Let me breathe || RAFFIVER

Tu passas délicatement tes doigts sur ton front ensanglanté ce qui t’arracha un profond soupir. Quelle idée tu avais eu… Et en même, ce n’était pas un choix, tu devais donner un maximum de réalisme à ta situation. Même de là à t’assommer toi-même contre le tronc d’un arbre… Idée de merde. Et tu étais peut-être allée un peu fort, tu avais des vertiges à présent et une profonde envie de vomir. Tant mieux. Tu voulais qu’on te croit ? On allait te croire. Volontairement, tu n’avais rien bu et rien mangé depuis deux jours. Le plan était précis et à la fois très vague. La majeure partie allait reposer sur de l’improvisation. Depuis le moment où l’équipe d’exploration de la Tanière t’avait accompagné jusqu’à un point X, tu étais en totale improvisation. On t’avait indiqué une direction et on t’avait dit de marcher environ 1km. Facile, tu avais pensé… Mais un kilomètre à pieds dans ton état de faiblesse, ce n’était pas si simple. Toi qui avais cru que ça serait rapide. Toi qui avais l’habitude aux transports de luxe, tu t’étais retrouvée dans une sale situation. Sauf que c’était le plan. Tu devais te débrouiller par toi-même pour rejoindre cette fameuse Colline. Pour atteindre ton premier objectif, celui de pénétrer leurs murs et de rejoindre leur communauté.

Sauf que tu finis par perdre la notion du temps Raffie. Tu avais l’horrible sensation que ta tête allait exploser et tu peinais à rester debout. Tu avais négligé ton état de famine lorsque tu avais décidé de t’exploser la tête pour plus de réalisme. En plus de ça, tu t'étais écrasée plusieurs fois au sol pour tâcher tes vêtements pour plus de crédibilité. Personne ne pourrait douter que tu étais en fuite depuis des jours dans cet état plus que négligé. Ce que tu pouvais le détester cet état. Toi, qui même à travers l’apocalypse, prenais le temps de prendre soin de toi, d’être un minimum présentable. Tu étais totalement ton inverse aujourd’hui. Ce n’était pas le temps de se plaindre, tu avais une mission à mener, mais encore combien de mètres à franchir ? Tu n’en avais aucune idée et chaque pas te semblait plus difficile que le précédent. Sauf que tu n’étais pas une lâcheuse Raffaela, tu étais même tout l’inverse. Même lorsqu’on t’avait proposé cette mission, tu n’avais pas hésité. Pendant le temps de ta préparation, tu n’avais pas pensé changer d’avis, annuler le tout. Même lorsque tu avais été malmenée pendant les entrainements que tu avais subi. Ce que tu avais pu détester ça. Toi de nature princesse, tu avais été bousculée de tous les côtés. On ne pouvait pas te laisser partir pour une mission aussi dangereuse sans t’apprendre un minimum à te défendre. Tout n’était pas parfait, loin de là, mais aujourd’hui, tu savais à peu près comment te servir d’une arme. Du moins, en théorie. Tu manquais sûrement de pratique, mais ça, ce n’était pas nouveau. Tu avais cette chance d’avoir énormément de connaissances, dans tous les domaines, mais souvent, tu n’avais pas la pratique. Soit par manque de temps ou par manque d’intérêt. Bref, tu avais fini par dire à Noah que tu étais prête et que tu allais te débrouiller. C’était le moment de le faire.

Peut-être plus tard… Là, tu avais besoin de quelques minutes. Tes nausées étaient de plus en plus présentes et tes vertiges finirent par te faire tomber sur les genoux. Tu retiras ton sac de voyage pour t’en servir comme oreiller alors que tu t’allongeas sur le sol. Tu voulais fermer les yeux quelques minutes… Aucun risque, n’est-ce pas ? Ce n’était rien quelques minutes…

Un jour nouveau venait de se lever sur ce monde à présent en ruine. Mais un monde que River contrôlait d'une main de maitre... Bon pas le monde, mais au moins son camp. Ici, tout filait droit et si ça devait être l'inverse, il n'hésitait pas à sévir. Il n'y avait que comme ça qu'il pouvait faire respecter l'ordre et faire en sorte que tout ce passe bien.

Aujourd'hui, il devait sortir avec plusieurs hommes pour essayer de chasser. Des sangliers avaient été repéré les semaines précédentes dans le coin, donc autant en profiter pour chasser ce gibier et promettre un bon repas aux personnes vivants dans son camp. Ça aussi, c'est important, c'est en voyant que leur chef se donne pour eux qu'ils seront fidèles et qu'ils écouteront. En compagnie des meilleurs chasseurs, voilà qu'un petit groupe de six, lui compris, se mirent en marche pour chasser. Le froid se faisait sentir, mais ça pourrait être pire, du moment que tout le monde était bien couvert, il n'y avait pas de raison de finir tel un Mister Freezer. C'était plutôt calme, pas de zombie à l'horizon, on pouvait mettre entendre les oiseaux gazouiller. Un peu plus et on pourrait penser être de retour dans le monde d'avant ou tout allait bien. Seul le paysage désolé rappelait la funeste réalité. Des voitures abandonnées, de la végétation abondante, des cadavres devenus squelettes, bref, l'apocalypse. Les six hommes évoluaient en silence, aux aguets, prêt à s'arrêter au moindre mouvement. L'ambiance était cependant détendu, comme quoi, River n'était pas non plus un tyran, mais il savait que ses hommes ne prenaient pas cette sortie à la légère.

Le groupe se sépara un peu, du moins, tout le monde avançait en ligne droite espacé de plusieurs mètres pour couvrir plus de terrain, le tout en silence et avec prudence. Pas l'ombre d'un sanglier pour le moment. C'est là qu'une voix ce fit entendre : "Général ! Venez ici !" Les sourcils froncés, Attano se stoppa, qu'est-ce qu'il se passait ? De base, ils ne devaient pas communiquer à l'oral. Rapidement, il se dirige vers le soldat l'ayant interpelé. "J'avais dit silence radio, put..." commence t'il à dire avec sa voix grave avant de se stopper en voyant la femme à terre. Son soldat déjà à son chevet pour voir si elle était vivante. "Elle est en vie, ses signes vitaux sont stables, mais elle est peut-être contaminée... Qu'est-ce qu'on fait ? On la laisse, on la tue, on la ramène ?" demande le soldat qui ne connaissait pas la suite des ordres. "Du calme ! Qu'est-ce qu'elle là ? Est-ce qu'elle est consciente au moins ?" interroge le Général histoire d'en savoir plus. Le soldat qui n'était pas docteur l'examina de plus près. "On dirait qu'elle a reçu un choc à la tête. Elle semble endormie, enfin... semi-consciente peut-être." River s'approcha et se baisser pour observer cette femme. "Sécurisez la zone !" Ordonne t'il et les cinq hommes s’exécutèrent sans plus de questions. "Est-ce que vous m'entendez ? Madame, vous m'entendez ? Que vous est-il arrivé ?" Il espérait que sa voix allait la faire sortir de sa léthargie, mais ça semblait un peu couru d'avance. Doucement, il vint tapoter son visage, espérant que le stimuli lui fasse prendre conscience. "Faut vous réveiller. C'est dangereux de dormir ici !"

Imprudente tu l’étais, tu l’avais toujours été et ce n’était pas demain que tu risquais de changer ça. Il ne fallait que toi pour prendre le risque de t’allonger, seule, en pleine forêt dans l’espoir de prendre une pause. Pas une seule seconde, tu avais pensé au danger et au fait que tu pouvais être surprise par n’importe quoi ou n’importe qui. Pas une seule seconde, tu n’avais pensé que tu étais épuisée au point de t’endormir si rapidement et surtout, si profondément. Consciente ? Non, tu ne l’étais plus. Tu n’étais pas loin, mais tu n’étais plus suffisant présente pour entendre les bruits autour de toi. Les premiers éclats de voix ne t’atteignirent pas, ni même les doigts qui se posaient contre ton poignet et contre ton cou. C’est finalement des mains sur ton visage qui eurent raison de toi et qui te firent redresser dans un sursaut. Beaucoup trop brusquement pour que tu arrives à rester assise et ta tête rejoint de nouveau ton sac-oreiller. Ton regard flou se posa sur une silhouette penchée sur toi et qui s’adressait directement à toi. Une légère complainte s’échappa de tes lèvres. « Je ne dors pas… » commenças-tu par souffler. Bien sûr, Raffaela, on allait te croire. Tu avais du mal à garder les yeux ouverts, ta vue était trouble. Tu n’arrivais pas à bien voir les traits de la personne à tes côtés, mais tu essayais. « Aidez-moi… » Une supplication qui ne venait pas réellement de toi, mais du personnage que tu te devais de jouer. Tu te préparais depuis trop longtemps pour échouer maintenant et cela malgré ton état comateux. « Ils me pourchassent… » Autre que la douleur, la peur déforma ton visage tandis que tu tentas de te redresser un minimum pour observer dans une direction bien précise. À la recherche d’assaillants qui n’existaient pas. « Je suis tellement fatiguée… » Chacune de tes phrases se terminaient dans un soupir. Tu avais du mal à les prononcer correctement. S’il y avait bien quelque chose sur lequel tu ne jouais, c’était ton état. Tu avais tapé beaucoup trop fort. Tu aurais dû y penser, mais dans le feu de l’action, tu avais agi sans réfléchir plus loin. Sans surprise, tu ne restas pas redressée très longtemps, ta tête regagna ton oreiller temporaire. Peut-être que la peur aurait dû prendre le dessus sur toi, peut-être que ton cerveau aurait dû t’envoyer des signaux d’alerte ou de mises en danger, mais il n’en fit rien. Tu te retrouvais à la main d’un total étranger, à deux doigts de t’assoupir de nouveau alors que tu ne pouvais pas faire confiance un seul instant à cet inconnu.

Sans prévenir, la jeune femme se redressa, comme d'un coup avertit par le bruit, un réveil en sursaut comme ça peut arriver souvent. Encore un peu et il aurait cru qu'elle était dans le coma. Au moins, elle était vivante et son cas n'était peut-être pas si désespéré. Quoi que... elle se rallongea assez rapidement, visiblement, elle ne parvenait pas à tenir autrement qu'à l'horizontal pour le moment. Vu la blessure à sa tête, elle avait dû prendre un gros coup. Commotion cérébrale peut-être c'était sérieux. Dehors, elle n'avait plus aucune chance si elle n'était pas soignée. Sa phrase l'amuse un petit peu. Non bien sûr, elle ne dormait pas. "Vous croyez que c'est le moment de méditer ?" rétorque t'il avec un léger sourire. Juste après, elle demanda de l'aide. Vraiment, elle semblait aller au plu mal. Dommage, il n'avait pas de docteur avec lui pour faire un premier constat. De son sac, il sortit ce qui ressemblait à un bandage tout propre. "Vous avez pris un sacré coup sur la tête, vous avez besoin de voir un médecin. Je vais bander votre tête pour stopper hémorragie." Une compresse stérile directement là ou se trouvait la plaie, puis il fit plusieurs fois le tour de son crâne avec la bande pour maintenir la compresse et aussi que ça fasse un peu pression sur la blessure. Avec ça, elle n'était pas guéri, mais ça protégeait déjà la blessure, pas besoin qu'elle se choppe une infection en plus.

Sa voix affaibli parla de personnes qui la pourchassaient mais pour le moment, ni ses hommes, ni lui n'avait vu qui que ce soit. "Qui vous pourchasse ? Des rôdeurs ?" demande t'il. Non, il doutait que ce soit ça, l'odeur du sang les auraient attirés, c'était peut-être plus des humains. "Il n'y a personne, vous êtes en sécurité avec moi." Le général essayait de la rassurer comme il pouvait, mais pas sûr qu'elle ait toute sa tête et qu'elle comprenne bien en ce moment. "Je vais vous ramener au camp, vous serez soignée là bas. N'ayez pas peur, je vais vous aider," assure sa grosse voix grave. Difficile d'être doux avec ce timbre de voix, mais ça marchait plutôt bien et il inspirait bien confiance à défaut d'une véritable douceur.

River passa un bras sous ses épaules et l'autre sous ses jambes pour la soulever de terre. Dans son état, elle ne pouvait pas marcher, il était bien forcé de la porter. "Reposez vous, ça va aller." dit-il pour qu'elle ne s’affole pas. Juste après, il siffla pour rappeler ses hommes. "On retourne au camp, elle a besoin de soin. J'en veux devant et derrière pour l'escorte, on oublie pas de surveiller les côtés et les angles morts. En avant !" Les soldats savaient quoi faire, habitués de servir sous les ordres d'Attano.

La route fut assez facile, aucune embuche, aucun ennemi. Finalement, les voilà de retour au campement. Toute de suite, il se dirigea vers l'infirmerie pour présenter la blessée et laisser un docteur s'occuper d'elle. Il la remit à ses derniers et les laissa faire leur travail. River reviendra un peu plus tard pour voir comment elle allait et essayer d'en apprendre plus sur elle.

On ne pouvait pas dire le contraire, tu t’étais prise un sacré coup à la tête. Et tu n’avais même pas hésité à te le faire toi-même. Lorsque tu avais une idée en tête, une mission à réaliser, tu le faisais parfois sans réfléchir aux conséquences. Ou dans ce cas-ci, dans la position faiblesse dans laquelle ça te mettait. Et d’une certaine façon, c’est ce que tu avais voulu. Tu voulais te faire passer pour la parfaite petite victime, la princesse à sauver. Tu le savais, car tu savais pertinemment que ça plaisait aux hommes de jouer au chevalier servant. L’homme imposant ne tarda pas à agir et tu te retrouvas avec un bandage – sûrement moche – autour de la tête. Tu t’étais ouvert le front autant pour avoir besoin d’une compresse ? Tu ne réalisais pas.

Dans tous les cas, tu devais essayer de garder la tête froide, de garder ton objectif bien en tête. Tu devais justifier ton état déplorable, tu avais tout d’une fugitive à l’heure actuelle. « Non, pas des rôdeurs… La Tanière. » Tu savais que tu n'aurais pas besoin d’en dire davantage pour être prise au sérieux. Tu étais parfaitement consciente du conflit entre vos deux camps et tu avais bien l’intention d’en jouer. Avoir un supposé ennemi en commun était une bonne raison de s’allier, n’est-ce pas ? Plus tard, tu serais sans doute en mesure d’expliquer ton histoire, mais dans la seconde tu n’étais pas en mesure de réfléchir correctement pour faire des phrases complètes. « Merci… » Une phrase murmurée dans un souffle tandis que l’inconnu te confia qu’il n’y avait personne, que tu étais en sécurité et qu’il allait t’aider. Tu n’eues pas la force d’ajouter quoi que ce soit. Tu accordas ta confiance à cette inconnue et c’est dans ses bras que tu te laissas partir de nouveau. Tu arrêtas de te battre à l’instant où il te dit de te reposer. Il allait arriver ce qui allait arriver, à partir de maintenant, tu n’avais plus le contrôle.

***

Ton sang pulsait au niveau de tes tempes alors que ta tête t’élançait sans relâche. Tu avais perdu complètement la notion du temps, mais ce dernier t’avait aidé à te sentir mieux. Tu n’avais pas tout entendu de ton état, mais il n’y avait rien de grave à signaler. Des simples ecchymoses et une commotion cérébrale. Pas de trace de morsures ou d’infection. Heureusement, ça aurait valu ta perte sans que tu puisses argumenter.

Ta nausée n’était plus aussi profonde. Un mal de cœur désagréable, mais tu n’avais plus la sensation d’avoir le cœur au bord des lèvres. Tu étais assise dans ton lit, un verre d’eau entre les mains que tu buvais par petite gorgée. Tu n’avais rien mangé depuis deux jours, tu ne devais pas te précipiter. Ton estomac n’allait pas t’aimer. Seule depuis un moment, c’est un bruit de porte qui attira ton attention et qui te fit relever la porte vers l’entrée. « Je vous reconnais vous. » C’était bon signe, non ? Ta tête n’avait pas frappé assez fort pour te faire oublier ce qui s’était passé avant de tomber dans le profond sommeil. « Je vous remercie. Vraiment. » Tu lui fis un doux sourire avant de détourner les yeux pour les reposer sur ton verre d’eau. Jouant les victimes qui s’imaginaient le pire.  « Je m’appelle Raffaela. » Tu relevas la tête afin d’observer autour de toi. « Nous nous trouvons bien à la Coline ? » Tes dents allèrent mordiller ta lèvre inférieure un court instant tandis que ton regard se mit à briller. Tu en avais tellement rêvé et ça, tu ne jouais pas la comédie. Tu étais où tu voulais être.

Ce n'était donc pas des zombies qui poursuivaient cette femme mais bien des humains d'après ce qu'elle disait, des personnes de la tanière. Ses hommes étaient sur la défensive au cas où, mais il n'y avait rien à signaler pour le moment. Pas sûr qu'un autre groupe s'avance aussi loin sur le territoire de la Colline. Disons qu'ils vaut mieux passer par le chemin "officiel" plutôt que la forêt qui reste un peu une zone de chasse. Quoi qu'il en soit, elle était sauvée et entre de bonne mains pour le moment. Attano la souleva pour la porter jusqu'au camp. Ce fut forcément un peu plus long de rentrer. Même si le Général était musclé et costaud, on ne se déplace pas aussi vite avec un poids supplémentaire et il ne voulait pas trop la secouer, ignorant le genre de dommage qu'elle pourrait avoir.

Une fois arrivée, il la laissa à l'infirmerie pour qu'elle soit soignée. N'ayant plus rien à faire, il quitta les lieux pour revenir plus tard.

Quand le docteur l'informa que la femme avait repris connaissance, il alla la voir. Elle le reconnu immédiatement, en même temps, il a un visage qu'on oublie pas si facilement. "Content que vous ne m'ayez pas oublié Madame," répond t'il à la manière d'un militaire. "Vous avez eu beaucoup de chance qu'on tombe sur vous. Si nos route ne s'était pas croisé, je ne préfère pas imaginer ce qui serait advenu de vous." Un triste constat qui heureusement n'avait pas eu lieu. En tout cas, elle était reconnaissante et ça c'était le plus important bien qu'il n'avait fait que son devoir. "Vous n'avez pas à me remercier, c'est normal de vous avoir aidé." C'est que River avait été intrigué de trouver cette blessé poursuivit par la Tanière. Cette charmante inconnue s’appelait donc Raffaella. "Enchanté de faire votre connaissance. Je suis le Général Attano, mais je vous autorise à m'appeler River," explique t'il avec le sourire. Elle n'était pas militaire, il ne voyait aucun problème à ce qu'elle utilise son prénom. "Oui M'dame c'est bien la colline. Vous avez entendu parler de nous. Vous étiez déjà à Malden je présume ? Faisiez vous partit d'un autre groupe ? L'autre jour, vous avez parlé de la Tanière ? Bien que ce ne soit pas mes affaires, vous comprenez que je doive vous demander de m'expliquer ce qu'il s'est passé !" Si elle avait un problème avec un autre camp, il valait mieux savoir de quoi il s'agissait. Recueillir et protéger quelqu'un pourrait créer des ennuis avec les autres groupes. Plus il aura d'informations, mieux il saura à quoi c'en tenir.  

Tes lèvres se pincèrent légèrement sous ton envie de rétorquer que tu n’oubliais rien, mais les paroles de Noah revinrent dans ton esprit. Tu te devais d’être prudente, de ne pas trop exposer tes talents. Ta mémoire était sans doute ton plus gros atout, celui que tu devais garder pour toi, pour la Tanière. Alors tu n’ajoutas rien. Tu ne l’avais pas oublié, il en était content, ça se terminait là. Lentement tu hochas la tête, tu étais consciente de la chance que tu avais eue. Lui, il ne savait pas que cette chance tu l’avais provoqué. Ce n’était pas un total hasard si tu trouvais dans cet endroit précis de la forêt. Les explorateurs de la Tanière avaient tout orchestrés pour que tout se passe comme sur des roulettes. L’unique zone d’ombre fut de prédire ce qu’ils allaient faire de toi en te voyant. Avec leur réputation, tu ne pensais pas qu’ils allaient te tuer directement. Au contraire. Une fois à l’intérieur, tu allais t’assurer de faire la suite pour devenir une ressource essentielle du camp. Finalement, un demi sourire naquit sur tes lèvres lorsqu’il affirma que tu n’avais pas besoin de le remercier. Tu te contentas d’hausser les épaules comme pour lui signifier que c’était normal pour toi de l’avoir fait. Tu réalisais qu’il t’avait sauvé la vie. Et littéralement. Tu avais vu trop grand et ça aurait pu t’être fatale.

« Très bien River. Je vous autorise à m’appeler Docteur Mariani. » Il y avait une lueur taquine dans tes yeux alors que tu répondais à son inverse. Il avait utilisé fièrement son titre, pourquoi tu ne pouvais pas utiliser le tien ? Ça te permettait déjà d’annoncer un minimum tes compétences ou seulement le fait que tu avais un doctorat. Tu espérais aussi que le Général affirme connaître un autre Mariani. Nom peu commun à Malden et qui te laisserait espérer que ton fils était toujours vivant.

La colline… Tu y étais enfin et tu soupiras pratiquement de soulagement lorsqu’il affirma que tu t’y trouvais réellement. Bien sûr, bien vite, il surenchérit, il voulait savoir ce qui s’était passé et tu ne pouvais pas lui en vouloir. C’était exactement ton but lorsque tu avais mentionné la Tanière avant de perdre conscience. « Bien sûr que je le comprends et je n’ai pas l’intention de vous cacher quoi que ce soit à leur sujet. Ça ne serait pas à mon avantage. » avouas-tu franchement. Après tout, si tu voulais survivre, tu devais les mettre dans tes poches. Ce n’était pas en étant sombre et mystérieuse que tu allais y parvenir. « J’ai beaucoup entendu parlé de la Colline. Il y a longtemps que je souhaite vous rejoindre. Mais… La Tanière n’a jamais voulu me laisser partir. » Une certaine colère prit place dans ton regard, une fausse haine que tu allais devoir apprendre à nourrir contre ceux qui avaient été les tiens. « J’ai eu la chance… ou la malchance de me trouver en transfert à l’aéroport de Malden lorsque la pluie est arrivée. J’allais en Angleterre pour un séminaire scientifique. Au départ, je suis restée là-bas. Et ensuite, j’ai entendu parlé de votre laboratoire et de vos possibles avancés. J’ai su que ma place était avec vous, que je pourrai venir en aide à la population, mais… La Tanière l’a vu différemment. » Avais-tu vraiment besoin de préciser qu’ils avaient voulu garder tes compétences pour eux ? Le Général River était assez intelligent pour le comprendre n’est-ce pas ?

Au moins, les présentations étaient enfin faite maintenant qu'elle était consciente et dans un meilleur état grâce au doc du camp. Visiblement, elle n'avait qu'un léger trauma crânien, une chance que ça ne soit pas plus grave que ça. Elle ne semblait pas garder de séquelle, elle parlait, elle comprenait, elle semblait voir, on dirait que les fonctions du cerveau n'avaient pas eu de dommage, quand à la partie moteur, il ne pouvait pas se prononcer, ne l'ayant pas encore vu debout pour marcher par elle même. Alors, qu'il s'était présenté, elle fit de même en précisant être le Docteur Mariani. Docteur ? Vraiment ? Ça reste plutôt large comme appellation, il y a des tas de sortes de docteur aussi bien dans la médecine que dans d'autres domaines. "Docteur, vraiment ? Puis-je connaitre votre spécialité ?" demande t'il histoire d'en apprendre plus. Quelqu'un dans la médecine serait utile, on manque toujours de médecin au camp, surtout quand la fin du monde a éradiqué la plupart d'entre eux.

Avec tout ça, il espérait obtenir des informations sur le pourquoi du comment elle était arrivée là. L'autre fois, quand il l'a trouvé, elle avait indiqué être poursuivit, ce qui expliquait en partie les blessures qu'elle avait tristement récoltées. La colline ne lui était pas inconnue, lieu qu'elle voulait rejoindre au détriment de la Tanière, mais ces derniers ne voulaient pas lâcher la jeune femme. Intriguant tout ça, quoi que perdre un docteur n'était pas un point très positif, quelque part, il pouvait comprendre les raisons de ses derniers. Ce sont les dires qu'elle avait entendu sur la technologie et infrastructure présente au sein de la colline qui l'avait motivé à les rejoindre. "Vous vous intéressez à nous pour ça ? C'est vrai que nous sommes les seuls à avoir de vrais installations scientifique et à faire des recherches," souligne River. Le Général insistait pour que ça avance, il faut bien que quelqu'un travail à la recherche d'un antidote. Si les autres ont abandonné c'est leur problème, lui veut devenir le sauveur de l'humanité. Un doux rêve, un peu égoïste peut être, mais au moins, il avait un but si on peut le dire ainsi, même si pour ça il n'hésite pas à utiliser des cobayes humains. La science n'a jamais avancé seule, les sacrifices comptes et on a rien sans rien. "Je croyais qu'à la Tanière les gens étaient libres d'aller et venir et de partir si ça leur chante. Ce serait donc une prison ? Je suis pas vraiment étonné en même temps..." Les choses ne s'étaient pas super bien passé avec des anciens de la colline, que River avait contribué à chasser. C'est ainsi que les autres groupes ce sont plus où moins formés. "Dites vous que vous êtes entre de bonnes mains ici et en sécurité. La Tanière ne pourra pas vous faire du mal. Je m'engage personnellement à ce que ça n'arrive pas et à vous protéger." C'est qu'il était rassurant quand il voulait Attano, à croire que son rôle de père par intermittence avait quand même porté ses fruits. "Vous pensez qu'ils auraient été près à vous tuer ? Parce que vous avez quand même reçu un sacré coup sur le tête. Si leur but était de vous retenir et vous refaire revenir, c'était quelque peu radical je trouve." Simple constat, mais il avait raison, la violence était bien visible sur le front de la jeune femme, caché par un bandage propre. 

Tu ne pouvais pas en vouloir aux gens extérieurs à ton milieu de ne pas te reconnaître. Ton excellente réputation, tu l’avais aux yeux de la science, pas eux yeux de public. Pour eux, tu n’étais qu’une employée de l’ombre. Ce n’était pas le mieux pour ton égo surdimensionné, mais tu avais appris à vivre avec. « Je suis spécialiste en virologie. » Tu savais que cette simple phrase allait attiser l’intérêt. Encore plus aujourd’hui après qu’un virus ait détruit votre monde. Tu te vendais comme une clé, comme une solution potentielle aux problèmes du monde. Difficile de dire comment tu pourrais le faire, mais peu importe. Tu avais besoin d’y croire.

Étais-tu toujours sur l’effet de l’adrénaline ? C’était une question que tu pouvais te poser. Il y a quelques heures, tu peinais à parler et maintenant tu arrivais à tenir un discours plus au moins cohérant. Peut-être qu’au fond de toi, tu te disais que c’était un dernier coup à donner, un dernier effort pour mettre ton plan en exécution. Ensuite, tu pourrais te reposer comme tu en avais besoin, tu pourrais laisser ton corps se réparer du choc que tu lui avais fait subir toi-même. Tu devais rester concentrée encore un peu, c’était tout ce qui te fallait. « Vous semblez surpris qu’on puisse s’intéresser à vous pour cette raison ? La science c’est mon travail, c’est toute ma vie. Je ne peux pas me trouver ailleurs qu’ici. » Derrière ces mots, il y avait une partie véridique. Dès le premier jour, tu aurais dû être ici. « Je crois qu’il n’est pas trop tard pour développer un vaccin. Les infectés sont foutus, mais nous pouvons encore empêcher les vivants de se transformer. J’en suis certaine. » Tu t’avançais beaucoup, tu le savais, mais c’était ton égo qui parlait. Pour toi, il y avait forcément une solution.  

« Je le croyais aussi jusqu’à j’essaye de partir à mon tour. J’espère être un cas isolé. » Tu l’étais. C’est ce que vous aviez convenu de dire avec Noah et Darius. Ils étaient prêts à endosser le rôle de méchants si ça te permettait de peaufiner ta couverture. « Pourquoi n’êtes-vous pas étonné ? » Tu avais besoin de souffler un petit peu. De l’écouter parler à son tour. Tu avais eu une vague d’énergie, mais elle menaçait de disparaître à tout instant. C’est la surprise ensuite qui vint gagner ton visage. Tu laissas transparaître une certaine émotion dans ton regard, partagée entre la surprise et un profond soulagement. Tu observas le Général un long moment de tes yeux larmoyants avant de demander : « Vous feriez ça ? Pourquoi vous engagez ? Nous ne nous connaissons pas. » Tu étais curieuse de savoir ce qui poussait River à te faire une telle promesse. Il risquait des complications et des conflits supplémentaires pour ta protection. Qu’est-ce qu’il y gagnait ? Après, tu n’allais pas t’en plaindre. C’était exactement ce que tu voulais, mais tu voulais également comprendre.

Tes mains parcourent ton visage à la question suivante avant que tu ne secoues très lentement la tête de gauche à droite. « Je ne sais pas les ordres qu’ils ont reçu. Je ne sais pas si la situation a seulement dérapé. Je ne sais pas s’ils devaient seulement me ramener ou se débarrasser de moi. Je ne comprends pas pourquoi ils tenaient autant à ce que je reste là-bas. » Tu jouais les femmes perdues, presque désespérées devant une situation qui t’échappait. Tes doigts frôlèrent ton bandage et tu soupiras : « Je ne me souviens même pas de ce qui s’est passé à ce moment-là… » Est-ce que tu étais tombée ? Est-ce qu’on t’avait attrapé et on avait tenté de t’assommer ? Était-ce un accident ? … Qui savait vraiment ? C’était une histoire entre cette arbre et toi.

Quelle grande surprise d'apprendre que la jeune femme qu'il venait de sauver n'était autre que virologue. Dans le monde actuel, elle était une espèce rare mais aussi du pain béni. Car si quelqu'un peu potentiellement trouver une solution à ce merdier, c'est une personne comme elle. Si les virus c'est son truc, en les étudiants, elle doit être capable de trouver des solutions pour les anéantir ou au moins créer un vaccin capable de protéger la population. Pour l'heure, les scientifiques du camp n'ont pas réussi à faire grande chose. Ces derniers tournent en rond, ils testent encore et encore diverses solutions sans grande réussite. Mais ce genre de chose peut prendre du temps, vu la gueule de la population mondiale, Attano sait qu'un remède ne se trouvera pas en quelques jours où moins, ceci ce comptera certainement en année. En attendant, il faut simplement faire avec, personne n'a le choix. "Virologue ! Vous savez que vous êtes le genre de personne qui pourrait devenir le messie dans ce monde à moitié foutu," déclare t'il. C'est vrai, c'est typiquement le genre de personne qu'on pourrait vénérer pour avoir de l'espoir.

Forcément, en apprenant ça, il pouvaient comprendre que la colline puisse l'intéresser. Ici, ils ont des installations scientifiques plutôt pas mal et plusieurs chercheurs bossent jours et nuits pour essayer de trouver un remède. Ce n'est pas bien concluant pour le moment, mais faut bien se raccrocher à ça. "Les autres camps ne misent pas sur l'avancé des recherches. Si on a réussi à créer des vaccins pour certains virus, pourquoi pas pour celui-ci ? J'encourage mes équipes, même s'il n'y a pas d'avancé majeur. Tous les jours, ils en apprennent plus sur ce virus. J'ai espoir qu'un jour, une solution puisse arriver." Ceci faisait plaisir d'entendre que Raffaela croyait elle aussi en la création d'un remède pour les aider. "J'aime votre façon de penser. Vous avez un bon état d'esprit, j'y vois bien là, une vraie scientifique." Un passionné n'abandonnera pas, il pourra vouer sa vie aux recherches. Elle doit faire partie de cette team là.

"Vous ne pensez pas qu'ils ont essayé de vous garder pour vos compétences ?" l'interroge t'il. Les gens de la tanière aurait pu vouloir qu'elle reste pour faire des recherches et leur trouver un vaccin. Bien qu'il ne lui semble pas qu'il ait un équipement suffisant pour effectuer de "vraie" recherche scientifique. "Je connais quelques personne qui se trouvent à la tanière. Disons qu'on est pas d'accord sur tout." Simple explication, il n'avait pas besoin d'en dire plus. Raffaela semblait surprise qu'il s'engage à la protéger. Sachant qu'elle est virologue, il ne risque pas de la laisser partir comme ça, il a tout intérêt à la garder là et la faire intégrer l'équipe. "Vous préfériez que je vous reconduise là bas peut-être ? Si vous les avez fuit, c'est pour être en sécurité. Je vous offre la sécurité. On est un camp de survivant, on accueil les gens dans le besoin et on les défend aussi, c'est juste normal."

On dirait que la Tanière était prête à tuer Raffaela, se sont devenus de vrai taré là bas. De pire en pire, il était bien content d'être seul aux commandes à présent. "Les salauds, ils vous ont salement amoché. Vous avez eu de la chance qu'on arrive. Mais vous avez dû les semer bien avant, sinon, on les auraient forcément croisé à un moment où un autre. Quand vous vous sentirez mieux, je vous ferais faire un tour du camp et je vais voir pour vous attribuer une chambre le temps que vous souhaitez rester avec nous." Aussi bien elle voudra partir, donc pour le moment, il ne dit pas qu'elle est là Ad vitam æternam. Il se montre juste très hospitalier, elle vient d'arriver, il ne veut rien brusquer, ça serait dommage de la perde étant donné sa précieuse spécialité. 

Un sourire naquit sur tes lèvres. Il ne savait pas à qu’il s’adressait. Tu avais un égo démesuré et qu’est-ce que c’était valorisant de se faire parler comme cela. Devenir le messie dans ce monde foutu. Oui, cette image te plaisait bien. Tu voulais devenir essentiel. Enfin, techniquement, tu l’étais déjà, mais tu ne trouvais pas au bon endroit. Maintenant les choses allaient changer. Tu allais pouvoir exploiter ton potentiel et tu restais convaincu que tu allais changer les choses. « Je n’en espère pas moins. » Une certaine lueur traversa ton regard.

« Les autres camps semblent miser davantage sur la survie que sur une solution pour améliorer notre sort. Les ressources vont finir par nous manquer et nous allons finir par nous retrouver au pied du mur. Nous avons besoin de trouver une vraie solution pour nous reconstruire et ça passe par la science. » Tu étais très certaine de ce que tu avançais. Et là, tu ne jouais pas. C’était tes propres mots, ta propre pensée. Pour toi, il ne fallait pas apprendre à vivre avec le virus, il fallait le combattre. « Laissez-moi rejoindre votre équipe. Ensemble, nous pourrons changer les choses. » Bon… Peut-être pas dans les prochains jours, tu avais encore besoin de repos. Ta tête risquait de te faire souffrir dans les prochaines heures. Pour l’instant, tu profitais de l’adrénaline toujours présente dans tes veines.

« Je pense qu’ils avaient de l’espoir sur le long terme de me fournir les installations nécessaires, mais… Je n’y ai jamais cru. Ils sont trop limités. » C’était complètement faux. Ce n’était pas le but de la Tanière, mais peu importe n’est-ce pas ? Tant que River le croyait. Tu ne pensais pas que les connaissances de River allaient démentir ça. Après tout, personne ne savait vraiment ce qui se passait dans ton laboratoire de fortune. « J’ai plus de chance de m’en sortir en pleine forêt qui si vous me retournez là-bas. Ils ne vont pas du tout accepter mon affront. » Et chaque personne qui te connaissait un minimum savait que tu n’allais jamais t’en sortir en pleine forêt. Tu n’avais aucun instinct de survie. « J’apprécie beaucoup votre accueil et votre hospitalité. J’espère vraiment que ma présence ici ne vous causera pas trop de problèmes… » Tu laissas ta phrase en suspens. Tu savais bien que la Tanière n’allait pas attaquer la Colline, mais tu pouvais bien laisser le doute planer, n’est-ce pas ?

Tu commençais à décliner. Le stress redescendait et tu avais l’impression que la pièce autour de toi avait commencé à tournoyer. Ta main rejoint ta tête pour frôler ton bandage lorsque River précisa qu’ils t’avaient bien amoché. « Je confirme, j’ai eu de la chance et je vous en serai éternellement reconnaissante. J’ai une dette envers vous. » Tu détestais dire ça. Tu n’aimais pas être redevable envers quelqu’un, mais ça faisait partie du personnage que tu voulais te donner. « Avec plaisir pour la visite. J’ai hâte de voir cet endroit de mes propres yeux. Enfin. Mais j’ai besoin de quelques jours. Je ne pense pas être en mesure de tenir debout pour l’instant. » Tu eues un léger rire tandis que tu passais tes mains sur tes cuisses qui te semblaient douloureuses. On n’allait pas t’en vouloir. Tu venais de recevoir un choc et ton corps commençait à réagir. Tu te retrouvas obligée de t’allonger, tu avais l’impression que tes paupières étaient très lourdes.