Douces retrouvailles ft Erin

Cela fait quelques temps à présent que Naomi vit à la Tanière. Arrivant avec Tyler, elle l’a perdu alors qu’il partait en exploration avec les autres. Malheureusement, il n’est jamais revenu de son exploration, la chute lui a été fatale. Le coup a été dur, très dur. Trop dur. Noyant son chagrin dans l’alcool le soir, elle se laissait aller, se disant parfois qu’elle devrait le rejoindre, après tout qu’est-ce que ce monde a à offrir à présent ? Cette pluie détruit tout et laisse qu’une rare possibilité de reconstruire quelque chose. Mais elle a fini par se dire que son fiancé n’aurait pas aimé la voir ainsi, alors elle essaye, petit à petit, de reprendre sa vie en main, même si c’est parfois compliqué encore.

Terminant de corriger les exercices qu’elle a donné aux élèves, elle range toutes ses affaires afin d’aller dans sa chambre pour poser le tout. Passant rapidement sous la douche pour se rafraichir un peu, elle se rend dans le lieu de vie, dans l’espoir de peut-être trouver sa meilleure amie afin de passer un peu de temps ensemble. S’installant à une table, elle remarque alors une jolie crinière rousse et elle reste figée un temps, n’étant pas réellement sûr de ce qu’elle voit.

Erin. Meilleure amie de l’époque. Rencontre au lycée, le feeling est passé très vite entre les deux et elles sont devenues rapidement inséparables. Pourtant, le temps et le fait que chacune ait pris une voie différente, fait qu’elles se sont doucement perdues de vue. Et si elles s’envoyaient parfois des nouvelles de temps à autre, cette fameuse pluie a mis fin à tout cela, ne sachant si son amie était encore en vie ou pas.
Se levant alors de sa place, elle vient alors se placer à côté de la demoiselle et pose son regard sur elle, sentant doucement les larmes monter.

- Erin ?

Erin s’était greffée à un groupe partant en direction de la Tanière. Une occasion rêvée pour s’immiscer là-bas et aller farfouiller dans la taverne en guise de nouvelles idées pour quelques recettes. Avec un peu de chance, elle pourra s’entretenir avec les cuisiniers sur place et voir ce qu’ils utilisent comme ingrédients -et voir l’ingéniosité derrière chaque mets préparé-! Sans pour autant oublier de jeter un petit coup d’œil à l’énorme marché. Elle était convaincue que quelques petites pépites d’or s’y cachent.
Le chemin pour s’y rendre s’avère long, mais le groupe préfère emprunter une route plus sécuritaire que de se risquer à servir de repas aux rôdeurs. Les explorateurs à l’intérieur de ce groupe n’y voyaient pas d’inconvénient et servirent de guide attitré.

Une fois sur place, tous se mirent d’accord sur un point de rendez-vous dans 48h. De quoi laisser amplement le temps à tous de faire leurs trucs respectifs. La nuit s’installe peu à peu et Erin opte donc d’aller rendre visite à la taverne. Elle fera quelques emplettes le lendemain -de toute manière plus aucun marchand ne serait à son stand ou du moins pour les bonnes transactions-.
La rouquine ne s’annonce pas dans un premier temps. Elle prend part à une table vide et commande un des plats qui lui fait de l’œil. Elle espère que ses papilles gustatives ne lui feront pas faux bond et qu’elle dénichera les ingrédients.
Mais avant de pouvoir plonger corps et âme dans la dégustation, elle entend son prénom. Elle relève la tête et instinctivement, elle cherche de ses pralines émeraude un de ses compagnons de route.

Erin se fige lorsqu’elle aperçoit la silhouette qui se pose à ses côtés. Elle hallucine? Malgré les traits changés, cela ne fait aucun doute. Le timbre de voix cristalline colle parfaitement à son souvenir.
La rouquine tend ses mains, les appose sur les épaules de cette copine perdue comme pour s’assurer qu’elle est bien là. Que son cerveau ne lui joue pas un vilain tour à lui faire halluciner des fantômes de son passé comme il le fait si bien une fois les yeux fermés la nuit.

— Naomi? répond-elle à son tour pour confirmer l’identité.

Mais elle le sait au fond d’elle. Elle l’étreint la seconde suivante de toutes ses forces.

— C’est pas vrai! Naomi c’est vraiment toi!

Assise à une table, dans l’espoir de croiser le visage de sa meilleure amie afin de discuter en sa compagnie, ou un tout autre visage familier. La journée a été plutôt longue, les enfants assez pénibles, elle avait donc besoin de souffler un peu et de se changer les idées. Grignotant un peu truc au passage, elle reste figée en voyant une silhouette qui ne lui pas totalement étrangère. Mais surtout une silhouette qu’elle ne pensait pas revoir, n’ayant pas eu de nouvelles depuis un petit moment. Erin. Sa Erin du lycée. Sa meilleure amie à la jolie chevelure rousse. Celle avec qui elle a eu de nombreux délires à l’époque, se racontant tous leurs petits secrets. Elle n’avait pas eu réellement de nouvelles depuis la fin de leurs études, et encore moins avec cette catastrophe.

Se levant alors, elle la rejoint, sentant les larmes au bord des yeux, se plaçant à ses côtés, pour être sûr qu’elle ne se trompe pas de personne. Un petit rire remplit de joie se fait entendre quand elle sent les mains de son amie se placer sur ses épaules pour vérifier qu’elle n’hallucine pas. Et elle se met alors à pleurer quand elle l’appelle par son prénom, acquiesçant alors, heureuse de la retrouver, la serrant dans ses bras quand la rousse initie le câlin.

- Oui c’est vraiment moi. Je suis tellement heureuse de te revoir et de savoir que tu vas bien.

Elle la serre à nouveau dans ses bras, peut-être un peu trop fort, mais qu’importe. La revoir lui fait énormément de bien.

- Tu viens d’arriver à la Tanière ? Tu as un peu de temps devant toi ? Je pense qu’on a plein de choses à se raconter depuis la dernière fois qu’on s’est vue. T’imagine même pas à quel point je suis tellement contente de te revoir.

Son instinct sur l’identification d’une personne se trompe rarement -pour ne pas dire jamais!-. Ce hochement de tête qui lui confirme alors son hypothèse, Erin s’empresse de la serrer entre ses bras comme elles faisaient si souvent à l’époque. Une vague de nostalgie la traverse et elle prend conscience de toutes ses années parties dans les méandres du temps. Putain, combien de temps que ça faisait?

— Je suis trop heureuse de savoir que tu es encore envie aussi!

La rouquine accepte avec joie cette deuxième étreinte qui ne sera jamais assez puissante pour démontrer tout le bonheur qu’elle ressent en ce moment. Elle n’a aucune envie de la lâcher, mais elle ne peut pas non plus la monopoliser ainsi. Alors elle relâche la pression, non sans un léger pincement au cœur.

— Oh, je viens d’y mettre les pieds il y a peu. Je suis venue avec un petit groupe du Refuge.

Elle replace l’une de ses mèches et en fait de même pour son amie. La tavernière ne peut s’empêcher de se questionner sur une chose… Non, impossible. Naomi ne peut pas être au Refuge, elle l’aurait forcément croisé. Il y a beau y avoir plusieurs habitants, reste qu’elle y est depuis les débuts. Alors… est-ce qu’elle reste ici à la Tanière ou elle visite l’aéroport?
Probablement la première option ceci dit au vu de ce qu’elle avance la brunette. Erin secoue la tête et sourit à nouveau, nerveusement.

— J’ai du temps oui. Je repars que dans deux jours. M’enfin, plutôt dans un jour et demi vu l’heure. Mais ça ne me dérange pas de passer toute la nuit à papoter!

Elles pourront étirer les heures, en souvenir du bon vieux temps des soirées pyjama durant les fins de semaine où elles refusaient de trouver le sommeil au grand dam des parents qui leur intimaient de retrouver Morphée.

— Dis, je ne te dérange pas? Je veux dire, tu n’étais pas avec quelqu’un?

Car même si elle adore l’idée de passer les prochaines heures en sa compagnie, Erin ne souhaite pas l’accaparer si elle avait d’autres engagements de prévus.
Sans compter que son estomac s’affirme haut et fort.

Elle avait reconnu cette silhouette à la jolie crinière rousse. Ça ne pouvait être qu’elle. Mais depuis combien de temps ne se sont-elles pas vues ? Beaucoup trop, même si elles avaient gardé contact tout de même. Mais la revoir lui fait ressurgir de nombreux souvenirs et les larmes perlent sur ses joues, la serrant dans ses bras. Heureuse de savoir son amie en vie, elle se recule alors un peu à contre cœur, mais son sourire ne la quitte pas. Lui demandant si elle vient alors d’arriver à la Tanière, elle lui demande par la suite si elle a du temps devant elle afin de discuter un peu. Mais elle apprend que son amie vit au Refuge et qu’elle est ici avec un petit groupe.

- Je vois. Vous venez pour récupérer des choses ?

Souriant, celui s’accentue quand son amie vient lui remettre une mèche de cheveux derrière son oreille. La rouquine lui ajoute alors qu’elle est présente ici pour deux jours et cela enchante davantage Naomi, heureuse de savoir qu’elle va pouvoir passer un peu de temps en sa compagnie.

- C’est parfait, je crois que ça nous permettra de rattraper le temps qu’on a perdu entre nous. Tu pourras venir dans ma chambre si tu veux.

Faire nuit blanche, comme avant lorsqu’elles faisaient des soirées pyjamas durant leurs années lycée. Elles discutaient de tout et de rien à l’époque, s’amusant, se coiffant et se maquillant jusqu’à pas d’heures. Que ce temps semble si loin à présent…

- Non tu ne me déranges pas. J’essayais de voir s’il y avait une amie dans les parages, mais cela ne semble pas être le cas. Mais maintenant que je t’ai trouvé toi, je ne compte pas te lâcher de sitôt. Dis-moi qu’est-ce que tu es devenue ?

— J’imagine. Vous avez un marché beaucoup plus développé. Nous on a juste un stand miniature à côté. C’est plus rentable de venir faire les achats ici.

Elle emploie des termes comme s’ils allaient simplement dans un centre commercial faire deux ou trois emplettes. Ça a le don de lui envoyer une vague de nostalgie. C’est aussi un peu sa manière de se convaincre que l’être humain peut encore survivre. Minimiser les effets troublants que leur nouvelle réalité a sur la santé mentale de chaque individu.

— Mais je suis là surtout pour voir ce que vous préparez comme plat! Pour m’en inspirer et changer un peu de ce qu’on sert au Refuge à répétition.

Erin est persuadée que manger reste un des petits plaisirs de la vie. Alors si la possibilité lui est offerte afin de varier ce que les papilles gustatives peuvent détecter, dès lors elle sera heureuse de voir les habitants étirer leurs lippes.
Tout comme Naomi à cet instant. Son visage est lumineux. Tout ce qu’elle cherche à afficher sur chaque visage qu’elle croise la route. L’effet est contagieux, puisqu’elle se remet à sourire.
La rouquine l’informe quant à la durée de son séjour -bien que beaucoup trop court à présent à ses pralines-. Elle redoute déjà le moment où leurs chemins devront se séparer. Mais maintenant qu’elle sait, elle pourra multiplier les visites.

— Oh ouiiii!

Elle tape ses mains ensemble sous l’excitation. Si ce n’était qu’une vague qui l’avait frôlé, maintenant elle est submergée par le passé. L’anticipation de la soirée fourmille en elle. Mon Dieu, elle a beaucoup trop de choses à raconter! Deux nuits ne seront clairement pas suffisantes afin de rattraper le temps -même si elles ne ferment pas l’œil de la nuit-.
Puis, elle ne cachera pas qu’avoir une présence rassurante à ses côtés devrait l’aider pour ses nuits agitées. Et même si elle passe ce détail sous le silence du moment, Erin ne pourra jamais assez remercier son amie pour ça.

— En fait, ça te dérangerait qu’on y aille tout de suite dans ta chambre? M’enfin, si tu n’as pas de colocataire ou autre. Je ne souhaiterais pas déranger non plus. Mais je crois que l’on serait plus tranquille, non?

Surtout, elle ne voulait pas aborder le sujet sensible avec autant d’oreilles indiscrètes autour. Sa main se porte sur les anneaux qui ornent son cou.

Heureuse de retrouver son amie, elle apprend alors qu’elle est ici afin de faire quelques achats comme le commerce à la Tanière est légèrement plus grand que le sien. Peut-être qu’elles pourront se retrouver régulièrement ainsi, ce qui serait une bonne chose.

- Je comprends. Cela nous donnera l’occasion de nous revoir quand tu reviendras ici alors. Mais bien évidement que tu es la bienvenue même sans avoir besoin de faire ton marché.

Un sourire se dessine sur ses lèvres, heureuse de savoir que la rouquine semble aller bien. Elle rit alors légèrement quand elle entend son amie lui dire qu’elle est présente afin de découvrir les plats qui sont préparés ici pour s’en inspirer et les faire dans son camp.

- Alors tu es tombée sur la bonne personne. Je te présenterais à Matty, c’est notre chef cuisinier. Et tu me connais, gourmande comme je suis, j’ai fini par faire ami-ami avec lui pour avoir des portions supplémentaires.

Elle était fière d’elle, et son petit sourire sur son visage le prouvait. Mais elle apprécie beaucoup Matty, discutant parfois avec lui tard le soir, en compagnie de Sasha, son autre amie gourmande. Apprenant la durée de son séjour dans le camp, elle est heureuse de savoir qu’elle pourra passer du temps en sa compagnie, rattraper tout ce temps perdu. Elle a beaucoup de choses à lui raconter et lui dit qu’elle pourra dormir dans sa chambre, pouvant ainsi discuter toute la nuit, comme au bon vieux temps. A l’époque où faire nuit blanche pour bavarder de tout et de rien, des personnes qui faisaient battre leur cœur. Elle était heureuse de pouvoir faire ça à nouveau avec sa meilleure amie de l’époque. Lui demandant alors comment elle se porte, Erin lui demande si elles peuvent se rendre directement dans sa chambre.

- Non je n’ai pas de colocataire et on peut y aller sans soucis. Viens je t’emmène.

Lui prenant la main, elle part en direction des chambres, sourire sur les lèvres. Elles y arrivent rapidement et laisse la rouquine passer dans la pièce, avant d’aller prendre des petits gâteaux et deux tasses.

- Installe-toi, fait comme chez toi.

L’enthousiasme entre les deux jeunes femmes semble se partager à merveille. L’une comme l’autre souhaite rattraper le temps perdu et pouvons-nous réellement leur en vouloir? Certainement pas! Erin explique ensuite sa véritable venue et ses yeux commencent à briller par les paroles que Naomi lui révèle. Elle étouffe un petit rire.

— Je te reconnais bien là! Ça marche ta tactique?

Malgré qu’elle reste très intéressée à rencontrer ce fameux Matthew. Rien de mieux pour y découvrir les recettes qu’il met au menu à cette taverne. Avec un peu de chance, il voudra bien lui détailler les ingrédients qu’il incorpore dans chacun de ses plats. Un échange qui peut s’avérer très sympa et enrichissant. Si l’homme le souhaite, elle pourra lui renvoyer l’appareil en lui partageant les recettes au Refuge.
Après tout, si son amie a fait copain-copain avec ce dernier, c’est qu’il devait être aussi une personne fort aimable.

Néanmoins, la conversation devenait intime et l’idée de se réfugier dans la chambre de Naomi réconfortait la rouquine. Elle a beau jeter un rapide coup d’œil autour d’eux et ne reconnaître aucune tête, elle préférait jouer la carte de la sécurité. Des oreilles indiscrètes peuvent toujours fourmiller dans un tel endroit bonder et surtout rassembleur.
Elle se laisse guider par la brune, zigzagante à travers le camp. Retrouver l’aéroport… Il y a tellement de changements qui ont été apportés qu’elle n’a même plus réellement l’impression d’arpenter cet immense immeuble d’autrefois.

Arriver dans la chambre, Naomi lui intime de prendre ses aises. Cependant, Erin ne peut s’empêcher de laisser ses pralines vagabonder dans la pièce et d’y analyser le tout. Elle y reconnaît -malgré le peu de décoration qui orne la salle- la personnalité de son amie. Une réelle vague de nostalgie la submerge.
Elle finit par prendre place sur le lit, aplatissant les plis engendrés sur la couverture, en vain. Elle inspire, ne sachant pas véritablement par où commencer. Instinctivement, sa main gauche enveloppe les anneaux reposant sur sa chaîne autour de son cou. Elle inspire de nouveau.

— J’ignore comment tu as vécu la pluie…

Probablement en gros cauchemars réveiller comme quasi la totalité de la population mondiale!
Elle sent les larmes montées, mais elle ressent aussi le besoin d’en parler une bonne fois pour toutes. Et qui de mieux qu’une personne de confiance comme Naomi?

— Si au départ, j’arrivais à tenir bon, j’ai fini par perdre ma fiancée…

Elle marque une pause. Son regard s’abaisse, incapable de trouver la force de fixer son amie dans les yeux. Les émotions se mélangent.
En fait, elle ignore même si Nao souhaite entendre cette histoire…