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Aurora Lane
Aurora Lane


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Aurora Lane  ϟ  Noah Evans .

J’ai passé la majorité de ces derniers jours loin du camp, de son agitation et de sa vie. Je lui ai préféré le froid et la solitude, bien qu’ils soient plus dangereux à côtoyer. Le blizzard est venu puis reparti, comme une banale tempête, et même si ça aurait dû me vacciner des sorties pour un bon moment, je n’arrivais pas à tenir en place au milieu des autres. C’était beaucoup plus simple à l’époque. On fermait la porte à double tour et on pouvait rester des heures, des jours, dans le silence, sans voir un visage ou entendre une voix. Je n’avais plus qu’à m’empoisonner l’esprit pour me débarrasser de celle dans ma tête. C’était les seuls moments où le chaos cessait de tout retourner et où le calme se glissait dans mon corps. C’était aussi simple que lâche et cette facilité me manque. Aujourd’hui je n’ai pas d’autre choix que de cohabiter avec. Alors à nous deux, mes pensées et moi, nous avons pris nos distances pour digérer ces dernières semaines. Depuis mon retour à Malden, j’ai eu le temps de me trouver quelques coins tranquilles dans la ville morte, au cours de mes explorations. L’avantage de nos jours, c’est qu’on n’a plus besoin d’aller bien loin pour se sentir seul au monde. J’ai donc jeté mon dévolu sur un ancien immeuble d’habitation, non loin de la côte. J’y avais trouvé cette serre sur le toit, qui appartenait probablement à un amateur de jardinage qui s’était perdu au milieu du béton urbain. Le sommet du bâtiment était difficilement accessible, à moins d’être bon grimpeur, ce qui me garantissait de ne pas être trop embêtée par des explorateurs ou des rôdeurs. Tout ce qu’il y avait à piller dans cet immeuble l’avait déjà été de toute façon.

Je n’ai jamais eu la main verte, et cet endroit a assurément perdu de sa beauté d’antan, au regard des nombreux pots qui ont séchés, faute d’arrosage. Quelques plantes survivent, mais ont davantage l’aspect de mauvaises herbes que de véritables joyaux de la nature. Toutefois, cet endroit à un bel avantage face à ce temps hivernal. Les vitres de la serre font gagner quelques degrés à l’intérieur, quand le soleil les balaye pendant la journée. J’y suis à l’abri du vent, de la pluie et de la neige, alors c’est un bon compromis au camp. J’y emporte tout le nécessaire pour me nourrir, me tenir au chaud, et tuer le temps. A défaut de pouvoir brouiller mon esprit, je dois l’occuper, le distraire, alors j’emporte toujours de quoi dessiner, ou lire quand je me lasse du crayon. Un piètre réconfort auquel je m’accroche, comme une enfant serrant sa peluche, pour me donner la force d’affronter le monde. Au fil des mois, le mental s’épuise malgré qu’on tente de se convaincre du contraire et les derniers événements ont mis un sacré coup à cet équilibre déjà fragile. Pendant un court instant, j’ai frôlé du doigt ce sentiment d’avoir absolument tout perdu. Inconsciemment on s’accroche au passé, à notre vie d’avant, car c’est celle qui renferme nos souvenirs, celle qui nous définit, qui fait de nous qui nous sommes. Avec la pluie, on a tous perdu notre quotidien, notre mode de vie. J’ai perdu Ethan puis Caleb. Noah était finalement le seul fil qui me reliait à mes souvenirs, à ma vie, et sentir ce fil m’échapper, sans pouvoir rien faire pour l’en empêcher, c’était comme sentir son seul et dernier pilier se dérober sous ses pieds. J’aurais aussi bien fait de le suivre, puisque s’il était mort, je n’aurais plus eu aucune raison de me battre pour survivre. Vivre en les ayant tous perdus n’aurait plus eu de sens. Tous ces efforts déployés pour s’accrocher à la vie n’en valent pas la peine si tous ceux qui font battre mon cœur ne sont plus là. Perdre Ethan c’était déjà perdre une partie de moi-même. Avec Noah, j’aurais perdu le peu qu’il me restait.

Il va bien, et c’est l’essentiel. Je balaye toutes mes ruminations avec cette affirmation, pour éviter d’avoir à imaginer la suite de l’histoire, si les choses se seraient terminées autrement. Le savoir à l’infirmerie, entre de bonnes mains, suffit à m’apaiser. J’ai préféré ne pas y mettre les pieds, après tout, il a été plutôt clair sur la façon dont je parasitais sa vie. Je me suis alors contentée de demander des nouvelles au personnel soignant sur sa récupération et leur verdict était encourageant alors ça me suffisait. La vie allait pouvoir reprendre son cours, lui avec la sienne et moi avec la mienne. La réalité me rattrapera sûrement plus tard, puisque la vie n’est plus aussi acquise qu’auparavant, mais j’ai envie de me complaire dans cette naïve idée de sécurité. Finalement, c’est un vieil ami que je retrouve, qui me chantait cette même litanie que tout irait bien. Je le laissais parler, dans l’espoir qu’un jour il parviendrait à me convaincre, mais au fond, sa positivité a toujours relevé de l’idylle. Tout allait bien jusqu’à ce que ça n’aille plus. J’y ai échappé pendant notre relation, mais finalement, ce qu’on fuit nous rattrape toujours.

Malgré les jours qui passent, je peine à m’ôter tout ça de la tête. Peu importe comment je les chasse, l’histoire finit toujours par se jouer à nouveau dans mon esprit, avec tous les questionnements et les pensées qui l’accompagnent. Ça m'agace sûrement autant que ça me fatigue. Je me résigne en me disant que le temps en viendra bien à bout. D’autres événements suivront, jusqu’à ce que ce blizzard ne soit plus qu’un vieux souvenir. Autrement dit, patience. Celle-ci n’a jamais été mon fort. Quoi qu’il en soit, je n’ai pas d’autre choix que de reprendre la route du camp. Les provisions que j’avais emporté arrivent à leur fin, alors je décide de bouger.

Le temps n’est pas au rendez-vous quand je reprends la route. Le ciel est gris et l’air humide. Il va sûrement pleuvoir, avec un peu de chance pas avant que j’arrive, mais je ne suis sûre de rien alors j’enfile ma protection imperméable pour me couvrir, en cas de premières gouttes. Je me mets ainsi en marche en direction de la Tanière, à environ 3 ou 4 kilomètres de là. La distance est courte mais je presse tout de même le pas pour éviter l’averse. Quand j'aperçois quelques rôdeurs, attroupés au bout de l’avenue, je privilégie le détour, pour les éviter. Si je peux m’épargner la confrontation et quelques balles si ça tourne mal, je suis preneuse. Par chance, je connais assez bien cette partie de la ville pour y avoir vécu. C’est même assez étrange, d’emprunter ces rues qui mènent tout droit à ce qu’il y a quelques années encore était mon chez moi. Je ne suis pas repassée ici depuis la première pluie. Même en exploration, j’ai toujours fait en sorte de passer ailleurs, par les rues adjacentes. Seulement cette fois, je n’ai pas trop le choix. J’établis alors mon premier constat sur ce qu’est devenue cette rue. Peu de choses ont changé, à ma surprise. Je refais ce chemin que j’ai fais de si nombreuses fois, et si je ferme les yeux, je jurerais entendre le bruit de la circulation ou encore la voix de la voisine du dessous qui crie à ses deux démons de ne pas s’éloigner. Je revois les passants qui promènent leurs chiens, ceux qui font leur footing, le facteur qui distribue le courrier. La vie de cette rue est toujours là, gravée dans un coin de ma mémoire, inchangée. J’ai une fulgurante envie de remonter le temps, de replonger dans ces souvenirs, dans cette vie insouciante de sa fin. Elle est vite suivie d’une profonde désillusion face à l’impossible. Il y a quelque chose de terriblement triste à se dire que tout ça n’existera plus. Ces jours ne reviendront pas. Le passé ne reviendra pas.

Je remonte la rue en silence, prenant le temps de constater les conséquences de notre apocalypse, avant de m’arrêter devant ce qui était à l’époque mon point d’arrivée. En haut des quelques marches, la porte de mon ancien immeuble, entrouverte, retenue par un tas de feuilles et de saletés. Je lève les yeux vers mes anciennes fenêtres, mon ancien balcon. Rien n’a bougé. J’hésite à entrer et monter. Je sais que je n’y trouverais rien. Les quelques affaires qui doivent s’y trouver appartiennent aux propriétaires qui y ont vécu, après ma séparation avec Noah. Malgré tout, la curiosité me prend la main et me tire à l’intérieur. Prudente, j’examine tout de même les différents étages. Je ne voudrais pas tomber sur des rôdeurs là-dedans. L’endroit semble désert alors je monte jusqu’au dernier étage. La porte a déjà été forcée, sûrement par des pillards, alors je n’ai pas grand mal à entrer puisqu’elle ne ferme plus. Mon premier aperçu de la pièce principale est si étrange. Beaucoup de meubles sont encore présents, comme dans de nombreuses habitations. L’endroit a été fouillé et retourné à plusieurs reprises alors c’est un joyeux bordel mais l’appartement en lui-même n’a pas beaucoup changé. Les mêmes peintures, la même cuisine, le même lustre, seulement des affaires qui ne sont pas les nôtres.

J’explore brièvement l’endroit, laisse mes doigts courir sur le comptoir de l'îlot. Chaque marque du temps, d’usure, de vie de cet appartement que Noah et moi avons pu y laisser, tout est là. Je n’étais pas une grande cuisinière, mais j’aimais cette cuisine, le fait qu’elle soit ouverte sur le salon, que la lumière l’éclaire dès le matin, que l’odeur du petit déjeuner se répande dans tout l’appartement. C’est un tas de souvenirs qui remontent dans cet endroit, que je ne suis pas sûre d’être réellement préparée à affronter.

Un bruit sourd de quelque chose qui tombe lourdement au sol derrière moi me tire de mon exploration silencieuse. J’attrape mon arme par réflexe et me retourne aussitôt. Une silhouette que je reconnaîtrais entre mille, là sur le balcon, qui n’était pas là à mon arrivée, et qui me prend par surprise. J’envisage pendant une brève seconde d'être en train de l’imaginer, mais je ne rêve pas. Je me demande d’où il sort, mais à en déduire par le bruit de son atterrissage, il a surement dû grimper sur le toit depuis le balcon. Je ne comprends pas ce qu’il fait ici. Il devrait être à l’infirmerie ou tout du moins au camp, pas là dehors à traîner sur les toits. « Qu’est-ce que tu fous ici ? T’es pas censé être sur un lit, surveillé par des médecins, en train de te soigner ? »




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Depuis le blizzard, et notre retour au camp, je n’en ai pas bougé. Les premiers jours ont été durs. Willow a été la seule à être à mes côtés à l’infirmerie, et j’aurais préféré qu’elle ne soit pas seule pour éviter d’endurer ça. Je ne me suis jamais senti aussi seul de ma vie en réalité. Ne pas devoir bouger, forcer, être condamné à être dans ce lit. Puis la sortie de l’infirmerie n’a pas été mieux. Seul, au repos. J’ai commencé à virer fou. J’ai bien essayé de m’occuper en coupant du bois ou même en essayant de faire quelque chose d’utile mais chaque fois un de mes proches m’attrapait et me faisait la morale. Alors je me suis isolé, dans ma chambre, ou dans mon espèce de bureau, qui me sert plutôt d’atelier de bricolage, et de cartographie. C’est d’ailleurs ce que j’ai fais, bosser sur cette fameuse carte. Jour et nuit. Parce que dormir c’est surfait. Je ne dépense pas mon énergie, mon cerveau tourne à plein régime et mon sommeil s’envole. Je sais que je ne suis pas très stable psychiquement, je le sens. Je finis par passer mes journées sur une aile d’avion, éloigné de l’aéroport, ou quand il pleut, à l’intérieur de la carlingue. Je me surprends à rêver de ne plus être ici, de n’avoir jamais remis les pieds à Malden et à me demander si je me sentirais mieux qu’en étant revenu ici. Mais surtout, je viens à me questionner de cette manière à cause d’une personne en particulier. Aurora. Je ne l’ai pas revu depuis l’église, et même là-bas au final on n’a pas parlé. Je ne sais plus quoi penser de tout cela, et dire que je n’ai pas de nouveau le cœur brisé serait mentir. Avant, pour échapper à toutes ces émotions négative, je bougeais, je partais explorer, ou juste sortir du camp. Mais à l’heure actuelle je ne peux pas et dans ma tête, tout se mélange. Pourtant, d’être au repos forcé, me met aux pieds du mur m’oblige à faire face à tout cela, et à prendre des décisions.

Mais à force, j’étouffe. J’ai besoin de sortir, j’ai besoin de respirer. Je vais imploser.
C’est pour cela que je me retrouve dehors très tôt, avant que tout le camp soit réveillé et surtout Jordan, Willow ou même Kate. Je n’ai pas surchargé mon sac, car mes côtes me font encore assez mal, mon arme est chargée et j’ai mon sabre. Je respire aussi profondément que me le permettent mes côtes et je file du camp, rapidement pour éviter de me retrouver bloquer. Je sais très bien que je me ferais tuer mais au moins j’aurais pris l’air. Je vais plutôt tranquillement, je ne suis pas pressé. Je sais où je vais aller, cet endroit où je me suis refusé de le croiser ne serait-ce que du regard. Pourtant je suis décidé à y faire face aujourd’hui. Peut-être est-ce la mort que j’ai frôlé qui me pousse à enfin agir, ou peut-être que j’ai besoin de purger mon passé pour ne plus le laisser m’atteindre et manquer de me tuer.
Je mets un petit moment à arriver mais je finis par y être. Je m’arrête devant cet immeuble qui me ramène à tous les cauchemars, qu’ils soient réels ou oniriques. C’était notre maison, notre sanctuaire. Ici avec elle, c’était ma safe place, jusqu’à ce qu’elle fasse tout voler en éclats, jusqu’à ce que visiblement je gâche tout. Je détourne mon regard brièvement de l’immeuble, comme si j’essayais de refermer ce trou béant dans ma poitrine présent depuis très longtemps, trop longtemps. Je me rappelle de beaucoup de souvenirs. Parfois flous parfois très clairs. Je la sens près de moi, comme si elle était là. Je me souviens de cette fois où l’on revenait du restaurant. J’étais arrivé la veille, et on profitait comme deux jeunes adultes un peu insouciants. Je nous revois marcher en riant sans toutefois me souvenir de la raison de ce rire, mais je la revois heureuse. Puis ses mots me reviennent en tête. Elle ne l’était pas, et elle s’est détruite par ma faute, ou du moins par mes absences. Et soudainement aussi vite que cette chaleur à mes côtés est arrivée, elle repart, en me laissant avec le froid glacial de l’air qui s’engouffre dans la rue. Je déglutis difficilement en me remettant en marche et je pénètre dans le bâtiment.

Je monte doucement les escaliers pour ne pas m’essouffler et je m’arrête à l’avant dernier étage devant la porte de notre appartement. Je pousse la porte qui est légèrement ouverte, sûrement un départ précipité, ce qui est confirmé par une valise ouverte dans l’entrée et du sang séché. Je pince mes lèvres en gardant mon arme à porter de main. Mais même en faisant du bruit c’est calme. Je tombe sur un meuble avec des photos et j’en prends une entre mes doigts pour la regarder. Un couple et leur bébé. Ça aurait du être Aurora et moi sur cette photo. Je la repose avant de passer par la fenêtre pour monter sur le toit. J’ai besoin d’air, j’ai besoin de hauteur. Je m’assois après être monté sur le petit toit de la cage d’escalier et je regarde dans le vide. J’ai toujours aimé monter là quand on se disputait. Le fait de prendre de la hauteur m’a toujours aidé à respirer.

Je regarde le ciel, il n’est pas très beau, et à mon avis, il va pleuvoir, d’ici peu. Je descends donc du mini toit, et je me dis que j’ai de la chance d’être grand, pour descendre sans trop forcé. Je vois le rideau de pluie qui se rapproche alors je me précipite dans les escaliers. Je saute le dernier balcon et j’atterris lourdement. Je grimace mais je me relève rapidement pour pouvoir rentrer. Mais la silhouette face à moi m’immobilise par sa présence. Aurora. Qu’ai-je fais pour avoir un karma aussi merdique. Je rentre dans l’appartement, et je pose mon sac au sol. Je m’appuie contre le mur, et je remonte mon bras contre mes côtes en posant ma main contre. Mon regard se pose sur elle, et je fronce les sourcils à ses paroles.  « Qu’est ce que ça peut te foutre dis-moi ? » Je finis par me redresser et je récupère mon sac. Je me dirige vers le canapé.  « Oups, pardon, je ne voulais pas te froisser. Même si ça doit être si important de me savoir soigner sans venir ne serait-ce que me voir une fois, quel intérêt de montrer de l’intérêt que quand ça nous chante ? » Je m’installe dans le canapé, et je respire doucement. On est bloqués ici pour un petit moment, parce qu’il commence à pleuvoir dehors. J’aurais préféré ne pas l’être, mais visiblement j’ai du être trop mauvais dans ma vie ou même dans mes vies antérieures pour avoir un karma aussi pourri.

Je m’installe confortablement et je demeure silencieux. Je sors mon carnet de mon sac et un crayon à papier si petit que mes gros doigts galèrent à le tenir. Je l’ignore totalement et en vérité, je mets même mes écouteurs pour écouter la musique de mon téléphone. Au bout d’un certain temps, peut être une demi heure je lève mon regard de mon calepin et je regarde la fenêtre. Il pleut toujours et c’est une grosse averse. Je range le carnet et je relève mon visage. Je cherche Aurora du regard, elle n’est pas là, mais son sac est encore dans la cuisine alors elle n’est pas loin. Je me lève doucement et je me dirige vers la chambre. Elle est installée à la fenêtre.  « Je vais passer à autre chose Aurora. Si je suis venu dans cet endroit c’était pour te dire adieu, du moins adieu à ce que l’on a pu vivre. J’ai failli mourir parce que l’amour que j’ai pour toi m’a rendu aigri, et rempli de haine. Et comme tu es là, autant te le dire. Je n’ai plus envie de me mettre en danger, parce que quand je suis en colère contre toi, je ne suis plus capable de penser correctement. Alors j’arrête les frais. »

Je repars dans le salon, et je vais vers la baie vitrée. Je m’appuie contre cette dernière et je regarde la pluie tomber. C’est difficile pour moi de prendre cette décision mais j’ai réalisé, alors que j’étais enfermé seul à l’infirmerie, que je suis père et même si elle est adulte elle a besoin de moi, autant que j’ai besoin d’elle. Willow pense toujours que je l’ai sauvée mais en réalité, c’est elle qui m’a sauvé et je ne peux pas lui infliger ma perte de manière idiote. J’ai beau aimé cette femme dans la pièce à côté, plus que ma propre vie, l’amour que j’ai pour cette enfant, mon enfant surpasse tout. Et c’est peut-être ce qui m’a mit le plus en colère. Non pas d’avoir été abandonné par mes proches à l’infirmerie, mais qu’ils aient abandonné Willow et qu’elle aurait pu se retrouver sans moi.

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Vivre loin de Malden pendant un an n’a rien eu de facile mentalement, mais ça m’a au moins préservé d’une chose : les souvenirs. Où que l’on soit, chaque survivant a dû rêver au moins une fois de remonter le temps. La nostalgie est forcément là, omniprésente et destructrice. La mienne m’a toujours accompagné, mais je m'épargnais au moins la vue. Ces rues, son appartement, sa maison, son travail, ses habitudes, les voir sans pouvoir y retrouver son quotidien, c’est un coup de massue de plus. C’est pour m’en préserver que je ne suis jamais revenue ici. Je sais déjà que je ne retrouverais pas ce que j’y ai perdu, alors je ne voyais pas l’intérêt d’imprimer dans mon esprit un rappel visuel de ce qui m’a échappé il y a longtemps déjà. Je marche pourtant dans cette direction, monte les marches qui mènent au cœur des souvenirs, sans savoir si je vais le regretter ou non. Ma curiosité joue une fois de plus avec le feu. Je ne sais pas ce que je peux tirer de bon de cette escale, mais j’y fonce impulsivement tout de même.

Ce devait être un bref tour, l’affaire de quelques minutes, pour faire taire ma curiosité sur ce qu’était devenu cet appartement. C’était en tout cas le pitch que je m’étais servi, pour réduire l’impact de ce retour dans le passé. Plus encore, j’avais prévu d’être seule, comme une ombre qui passe et s’en va, sans laisser de trace. Ça ne devait pas se savoir. Tout était prévu, calculé. Sauf lui. Il n’était pas dans l’équation. Pour moi, il était bien au chaud dans l’infirmerie de la Tanière, à se faire soigner. Il ne devrait pas être là. Mais est-ce que ça m’étonne de lui ? Pas vraiment. L’avoir gardé allongé dans un lit pendant des jours, relève déjà du miracle. Il n’en a toujours fait qu’à sa tête, même si ça veut dire négliger sa propre santé. Ce trait chez lui m’a toujours rendue folle de rage. J’ai envie de le gifler, même si je sais que ça ne lui remettrait pas les idées en place. Il est inconscient, irréfléchi au possible dès qu’il s’agit de lui, et ça a toujours été ma hantise car c’est ce trait là qui pouvait me l’enlever à tout moment. Alors évidemment, mon ton est plus moralisateur qu’il ne le devrait.

Au-delà de ça, je me sentais tout à coup comme prise la main dans le sac. Je ne devrais pas me trouver là. Quelque part, c’était comme revenir en arrière sur une vie, une décision que je disais ne pas regretter. Moi-même, je ne sais pas réellement ce que je fais là et ça me met dans l’embarras. Pour autant, je suis trop fière pour fuir maintenant et faire comme si on ne s’était pas croisés ici. Tant pis. J’assume ma présence en ces lieux. Lui non plus ne devrait pas se trouver là, après tout. Il risque bien plus que moi à avoir mis les pieds ici, pour jouer les cascadeurs qui plus est.

Sans surprise, il sort aussitôt les crocs à ma question. Il me balance sa rancœur en plein visage, et je crois halluciner. Il est vraiment en train de me reprocher de ne pas être venu le voir à l’infirmerie ? Je ne sais même pas pourquoi ça me surprend. Il a toujours été doué pour se faire des films et retourner les situations contre moi. Alors qu’il a été plutôt clair sur le fait qu’il ne voulait pas me voir et qu’il voulait rester loin de moi. Si je l’écoute, ça ne va pas. Si je ne l’écoute pas, ça ne va pas non plus. Quoi que je fasse, rien ne va jamais et ça m’épuise. « Soit pas idiot. Bien sûr que ça m’importe. On est à ce point devenu des inconnus pour toi pour que tu penses que je me fiche que tu vives ou que tu crèves ? » répondis-je, d’un ton amer et consterné. L’épisode du blizzard est toujours en travers de ma gorge et ce genre de sous-entendu sur mon manque d’intérêt ne passent pas. « C’est toi qui voulait que je te laisse tranquille je te rappelle, et c’est ce que j’ai fait. Tu sais pas ce que tu veux… » Je n’ai pas mis les pieds à l’infirmerie parce que je pensais être la dernière personne qu’il avait envie de voir. Alors je l’ai laissé tranquille, et me suis contentée de prendre des nouvelles sur son état auprès de l’équipe médicale du camp. Ils se sont montrés rassurants et c’était tout ce dont j’avais besoin. J’avais aussi besoin de digérer cette journée, qui m’avait vidé mentalement et émotionnellement. Mais bien sûr, pour lui, le raccourci est tout trouvé. Si je n’étais pas là c’est forcément parce que je n’en avais rien à faire. Ce genre de raisonnements chez lui m'atterre.

Comme prévu, les premières gouttes de pluie commencent à tomber sur la terrasse et avec elles, s’envolent notre possibilité de quitter l’immeuble. Lui s’installe sur le canapé avec un carnet et un crayon, comme si j’avais soudain disparu de la pièce. Je continue alors mon exploration, faisant de même. Je dépasse la cuisine et m’avance vers l’espace salle à manger. Des cadres photos trônent encore sur le buffet, mis sans dessus dessous par les pillards. C’est drôle comme la valeur des choses fluctuent. Ils ont laissé tout ce qui n’avait pas d’importance, mais je suis sûre que pour ceux qui vivaient là, c’était parmi les choses qui en avaient le plus. Je ne les ai pas connus puisque j’ai quitté l’appartement la première. Je ne sais pas si Noah les a déjà croisés. Je remarque qu’ils ont gardé quelques meubles. Les chaises ont été changées mais la table est la même. Les chaises hautes de l’ilôt étaient aussi les nôtres.

Je progresse et m’aventure dans la chambre. La disposition de la pièce est bien différente de celle dans mes souvenirs. Moins de meubles, sûrement pour faire de la place pour ce lit de bébé. Comme délaissé ou sacralisé, c’est le seul élément qui n’a pas été retourné dans cette pièce. L’armoire a été fouillée, en partie dépouillée. Le lit est encore défait. Le sol est jonché de papiers, de vêtements et d’objets inutiles. C’est finalement le même décor que tant d’autres appartements comme celui-ci, dépouillé de ses richesses et laissé en bazar. Les témoins de vies perdues, oubliées, abandonnées.

Je m’avance finalement vers la fenêtre près du lit. J’ai passé des heures assise sur ce rebord, à écouter de la musique, lire, dessiner, flâner ou planer dans les mauvais jours. J’y avais quelques coussins, et une vue sur le petit café dans l’angle. Les carreaux sont intacts, bien que plus entretenus. Je pose mes affaires et m’y assoit, comme une vieille habitude, et observe ce qu’il se passe dehors. C’est drôle parce que je n’aurais jamais pensé qu’une chose aussi futile pourrait me manquer. La pluie. Elle continue de tomber, mais ça fait plus d’un an maintenant que je ne l’ai pas sentie, que je ne me suis pas prise une averse sur la tête en rentrant à la maison. J’ai envie d’ouvrir la fenêtre et de passer mon bras dehors, simplement pour sentir les gouttes froides marteler ma peau. Le temps où tout ça était sans danger me manque. J’aimais cette pluie innocente, son bruit contre les carreaux, c’était apaisant. Le temps gris faisait tomber la luminosité dans l’appartement et tout semblait si calme. La plupart des gens détestaient ce temps maussade, mais moi je l’aimais bien. C’était un moment clos, où les éléments nous laissaient tout le loisir de nous enfermer dans notre bulle, au rythme d’une berceuse.

Je remonte mes jambes contre ma poitrine, et pose mon front contre le carreau froid, profitant pendant quelques minutes du calme et du son apaisant de la pluie, comme avant. Mon esprit remonte le temps, s’accroche à un vieux souvenir, et tente désespérément d’y retourner. La voix de Noah m’en tire. Il a quitté son canapé et se tient à la porte. Le ton qu’il emploie est plus calme qu’en arrivant, mais toujours aussi froid. Son discours me surprend autant qu’il me blesse. Si je résume, c’est à cause de moi et de la haine que je lui inspire qu’il s’est mis en danger dans l’église. Ça ne tient pas du tout au fait qu’on a passé des heures dans un froid glacial et qu’il n’avait pas suffisamment de quoi se maintenir au chaud. Je me revois au-dessus de lui, à appuyer sur son thorax avec tout ce que j’ai pour ne pas que son cœur lâche et voilà qu’il me sort que si on en est arrivé là, c’est à cause de moi. Je reste bouche bée pendant quelques secondes tellement ça me sonne. « Donc t’es en train d’insinuer que ce qui t’es arrivé c'est de ma faute ? » Ma voix traduit ma sidération. Lui lâche sa bombe et me tourne le dos, pour aller au bout de la pièce.  

Toute sa vie, il a passé son temps à prendre des risques, à vivre avec une épée au-dessus de sa tête tant il côtoyait le danger. C’est la raison principale qui m’a poussé à partir parce que je ne supportais plus cette incertitude constante qui pesait sur nous. Lui, Ethan, je les ai toujours voulu en sécurité. Ils en ont toujours fait qu’à leur tête. Penser correctement, qu’est-ce que ça veut dire au juste ? Il a toujours pensé comme ça. Mon esprit se rebelle face à cette idée qu’il refuse d’encaisser. J’attrape alors un coussin à mes pieds, me lève et marche jusqu'à la porte de la chambre pour le jeter à travers le salon. J'atteins tout juste son dos et l’effet est moindre, mais je n’avais pas plus parlant à portée de main. « Tu sais quoi ? Va te faire voir. T’as jamais eu besoin de moi pour te mettre en danger. Regarde-toi, ici, alors que tu devrais être à l’infirmerie. C'est de ma faute ça aussi ? T’as frôlé la mort, mais on dirait que tu t’en tapes. Il y a des choses qui ne changent pas. »

Il “arrête les frais”. Comme c’est ironique. J’aurais rêvé qu’il me dise ça, à l’époque. Ça aurait changé tellement de choses. L’amour n’est pas plus fort que la haine, finalement. Il n’y qu’elle qui aura réussi à lui faire cracher ces mots. Pour peu qu’il s’y tienne, mais ça, c’est une autre histoire. Il a besoin de me haïr pour réaliser qu’il n’a plus envie de se mettre en danger. M’aimer n’a pas suffit. Je ne vois pas plus triste comme constat. Aussitôt je le réalise et mon semblant d’énervement retombe. Je n’ai pas la force d’entamer une énième dispute. Alors je retourne près de la fenêtre, opposée à la sienne. Nos deux vitres se regardent mais on se tourne le dos, une fois de plus. Je me laisse glisser le long du rebord, pour y reposer mon dos à plat et m’allonger. La pluie continue sa mélodie à travers la fenêtre, tandis que j’observe le sommet de celle-ci. Je me perds à nouveau dans mes pensées mais cette fois je rumine. Quelques minutes plus tard à peine, je reprends la parole. Avec la porte ouverte et le silence ambiant, je sais qu’il n’aura aucun mal à m’entendre. « Tu sais ce qui est drôle ? Je suis partie en pensant me protéger de ta mort, de ton je-m’en-foutisme vis à vis de ta propre vie, et tout ça pour quoi ? Pour que tu crèves sous mes yeux des années après. C’est comme si c’était inévitable. C’est peut-être ça le destin finalement. T’es destiné à m’arracher le cœur à un moment ou à un autre. Ethan et toi vous êtes pareils. Vous voulez ma mort. »

Je ne veux pas penser à Ethan. Chaque fois qu’il revient dans mon esprit, je m’efforce de le chasser, car je sais à quel point il est ma faiblesse. Trop y penser c’est me replonger dans des émotions trop intenses que je garde soigneusement sous clé. Alors que ne pas y penser c’est ne pas pleurer. Alors je fuis son souvenir pour ne pas avoir à faire face à sa disparition. Je le remets dans un coin de ma tête et ferme les yeux. « Tout ça pour rien. » murmurais-je à moi-même. Je soupire. Comme c’est étrange de regretter une vie qui n’aurait jamais pu exister. Même avec des choix différents, cette vie n’aurait jamais suivi le cours que j’aurais voulu qu’elle prenne. Il y aurait quand même eu cette apocalypse, ce monde perdu et on serait surement au même endroit, à regarder les ruines de notre passé englouti. Remuer le passé n’a plus aucun sens aujourd’hui. Et pourtant, je ne peux m’empêcher de me dire que tout ça n’a servi à rien. Les certitudes que j’avais ne sont plus aussi claires aujourd’hui et ça m’embrouille l’esprit.

« Je sais même pas pourquoi je m’acharne encore… Nos vies sont mortes. Il reste plus rien et je m’y accroche quand même. Ethan est plus là. Les autres non plus. Et toi, t’es là mais plus vraiment là finalement. A quoi ça sert de se battre pour vivre toujours un jour de plus si c’est pour des jours comme ça. Ça vaut pas la peine. Je sais pas ce que je fous encore là. » Je déblatère comme si je pensais à voix haute et que tout ça n’est pas censé s’ébruiter mais ça sort quand même. « Je suis fatiguée... » je conclus, en soupirant. Ma voix est neutre, comme dénuée d’émotions alors que pour une fois, je les exprime tout haut. Il n’y a rien de joyeux dans ce que je dis, mais je sais que tous les survivants se sont posés au moins une fois ces questions pour en venir aux mêmes conclusions. Pourquoi est-ce qu’on survit ? Pourquoi est-ce qu’on lutte quand tout est contre nous ? Qu’est-ce qu’on a à défendre ? Est-ce que la vie vaut vraiment la peine qu’on se batte pour elle ? Est-ce qu’on survit par instinct ou par peur de la mort ? A toutes ces questions se mêlent mes regrets, mes chagrins, ma douleur. J’aurais aimé remonter le temps. Revenir aux jours heureux pour en profiter davantage, plutôt que de les considérer comme acquis. Revenir aux moments des décisions pour faire différents choix. La pluie serait quand même tombée, mais peut-être que tout ça aurait été différent. J’aurais peut-être pu sauver Ethan. Je ne serais peut-être pas là à contempler un passé brisé avec Noah. « J’ai toujours fait des mauvais choix dans ma vie de toute façon. » j’admets. « Est-ce que tu t’ai déjà dit qu’on aurait jamais dû franchir la limite ? » Quand je vois ce que notre relation est devenue, la question se pose inévitablement. Est-ce qu’on a bien fait de céder à nos sentiments ? Est-ce qu’il n’aurait pas mieux valu s’en tenir à notre amitié ? Même si les choses se sont mal finies, je ne regrette pas qu’elles aient commencé un jour. On a pris le risque de mettre notre amitié en jeu et on l’a perdue. « J’aurais encore mon ami aujourd’hui. »  





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