Elle avait l’impression de retourner en classe, une sensation qui lui plaisait plus que tout. C’était étrange, mais dans ce chaos, elle retrouvait une forme de réconfort en se concentrant sur les détails de la situation, comme si elle était en train de réviser un cas complexe. Les instants de panique se transformaient en une étude minutieuse des actions et des réactions, un exercice qui la ramenait à un temps plus simple, plus prévisible. C’était comme si son esprit, malgré l’effroi, se réfugiait dans une sorte d’analyse froide et méthodique, faisant abstraction du désespoir autour d'elle.
Chaque mouvement des créatures, chaque son étrange, devenait un point d’analyse dans son esprit. Elle cherchait des schémas, des points faibles, et s’efforçait de prédire leurs prochaines actions. L’intensité du moment s’adoucissait lorsque son esprit plongeait dans cette analyse. En fin de compte, ce qui devait être une simple stratégie de survie se transformait en un retour à une époque où les enjeux étaient moins vitaux et les réponses, plus claires. Elle était déterminée à faire de cette crise une étude de cas, trouvant un sens même dans la terreur, et avec chaque décision calculée, elle se rapprochait de la maîtrise de la situation. Les vieux réflexes reprenaient le dessus, transformant la peur en une forme de contrôle, et elle avançait avec la certitude qu’elle pouvait, d’une manière ou d’une autre, faire face à cette épreuve avec la même détermination qu'autrefois.
En tout cas, Dylan semblait en accord avec ses remarques. Elle pouvait voir, dans les points les plus pertinents, les mêmes observations qu’ils venaient d’énoncer, et il semblait peut-être prématuré de prendre une décision aussi radicale. Cependant, l’époque qu’ils traversaient ne laissait pas de place aux “et si...” Elle prit une profonde respiration avant de se tourner vers lui, ses yeux exprimant une détermination tranquille. “Je ne pense pas qu’on ait la place pour les mettre à l’écart. Et est-ce que ça vaut vraiment le coup?” Elle ajouta avec un sourire, “Tu peux me tutoyer, ce genre de choses n’a plus vraiment d’importance, tu ne crois pas?” Sa voix était douce mais ferme, comme si elle essayait de créer un espace de sincérité et d’authenticité dans un monde devenu si incertain. Le sourire qu’elle offrit était à la fois un signe de camaraderie et un geste pour alléger l'atmosphère tendue. Les circonstances les poussaient à se rapprocher et à abandonner les formalités inutiles, et elle espérait que cette approche plus personnelle aiderait à clarifier leur position commune et à prendre des décisions avec plus de cohérence. “Si tu t’en sens capable, je te laisse la main et tu sembles mieux t’y connaître que moi. La volaille n’est pas mon plan d’action.” Miria s’appuya contre la rambarde qui retenait les poules : “Faudrait surveiller les autres, ce serait dommage de se retrouver à manger de la viande contaminée.” Peut-être même supprimer le poulet des repas, cela ne ferait pas de mal mais ce n’était pas à elle de prendre cette décision, après tout.
- Je sais que c’est un peu idiot comme question par les temps qui courent, mais comment tu te sens ?