chaque aspect de cet endroit qui se révélait être bien différent de la colline où elle avait vécu. Ici, l'atmosphère était imprégnée d'une douce liberté, loin de l'oppression militaire et des contraintes strictes qui l'avaient tant étouffée par le passé.

En parcourant l’aéroport, la demoiselle ressentait comme un soulagement, une évasion de cet univers étroit où elle ne se sentait jamais pleinement elle-même. Rebelle dans l'âme, elle avait souvent lutté contre les règles rigides et les conventions imposées à la colline. Mais ici, elle pouvait respirer librement, sans cette lourde pression qui pesait sur ses épaules.

Chaque coin de la tanière semblait lui murmurer des promesses d'aventure et de découverte. Elle savait que désormais, elle pouvait enfin s'épanouir et explorer sans entraves. La tanière était devenue son refuge, un sanctuaire où elle se sentait enfin chez elle.

Plongée dans ses pensées, Avery était tranquillement installée, en train de rédiger des textes dans un coin paisible de la tanière. Les douces mélodies qui s'échappaient de son vieux lecteur MP3 enveloppaient son esprit, créant une ambiance propice à la créativité. Cependant, son moment de quiétude fut interrompu lorsqu'une silhouette se dressa devant le rayon de soleil, projetant son ombre sur sa page blanche.

Levant la tête, Avery chercha la source de cette perturbation, et d'un geste agacé, elle retira l'un de ses écouteurs, laissant échapper un léger soupir d'exaspération.

"Oui ? Je peux t'aider ?" demanda-t-elle, faisant un effort pour dissimuler son irritation derrière un masque de politesse, même si l'envie pressante de lui ordonner de bouger était beaucoup plus forte. Ses mots étaient empreints d'une légère pointe de frustration, révélant à quel point elle était perturbée dans sa quiétude.

"Tu es nouvelle ici, je n’irai pas par quatre chemins, je te trouve super mignonne et je me demandais s’il y avait moyen que…" commença à dire le jeune homme, mais Avery se redressa brusquement en refermant son carnet d'un claquement sec.

"Je suis nouvelle oui, merci pour le compliment," répondit-elle avec un léger ton glacial, coupant net les paroles du garçon avant qu'il ne puisse terminer sa phrase. "Et il n'y a pas moyen de quoi que ce soit, maintenant. J'étais tranquillement en train d'écrire, tu as fini ?" ajouta-t-elle, ses mots empreints d'une fermeté qui laissait peu de place à la discussion.

"Tu n'as pas besoin d'être aussi froide, c'est quoi ton problème ?" reprocha son interlocuteur, manifestant sa confusion face à la réaction d'Avery.

Avery roula des yeux et se mit à rire. "C'est quoi mon problème ? Attends, tu te fous de moi là ou quoi ?" répliqua-t-elle d'un ton teinté d'amusement, trouvant ironique que ce soit lui qui lui reproche son attitude alors qu'il avait été celui à l'interrompre de façon impromptue.

"T'es pas obligé d'être une salope," lâcha le jeune homme d'un ton cinglant, provoquant une réaction instantanée chez Avery. D'un geste rapide, elle attrapa le col du garçon, qui dépassait d'une bonne tête, et crispa sa mâchoire, plantant son regard bleu et froid dans le sien.

"Répète un peu ?" défia-t-elle d'une voix calme mais chargée de détermination, ne reculant pas d'un pouce face à l'attaque verbale du garçon.

Avery ne possédait aucune expertise en combat, mais elle avait une certaine aptitude à encaisser les coups et à riposter avec détermination. Son regard intrépide en était la preuve. Même face à quelqu'un de plus imposant, elle ne reculait pas, prête à défendre son honneur et à se faire respecter.

Je ne sais pas si je vais un jour pouvoir faire de la planche à roulettes sans me soucier de ce qui pourrait arriver, de ce qui pourrait dégénérer. J'entends encore papa me dire de faire attention - qu'une blessure, même banale, se complique vachement plus vite qu'avant. Il me rend débile, avec ça. Est-ce que je l'écoute pour autant? Bien sûr que non. Si je ne bouge pas un peu, je vais devenir folle. Et je ne crois pas que Noah souhaite vraiment voir ça, en toute honnêteté. Enfin, je commence à me fatiguer un peu, de toute façon. Je m'amuse à faire des pirouettes depuis trop longtemps, à sauter d'un obstacle à l'autre sans jamais m'arrêter. Mais il faut évidemment que je me pète la gueule alors que je venais tout juste de décider de rentrer. Bordel.

Je tombe sur les genoux, après une fausse manoeuvre qui fait rater un battement à mon petit coeur, tellement j'ai eu la frousse. Assise par terre en silence, je me concentre pour me calmer et je soupire - non sans me trouver un brin ridicule. Mon articulation est douloureuse, mais elle bouge correctement. Sauf que je dois vraiment avoir l'air d'une idiote, parce qu'un cercle rouge imbibe trop vite mon pantalon. Je soulève l'étoffe qui recouvre ma jambe, observant avec dégoût une coupure relativement banale mais horriblement laide. Je presse un peu avec ma main, pour arrêter le saignement, avant de me relever.

Ce n'est pas trop pire, en fin de compte. Je marche sans vraiment mettre tout mon poids sur ma patte gauche, mais autrement, tout est okay. Je viens secouer la tête légèrement, comme pour me replacer les idées, avant de réaliser que j'ai la dalle. J'ai les billes clouées au sol en marchant, un peu dans ma tête - et surtout toute seule, comme d'habitude. Bref. Je sais exactement où je vais - je vole toujours quelques collations au même endroit. Je les enfonce dans mes poches, me disant que je pourrais rentrer, mais je fais un petit détour pour voir l'avancement des travaux, depuis le blizzard.

Sauf que je tombe plutôt sur des voix éloignées, et sans même le réaliser, je me rapproche d'un duo qui semble discuter un peu plus loin. J'ai ma planche dans une main, et je frotte ma jambe de l'autre, tandis qu'un soupçon d'inquiétude s'imprime à mes traits - parce que je n'ai pas l'impression de reconnaître les voix. Je m'avance, du coup, jusqu'à reconnaître Shawn. Rapidement, pourtant, je capte que la discussion glisse vers la merde, et que l'étrangère avec lui ne semble pas à l'aise du tout. Un classique, pour Shawn, qui ne sait toujours pas comment s'y prendre avec les demoiselles. Or, c'est quand il traite la jeune femme de salope que j'ouvre grand les yeux, et que je me décide enfin à sortir de l'ombre.

Oh, je n'ai le temps de rien faire avant de la voir grimper dans les rideaux, par contre - et elle a déjà le col du type entre les mains. Tout de suite, je grimpe sur ma planche à roulettes, prenant beaucoup de vitesse, et je saute au dernier moment - laissant la planche rouler toute seule jusqu'aux chevilles de Shawn, pour lui faire mal, rien qu'un peu. « Oh putain, Shawn, pardon! » que je lâche immédiatement, non sans un sarcasme particulièrement évident. Je lui offre mon plus beau sourire, presque pour le provoquer - Noah pourrait certainement mourir de me voir faire ça, lui qui m'ordonne toujours de ne pas traîner avec ce con.

« Va voir ailleurs si j'y suis, tu veux bien? Ce serait bien de pas effrayer toutes les dames qui croisent ton chemin. » C'est la vérité, le pire. Les hormones de Shawn lui veulent du mal, très clairement. « J'ai besoin de parler à la nouvelle, de toute façon. Tu sais, pour lui trouver une chambre très très loin de la tienne? »

La main d'Avery se crispe sur le col du jeune homme, ses doigts serrés comme des serres prêtes à fondre sur leur proie. Son regard, d'un bleu acéré, transperce celui du garçon. Dans un silence tendu, elle se tient là, prête à l'action, à deux doigts de lui infliger une correction sévère s'il osait seulement ouvrir la bouche pour se justifier de l’insulte odieuse qu'il venait de proférer à son encontre. Pour qui se prenait-il pour l'insulter ainsi de salope ? Si elle n'avait pas envie de discuter, elle en avait quand même le droit. Ses pensées fulminaient tandis que son regard lançait des éclairs, prêt à foudroyer tout argument de défense qu'il oserait avancer.

Alors qu'il allait ouvrir la bouche, un bruit de planche à roulette se dirigea dans leur direction, déchirant le silence oppressant. Le son d'un impact sec résonna, suivi du gémissement de douleur du jeune homme. Sa cheville atteinte, il vacilla, vaincu par l'agonie *Moh pauvre chou*. Cette rétribution improvisée le fit légèrement plier sous la souffrance, et Avery en savoura chaque instant.

"Ah ! Bien fait ! Le karma est une vraie salope, elle par contre”, un sourire satisfait étirant ses lèvres. Enfin, elle avait trouvé son karma incarné dans une jeune fille qui avait délibérément bousculé son chemin avec son skate. C'était comme si le destin lui avait envoyé cette intervention divine pour la libérer de l'emprise de son ennuyeux tourmenteur, ce Shawn – un nom qui semblait juste fait pour les perdants.

"Tu me revaudras ça, Will, je peux te l'assurer !" déclara-t-il d'un ton cinglant, lançant un regard chargé de rancœur avant de s'éloigner. Sa voix résonnait dans l'air, empreinte de détermination et de menace voilée. Il se dandinait légèrement, sa démarche perturbée par la douleur qui lui tiraillait la cheville, chaque pas amplifiant sa grimace de souffrance.

"Va te faire foutre, Shawn !" hurla Avery, affichant un immense sourire tandis qu'elle lui adressait un doigt d'honneur bien mérité.

Alors que le garçon semblait vouloir revenir à la charge, le père d'Avery apparut de nulle part, comme à son habitude, sa haute silhouette projetant une aura de calme et d'autorité. D'un mouvement assuré, il passa un bras sur l'épaule du jeune homme, l'arrachant à la confrontation imminente. Sa présence rassurante agissait comme un bouclier protecteur, tandis qu'il guidait Shawn loin de la scène tendue. Avec un regard significatif vers Avery, il lui adressa un sourire compatissant, prêt à apaiser les tensions et à mettre fin à l'incident avant qu'il ne dégénère davantage.

La blonde se tourna vers Will, reconnaissante envers sa sauveuse inattendue, et lui offrit un grand sourire teinté de soulagement, lui tendant la main avec gratitude. C'était un geste simple, mais chargé de reconnaissance. "Mon héroïne ! Je m'appelle Avery," s'exclama-t-elle avec un brin d'humour, soulignant le geste salvateur de Will. "Sympa le coup de la planche de skate dans les chevilles. Ils sont tous comme ça ici ?" Elle posa la question avec un mélange de curiosité et d'amusement, désireuse d'en apprendre davantage sur les dynamiques sociales de cet endroit particulier.

Fini pour aujourd'hui l'écriture, l'adrénaline l'avait complètement arrachée à sa bulle artistique. Peut-être était-ce aussi le moment opportun pour tisser de nouveaux liens d'amitié.

« Ouais, va te faire foutre Shawn! » que je répète avant d'éclater de rire, n'ayant strictement rien à foutre des menaces complètement vides du petit con. Oh, je la ferme assez rapidement, pourtant, quand le paternel d'Avery se mêle à nos histoires. Je pince les lèvres, incapable de m'arrêter de rire, avant de reporter mon attention sur ma nouvelle copine. « Ton père est particulièrement doué pour se pointer au moment propice. Il ne pouvait pas mieux tomber! » que je lâche ensuite avec ironie, non sans une pensée pour Noah - qui viendrait définitivement fouiner, lui aussi - et certainement défigurer le premier mec qui oserait me parler de la sorte.

« Willow - enfin, tout le monde m'appelle Will, même les imbéciles, visiblement. » que je réplique quand elle se présente, un énorme sourire aux lèvres. « Un classique! » que j'ajoute ensuite à son commentaire, par rapport à mon petit coup de pute. C'est marrant, quand même. Je me demande parfois si je fais toujours de la planche à roulette parce que c'est chouette ou parce que c'est une arme acceptable, dans une situation un peu délicate. Dans le doute, je peux l'éclater contre le crâne d'un autre idiot qui se décide à me faire chier - ou l'utiliser contre un rôdeur, c'est selon.

« Non, non je te rassure. » que je précise tout de suite, pour répondre à sa question. Je la regarde ranger son carnet de notes, avant de poser les billes à ses écouteurs. Évidemment, je suis curieuse de savoir ce qu'elle gribouille dans son calepin, mais je respecte sa vie privée, et je complimente plutôt la trouvaille qui lui permet d'écouter de la musique. « La chance, un lecteur qui fonctionne! Je te suggère de le cacher sous ton oreiller, la nuit. Tu sais, question de ne pas subir la terrible vengeance de Shawn. Au cas où. » Oh, j'exagère, bien sûr. Shawn va certainement se cacher et croupir de honte, après un tel épisode. Mais on est jamais trop prudent, avec les trésors qu'on déniche.

« Bienvenue ici, sinon. Désolée pour Shawn. Je crois qu'il a manqué d'air à la naissance. » J'en sais foutrement rien, en vrai, mais là n'est pas la question. « Tu viens d'où alors? L'adaptation n'est pas trop difficile? » Je pose probablement trop de questions, certes. Sauf que c'est plus fort que moi. Je passe tellement de temps toute seule, ou avec des adultes particulièrement ennuyeux, que je suis vachement ravie de la présence d'Avery au camp. Et j'ai l'impression qu'on est sur la même longueur d'ondes, elle & moi, sur le coup.

C'est à ce moment que mon estomac gronde de faim, pourtant, me rappelant que je possède toujours une tonne de bouffe volée un peu plus tôt. Je pose donc les fesses par terre, croisant mes jambes en tailleur avant de venir plonger les mains dans mes poches. J'étale au sol la multitude de petites collations, levant les cils sur Avery.

« T'as faim? » Et j'enchaîne avec mes conneries habituelles, faisant comme si je présentais la précieuse nourriture comme une présentatrice télé du temps de mes grand-parents. Je me trouve drôle, le pire. J'espère qu'elle apprécie l'humour de merde.

"Ah oui, mon père a vraiment ce don d'apparaître toujours au moment opportun. C'est comme s'il avait un radar intégré pour savoir quand je pourrais avoir besoin de lui," expliqua Avery en levant les épaules, un sourire en coin étirant ses lèvres. La récente réunion avec lui avait certainement ravivé un lien familial depuis longtemps endormi, ce qui expliquait peut-être sa présence discrète mais vigilante dans sa vie.

Elle ne trouvait pas cela particulièrement dérangeant que son père garde un œil sur elle. Après tout, cela signifiait au moins qu'il se préoccupait de sa vie, contrairement à son frère et sa mère, qui semblaient souvent absorbés par leurs propres préoccupations. De plus, il était suffisamment discret pour ne pas étouffer son indépendance naissante. Avery appréciait cette attention bienveillante, sachant qu'elle pouvait toujours compter sur lui tout en continuant à s'adapter à sa nouvelle vie dans la tanière.

"Willow, ouais, ça sonne bien, et Will, ça fait badass," commenta-t-elle en tirant la langue taquine. "C'est un classique, mais faut savoir le manier avec style." Avery se pencha en arrière, songeuse. Faire du skateboard n'était pas une tâche aisée pour tout le monde. Elle n'était pas sûre de pouvoir garder son équilibre dessus sans se retrouver les quatre fers en l'air. Bien sûr, elle n'avait pas peur de prendre des coups, mais marcher à pied lui convenait tout aussi bien.

"Vraiment, si ça avait été l'inverse, je t'aurais très clairement envoyé le skate dans les chevilles, ou peut-être même visé cinq mètres à côté provoquant un accident au loin," déclara-t-elle en riant. Ses yeux pétillaient d'amusement alors qu'elle imaginait la scène, ajoutant une touche de dramaturgie à sa plaisanterie.

"J'espère vraiment que tous les gens d'ici ne sont pas comme lui. Franchement, quel genre de connard ?" s'exclama-t-elle, l'air exaspéré. "J'étais là, peinard, en train de gratter un texte en écoutant de la musique, et bam, voilà qu'il m'insulte de pute." Ses sourcils se froncèrent légèrement, témoignant de son agacement face à cette expérience désagréable. "Mais bon, je ne vais pas lui en vouloir. À son âge, les gars ne réfléchissent pas vraiment avec leur tête," ajouta-t-elle, laissant planer un sous-entendu évident, un léger sourire en coin accompagnant ses paroles.

Le MP3 à pile fermement serré dans sa main, Will afficha une expression de surprise en découvrant un appareil encore fonctionnel. Il était vrai qu'avec l'épidémie qui avait sévi, ce genre de technologie avait presque totalement disparu. "Si tu es partante, on pourrait écouter de la musique ensemble," proposa Avery avec un sourire chaleureux. Cependant, elle n'était pas encore prête à partager son précieux MP3 avec sa nouvelle amie. La musique était bien trop importante pour elle, renfermant des compositions dont elle n'était pas fière et qu'elle prenait soin d'éviter à chaque écoute. Son lecteur était comme un coffre-fort renfermant des secrets musicaux qu'elle préférait garder pour elle-même, du moins pour l'instant.

"Merci," répondit-elle avec sincérité, la gratitude se lisant dans ses yeux. La transition de la colline à la tanière avait apporté un changement significatif dans sa vie. L'atmosphère était radicalement différente, moins austère, plus accueillante, et d'une manière étrangement familière malgré les rumeurs qu'elle avait pu entendre. C'était comme si elle avait trouvé une nouvelle maison, un foyer où elle pouvait enfin s'épanouir pleinement. “Je viens de la colline, enfin tu me demandes peut-être, d’où je viens avant cette merde ?” Un grondement de ventre la fit baisser les yeux vers l'estomac de Will, et Avery ne put s'empêcher d'afficher un sourire amusé. "Est-ce que j'ai faim ? Tu plaisantes, j'ai les crocs !" déclara-t-elle en s'installant aux côtés de Will, un sourire espiègle ourlant ses lèvres. Elle l'écouta avec amusement dévoiler les différents aliments qu'elle avait dans les poches. "Tu descends d'un Hamster ou quelque chose dans le genre ?" ajouta-t-elle, taquine, son regard pétillant d'amusement.

"Ça fait longtemps que tu es là ?" demanda-t-elle en pointant du doigt la barre de céréales qui l'intéressait, son regard se posant brièvement sur Will avant de revenir à la friandise avec un sourire malicieux.