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’Cause all that you go through, i’m with you.

Thomas P. Lewis
Rainfall — la Tanière
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Thomas P. Lewis
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La Colline, mais bientôt sur le départ vers la Tanière afin de rejoindre sa sœur.
Ingénieur. Il peut créer n'importe quoi, avec pas grand chose ; un vrai MacGyver
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00h10.
Thomas regarde l’heure sur sa montre. Un jour se termine pour laisser la place à un nouveau. Malgré le contexte actuel, le jeune homme tient vraiment à conserver une part de quotidien dans sa journée, car ici, surtout quand on ne sort pas, qu’on ne voit pas le jour, on perd très vite la notion du temps. Et ça, c’est quelque chose que Thomas ne veut pas perdre. Avoir un équilibre, c’est important.

La journée est finie. Ce soir, il a terminé assez tard. Encore une soirée à vouloir trouver un remède en compagnie d’Alexandre, ce scientifique un peu fou qui, à chaque fois, l’embarque dans ses expériences jusqu’à tard dans la soirée. Ingénieur de base, Thomas adore apprendre de nouvelles choses. Et la science en fait partie. De plus, malgré son passé difficile, il reste tout de même optimiste quant à trouver un remède. Mais ce soir, c’est un échec. Encore une fois.

Enfin un moment reposant ; une bonne douche. Les yeux fermés, Thomas décompresse. L’eau qui ruisselle sur son visage lui fait du bien. Quand il ouvre les yeux à nouveau, c’est à ce moment-là qu’il pense à elle. A priori, une nana ordinaire. Et pourtant, depuis plusieurs jours, elle occupe ses pensées. Ensemble, il y a plusieurs jours, ils ont vécu une nuit en enfer… Un bref coup d’œil sur l’une de ses blessures de cette nuit-là lui fait rappeler à quel point la vie peut basculée en un instant.

Une grande inspiration, et Thomas reste quelques secondes sous une eau froide. Sensation détestable, mais nécessaire pour lui, pour son corps et son esprit. Il sort de la douche, frissonnant, puis s’habille en vitesse. D’un revers de la main, il coiffe ses cheveux en arrière, puis se regarde dans un miroir. Il soupire, car il constate que sa gueule d’ange ne ressemble à rien ce soir.

Aucune véritable intimité ici, car les douches et les toilettes sont communs, mais avec le temps, Thomas a pris l’habitude et ne fait plus attention aux autres. Chacun fait sa vie. Après avoir ranger ses affaires, il se rend dans sa petite chambre ou il vit seul. Cet endroit est son petit cocon, et ça se voit. Quelques comics de geek par ci, des bouts de papiers avec des formules mathématiques par-là, ce lieu n’est pas parfaitement rangé, mais Thomas s’y sent vraiment bien. Et pour lui, c’est l’essentiel.

00h20.
Il s’installe sur son lit de fortune, les bras croisés derrière la tête. Malgré la longue journée qu’il vient de faire et cette douche, son cerveau continue d’être en ébullition, il ne s’arrête jamais. Mais à cet instant, il ne pense plus qu’à une seule chose ; une seule personne.

Un visage d’ange.
Un regard perçant.
Une voix fragile.
Un prénom unique.
Baja.

Naturellement, Thomas sourit quand il pense à elle.
Cela ne fait que quelques jours qu’elle est présente au sein de la Colline, et déjà, ils ont quelques petites habitudes l’un envers l’autre. Si Baja est là, c’est parce que Thomas lui a fait comprendre qu’ici, elle serait en sécurité. Et elle serait avec lui.

En vérité, il ne sait pas vraiment si la demoiselle a accepté son invitation pour la première ou pour la seconde raison. Peu importe. Baja est ici, et Lewis ne peut qu’apprécier cela, car il n’aurait pas supporté qu’elle reste dehors. Non, impossible. Il ne pouvait pas la laisser derrière lui, pas après tout ce qu’ils se sont dit durant cette nuit. Malgré leurs discussions à cœur ouvert, Thomas se pose encore beaucoup de questions.

00h30.
Il est déjà tard, et pourtant, Thomas n’a pas envie de dormir. Alors, il attrape l’un de ses comics, puis tourne les pages. Il se contente de simplement regarder les images.

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La chevelure blonde. Cette femme lui sourit. Entourée dans un champ de - coquelicots, oui de coquelicots. Rouge vif; rouge saignant. Un flash. Le visage de son père tout près, très près; le souvenir de son haleine, de ses pupilles noires, très noires. Un sursaut. Baja se réveilla, submergée dans la sueur du cauchemar. Elle ressassait encore cette femme, ce meurtre. Tout paraissait bien trop réel, l'impression d'être dans ce champ, cette femme à portée de main et pourtant, l'incapacité la plus totale de lui saisir la gorge.

Pas de fenêtre dans la chambre, que le mur gris, bétonné. Aucune réjouissance, aucune issue. Depuis l'apocalypse, il valait mieux se tenir loin de l'extérieur. L'écho d'une pluie sur la vitre était assez angoissant pour que quiconque préfère renoncer au droit de voir le dehors. Même elle, qui aimait tant apercevoir le clair de lune lors de ses soirées de détresse. Elle passa sa main chaude sur ses joues rougies. Il fallait rejoindre le réel, quitter l'endroit du rêve et de l'obscurité. Elle gommait ses paupières de ses paumes dans l'espoir d'écarquiller au mieux ses yeux engourdis. La respiration haletante, encore. Comme toutes les nuits. Comme tous les minuits. Ravivée en sursaut, prête à étouffer cette femme, à l'écorcher de toute son âme.

Elle rêvait souvent d'elle. Elle l'imaginait, souriante. Toujours, ce rictus infidèle et indécent. Fière d'avoir accompli le massacre. Une entité du mal. Rien d'humain dans cette femme. Baja se confondit en soupirs; la même rengaine. Le même putain de réveil à minuit, le corps en alerte. Elle enfila une large chemise bleue sur son corps bouillonnant et saisit le journal écorné qui siégeait sur sa table de chevet. Elle sentait que c'était l'unique relique qui la privait de sombrer dans la folie. Il ne lui restait que la maigre conscience des mots, le devoir de prendre note de toute insomnie. C'était un conseiller d'orientation, dans un collège piteux, qui lui avait conseillé cela à ses quinze ans. Etrangement, elle l'avait cru et en avait maintenu l'usure depuis. Elle qui avait toujours eu peur du noir, il l'intimait d'allumer une lampe et de gribouiller ses quelques souvenirs des préoccupations nocturnes. Elle se demandait souvent si écrire tout ça ne l'empêchait pas d'oublier toutes ces fantasmagories terribles. Elle se rétorquait alors que peut-être valait-il mieux ne pas oublier. Ne pas pardonner. Inscrire sur la page comme dans le sang toute la terreur. Elle malaxa sa nuque, elle aussi sclérosée par le cauchemar. Munie d'un pantalon et de bottes; elle s'apprêta pour prendre l'air quelques minutes. Elle extirpa une cigarette de son étui, un briquet et s'engloutit dans l'atmosphère du soir. Elle ne devrait pas y céder mais l'odeur du tabac froid - cela lui rappelait son père et ce souvenir valait tous les reproches du monde. Ce parfum là en dégoûtait plus d'un mais à Baja, cela initiait des sentiments étranges. Une nostalgie sombre et froide.

Alors, la pensée parasite s'obstrua un chemin. Thomas. Elle ruminait sa bouche, le calme de sa voix, la façon dont ses cils battent, le regard qu'il pose sur le monde. Elle ne voulait pas s'en obséder et pourtant, cette pensée la rassurait. Dans l'univers, Baja se sentait toujours de trop. Et là, avec lui, l'impression agaçante d'être alignée. Que quelque chose quelque part dans cette communion avait du sens. Cela l'irritait au plus haut point; elle qui se proclamait si indépendante, si... Et pourtant, lui dans la tête pour anesthésier ses épopées tourmentées. Ainsi, en ces soirs d'insomnie, malgré toute la bonne volonté de ne pas s'attacher, le sentiment revenait au galop. Le sentiment d'être bien avec ce type. Alors, une idée s'incrusta dans sa poitrine - non. Elle n'allait tout de même pas le déranger. Elle n'allait tout de même pas le déranger. Ou peut-être que. Oui, peut-être que lui aussi ne dormait pas. Et peut-être qu'il serait heureux de la voir, aussi. Et peut-être, qu'elle devrait le rejoindre. Et peut-être, qu'ils parleraient encore toute la nuit au point d'oublier l'existence d'un lendemain. Et tous les peut-être s'entassaient dans le vacarme de l'esprit, luttant pour trouver une place. Et le peut-être devint un 'et si', et le 'et si' devint un 'alors je', et le 'alors je' devint un 'oui'.

Elle remonta au deuxième étage et l'idée qui lui semblait d'abord incertaine lui parut évidente. Elle devait le voir. Incapable de remonter dans sa propre chambre, retrouver ses démons de l'obscurité. Elle ne le pouvait pas. N°23. Les chiffres de plastique sur le devant de la porte l'intimidèrent. N°23. Elle plaqua sa chevelure derrière ses oreilles, se frotta le visage vainement pour se sentir plus présentable, rabattit sa chemise contre ses hanches. La folle sensation d'être si niaise de par ces coquetteries et pourtant, la nécessité de lui paraître bien, belle, soignée en dépit de l'heure tardive. Pas de miroir pour vérifier que la stratégie tenait; elle assuma alors que ces quelques efforts de présentation suffiraient pour la rendre montrable. Ses doigts rentrèreent en sa paume, contraignant sa main en un poing pour toquer de trois coups à la porte. Trois coups discrets. Baja était là depuis trop peu de temps pour se sentir à l'aise à l'idée que quelqu'un l'aperçoive entrer chez Thomas en pleine nuit. Non, elle ne voulait pas nuire à sa réputation. Elle se savait être un poids déjà bien assez lourd, et à la gratitude de l'avoir invité ici se fusionnait la honte d'être une étrangère à sa vie. Dents serrées pour masquer la résonnance de sa voix, elle chuchota contre la porte:

Thomas ? Tu dors ?

Un silence de quelques secondes. Assez de secondes pour la faire douter de sa décision, assez de secondes pour qu'elle commence à rebrousser chemin avant que le déclic de la porte ne l'interpelle. Il était là; dans l'entrebâillement de la porte. Elle retourna aussitôt à l'entrée de la chambre et comme une enfant, les yeux ronds de peur d'être grondée et rejetée, elle demanda timidement:

Je ne te dérange pas ? Je peux rentrer ?


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Elle.
Belle hirondelle qui déploie ses ailes.
A son âge, la vie devrait être belle.

Et pourtant, Thomas se souvient de tous les détails que Baja avait pu lui dire et lui montrer durant cette nuit en enfer. Ses paroles avaient été cinglantes quand elle évoqua son passé difficile. Bien sûr, le jeune homme savait qu’elle n’avait pas tout dit. Pas encore. Pas toute de suite. Mais il était persuadé qu’un jour, elle le ferait. Thomas se souvient également de son visage qui se décomposa au fur et à mesure qu’elle parlait de sa vie. Du blanc au noir. Le fil rouge de son histoire était captivant, bien qu’émouvant et horrifiant.

Baja.
Elle avait tout pour plaire. Tout pour réussir. Tout pour gagner. Tout pour que la vie lui sourit. Cependant, l’apocalypse avait changé les lignes de son histoire, en créant un autre chemin que celui dans lequel elle devait aller.
Cruel destin. Maudite vie. Putain de pluie.

Malgré son calme olympien, à l’intérieur, Thomas bouillonne. Autrefois, le brun n’avait jamais eu besoin de se confronter à ce genre de sentiments. Frustration. Incompréhension. Haine. Thomas n’aime pas l’injustice. Il n’a jamais aimé cela. Pourtant, le monde d’aujourd’hui est une cruelle injustice à lui tout seul. Quand il repense à Baja, il ne peut pas s’empêcher de faire le parallèle à sa vie personnelle. Du début à sa fin, Lewis prend conscience qu’il a toujours été en lutte pour sa survie. Finalement, ça ne change pas, ça ne changera jamais. La seule différence majeure qu’il y a entre le passé et le présent, c’est qu’il est profondément seul. Jordan n’est pas là. Elle n’est plus là. Elle ne reviendra pas.

Lewis croit au destin. Il a toujours cru en cette puissance que certains trouvent démesurée et absurde. Pour lui, rien ne sert de courir pour changer le futur, car il est déjà écrit. Et si demain, il devait mourir, cela voudrait dire que c’était son heure ; sa destinée.

Depuis son plus jeune âge, Thomas adore lire les comics de super-héros. Certains diront que c’est pour les enfants, mais honnêtement, le jeune homme en a strictement rien à faire de ce que les gens pensent, et encore plus à l’heure d’aujourd’hui. Autrefois collecteur, il en avait un nombre incalculable. Chacun ses faiblesses. Et ses forces.

N’avez-vous jamais eu le sentiment d’être un peu plus « grand » après avoir lu un livre, regarder un film ou écouter une musique ? La musique lui manque. Surtout les nouveautés. Triste réalité.
La sensation que cette chose veut transcende, fait de vous quelqu’un de plus fort, de plus courageux, ou encore de plus heureux ? C’est un sentiment que Thomas adore.
Petit, quand son père était encore bourré et qu’il terrorisait tout le monde, Thomas avait trouver pour refuge les comics. Endroit sécurisant… que par l’esprit. Très souvent, tout le temps en fait, il avait cette folle envie de voler l’espace d’un instant le pouvoir de son superhéros préféré pour pouvoir retrouver la paix dans la maison. Malheureusement, les héros n’existent pas.

toc toc toc
Quelqu’un frappe à la porte.

D’abord surpris, Thomas fronce les sourcils. Puis très rapidement, il comprend qu’il s’agit de Baja. L’inattendu attendu.
Lewis écarquille les yeux, puis repose son comics sur sa table de chevet. Il se redresse en vitesse de son lit, enfile un t-shirt… à l’envers, le constate, et le remet à l’endroit, tout ça en quelques millièmes de secondes. Il ne veut pas la faire attendre. Alors, il se dépêche d’aller ouvrir, peu importe son état et sa tronche.

La porte ouverte, il l’aperçoit. Baja, la fille qui occupe ses pensées. Le sourire aux lèvres par automatisme. Il ouvre un peu plus la porte pour lui faire comprendre qu’elle peut venir. Son regard croise l’espace d’un instant le sien, et la connexion s’établie déjà. Ce lien qu’il n’arrive pas à comprendre pour le moment. Pourquoi cette nana banale le perturbe autant. Un regard discret vers l’extérieur. Personne à l’horizon. Ce qui n’est pas écrit, n’est pas interdit. Mais l’ingénieur préfère assurer leurs arrières. Il referme la porte, puis se retourne vers Baja.

Elle est là, devant lui.
Il est tard, déjà minuit.
Pourquoi n’est-elle pas dans son lit ?
Vu sa tenue, elle semble en sortir.

Légèrement gêné par la présence de Vasquez dans son antre, Lewis se frotte l’arrière la tête en vitesse, puis range quelques affaires qui trainent par-ci par-là, pour faire une place convenable et confortable à son invitée.

« Bien sûr que non, tu ne me déranges pas. »

Vêtu d’un simple t-shirt blanc et d’un short noir, Thomas se reluque : entre sa tenue actuelle et celle de la nuit en enfer de la dernière fois, aucun doute, Vasquez n’est pas là pour son physique et son style vestimentaire.

« Il est tard, tout va bien ? »

Question débile, mais question quand même. Thomas se demande ce que Baja va pouvoir lui répondre. Une banalité ou la vérité ?

« Tu veux un truc à boire ? Ou autre chose ? » demande-t-il, le sourire aux lèvres.



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En pleine nuit, deux silhouettes dans le couloir. Deux silhouettes qui ne devraient pas être ainsi, ni réveillées, ni ensemble, et pourtant. Thomas jeta lui aussi un discret coup d'oeil sur le reste du couloir. Baja l'imita une seconde fois. Elle ne voulait pas que ça, cette complicité, cette amitié naissante, que tout cela soit mal interprété. Elle savait bien qu'en communauté, les secrets s'étoffaient et circulaient en perpétuelle mutation : elle ne voulait pas faire partie des sujets de ces chuchotements. Elle se sentit un peu niaise d'avoir imaginé que Thomas n'y penserait pas, que Thomas serait indifférent à tout cela. Bien sûr que non. Elle rejoignait sa vie en venant ici. Elle ne pouvait pas s'autoriser à s'y inviter avec vacarme. Elle rougit, un peu. Elle n'avait pas la tête au clair et reposée pour réfléchir aux conséquences de son action ici : tant pis. Désormais, elle était là. Et grand bien leur fasse, personne ne semblait errer dans les couloirs à la même heure.

Il était intimidé - impressionné ? Baja l'observait comme on observe son animal de compagnie - avec une grande tendresse. L'un de ces êtres dépassés par leur aspect un peu gauche, un peu maladroit, un peu trop touchant pour que Baja ne sente pas à sa vue un pincement à sa poitrine. Elle l'examinait ranger ses affaires, tenter de faire de la place avec le plus d'aisance possible. Il avait une façon d'exister à l'univers que la jeune femme regardait sans bien comprendre ni comment, ni pourquoi, cela la percutait. Elle restait debout, en plein centre de la chambre. Elle aimait être ici. Voir ce qu'il gardait pour lui, ce qui constituait les rouages de son intime. Elle baladait librement son regard dans la pièce, pour qu'il ne sente pas espionné. Elle triturait la pointe de ses cheveux, les enroulait autour de son index, se donnant une consistance tranquille en attendant qu'il ait fini d'installer sa chambre tel qu'il le désirait pour l'accueillir. Il extirpait ses Comics Books, un relent doux de l'enfance. Ce monde manquait d'un superhéros. Alors, ça paraissait évidence que se plonger dans ces univers parallèles avait un goût de soulagement. Elle s'installa sur le pan du matelas que Thomas avait libéré.

Merci. , dit-elle, assise.

Sa voix, son ton doucereux, et sa question. Il est tard, tout va bien ? Baja eut pour réflexe de baisser le visage, le dos courbé, les yeux égarés sur ses chaussures. Que dire ? Elle s'octroya ces quelques secondes de doute et de réflexion sur la réponse la plus appropriée. Et puis, qu'importe. A quoi bon s'en tenir à ce qui est de l'ordre du convenable, à quoi bon dissimuler le pire : il savait déjà tout, ou presque.

J'ai rêvé d'elle. Encore. Enfin, un mauvais rêve, bien sûr. D'elle et de mon père. Elle le tuait. Encore. Tu vas peut-être trouver ça bête mais - Je sais pas. Je pensais qu'ici, j'arriverais peut-être à dormir. C'est idiot, je sais. J'aurais dû me douter que ce que je fuyais était encore en moi...

Un silence, pas un silence pesant, simplement un silence pour faire résonner la vérité, lui laisser du temps pour s'installer dans la chambre. Baja sourit à Thomas, pour se donner de la force. Si l'espoir manquait, il fallait tout de même faire semblant d'y croire, ça lui donnerait de la consistance. Pour reprendre les convivialités, elle se confondit en excuses lorsque Thomas lui proposa à boire et qu'elle n'avait pas songé à apporter quoique ce soit. Règle d'hospitalité désuète en ces temps de pluie, mais cela permettait de recadrer à la conversation à ce qu'elle devrait être : courtoise.

Ah oui. Pardon. Je n'ai rien amené, je suis désolée. Je veux bien un verre d'eau, s'il te plaît. Tu veux de l'aide pour quelque chose ?

Bientôt, une heure du matin. Elle devrait retourner à sa chambre, s'y engouffrer, fermer les yeux et prétendre Oui, tout va bien, peut-être qu'elle devrait mentir à Thomas, à elle-même. Mais, le cœur n'y était pas. Ici, avec lui, l'envie de mettre cartes sur table, de tout confesser, de s'expier complètement, de ne plus porter le monde sur le dos toute seule. L'envie de foutre en l'air la solitude et de se renfrogner dans cette chambre pour vivre ça, à deux.

Je t'ai réveillé ? Ou tu bouquinais encore tes trucs de superhéros ?, l'interroga-t-elle avec malice en chopant délicatement un des Comics.

Parlons de lui. Décentrer le sujet.
Revenir à lui.
Lui qui rayonnait si étrangement.
Lui, douce simplicité.
Lui, lui, lui.
Lui et ses superhéros, lui et ses histoires de famille, lui et ses souvenirs d'enfant, lui et sa chambre, lui et sa main derrière son oreille, lui et son putain de sourire éclatant.
De son regard, Baja faisait des allers-retours entre le Comics et Thomas, curiosité inquisitrice.


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Dans ces conditions, l’amour ou quelconques rapprochements humaines n’existent plus.
C’est ce que Thomas avait compris avec le temps. C’était l’une de ses nombreuses certitudes.

Pourtant.
Pourtant.
Sans même le savoir, Baja avait littéralement déjoué toute la logique de Lewis. Le jeune homme n’avait jamais ressenti un sentiment comme celui qu’il a quand il pense à cette inconnue. Car, oui, Vasquez est une inconnue, bien qu’ils aient passé une nuit ensemble, à discuter, rien qu’à parler de tout, et de rien, mais surtout de leurs vies respectives. Celle d’avant, un peu. Celle pendant, beaucoup. Celle d’après, pas du tout. En effet, durant leur discussion, ils n’avaient jamais employé le futur. La seule fois que Thomas l’avait mentionné, c’était pour lui proposer de venir avec lui à la Colline ; le seul endroit sûr, selon l’ingénieur.

Discrétion oblige. Le duo fait attention de n’attirer aucun mauvais œil. Car, ici, comme partout, les rumeurs circulent à la vitesse de la lumière. Refermant la porte, Thomas prend une grande inspiration avant de se retourner. Celle qui occupe son esprit depuis cette nuit en enfer est là, devant lui, dans sa piaule. Bien sûr, dans ses rêves les plus fous, il aurait voulu l’accueillir de façon différente. Mais c’est ainsi. […] La place est faite pour accueillir son invitée. Intimidé ? Oui. Impressionné ? Oui. Pourtant, vu l’attitude de la jeune femme, Thomas ne devrait pas être ainsi. D’ailleurs, il n’a jamais vraiment été comme ça avec la gante féminine. Au contraire, très sociable, il a toujours été à l’aise avec les femmes… sans importances. Mais, Baja n’est pas banale. Baja n’est pas comme les autres. Baja n’est pas celle que tout le monde veut ; que tout le monde peut avoir. Baja est spéciale. Baja est différente.

En vérité, ils ne se connaissent pas. Cependant, quand Thomas plonge son regard dans celui de la jeune femme, il ressent une profonde connexion entre eux. L’expliquer serait impossible pour lui. Mais, ce qui est sûr, c’est qu’il est attiré par elle, tel un aimant.

« Pas de soucis. Désolé pour le désordre. Je ne reçois jamais personne ici. »

Et c’est vrai. Cet endroit, personne ne le connait, car Thomas n’a jamais invité aucun membre de la Colline. Aucun. Baja est la première. Et peut-être la dernière. Assise devant lui, elle ne semble pas si mal à l’aise que ça, juste un peu. Il lui affiche un léger sourire pour détendre l’atmosphère et lui faire comprendre qu’elle ne le dérange pas, même à cette heure-ci.

Puis, elle met les mots sur sa présence ici. Elle. Cette blonde. L’assassin de son père. Intérieurement, Lewis savait pertinemment qu’elle venait en partie pour cette raison-là. Alors, délicatement, il vient se poser à côté de Baja et passe une main derrière son épaule pour la faire venir très doucement à lui.

« C’est loin d’être bête. Et c’est encore moins idiot selon moi. Ici, tu es la bienvenue, qu’importe l’heure. Je comprends la raison de ta venue. Tu sais, ces images ne vont pas partir comme ça, en un claquement de doigt. Et c’est normal. Mais je vais faire en sorte que tout ça s’apaise en toi, Baja. » chuchote-t-il, en la serrant légèrement.

Cette blonde. Ce cauchemar. Baja lui en avait déjà parler durant leur nuit. Et il avait répondu qu’il allait faire son possible pour l’aider à chasser ses démons.

L’espoir est un leurre.
Mais il fait avance l’humanité.

Le silence règne dans la pièce. La vérité y résonne autant dans les paroles de Baja que dans la cage thoracique de Thomas. La vérité. La vérité, c’est que sans même le savoir, sans même le vouloir, et sans même le comprendre, cette fille est entrain de chambouler l’esprit du jeune homme. Elle bouge tous les meubles pour s’installer au milieu de la pièce. Si soudainement. Si… naturellement.

Oubliez les bonnes manières. Si Vasquez garde toujours en elle cette courtoisie, Thomas n’est pas vraiment à cheval sur ça. Il secoue la tête quand il entend les paroles de la jeune femme.

« Pas besoin d’être désolée ici. » assure-t-il, tout en faisant un signe de la tête pour lui faire comprendre qu’il n’a pas besoin d’aide.

Il amène deux verres avec ce qu’il faut à l’intérieur. Rapide. Efficace.

« Et voilà pour vous, mademoiselle. » ajoute-t-il, un sourire aux lèvres.

Un verre d’eau. Ce n’est pas grand-chose, et pourtant.
1H du matin.

« Non, j’avais du mal à trouver le sommeil. En fait, depuis la nuit que nous avons passée, j’ai des troubles du sommeil. Alors, oui, j’étais entrain de lire pour la énième fois l’un de mes comics. Cela m’aide à trouver un certain équilibre, dirions-nous. »

Habillement, Baja vient de changer de sujet. Ce n’est plus d’elle qu’on parle, mais de lui. Et ça fonctionne. Mais le sujet reviendra, belle hirondelle, tu peux en être certaine.

« J’imagine que ce n’est pas ton style… Pourtant, il y a de belles morales là-dedans. » dit-il, avant de sourire.

L’attitude de Vasquez le perturbe légèrement. Elle s’intéresse à lui, à son univers ; à sa vie. Alors, il sourit niaisement, avant de regarder les images en même temps qu’elle.

« Si tu avais un super-pouvoir, ça serait quoi ? » lui demande-t-il.

La vérité. C’est qu’à cet instant, si Thomas avait un pouvoir, ça ne serait pas de maitriser la foudre et les éclairs, ni même d’avoir une force démesurée ou encore d'être une araignée, mais bel et bien celui de pouvoir arrêter le temps, afin de pouvoir profiter de ce moment inlassablement.



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Au son des violons, les larmes, les cris, les étreintes folles.
Cette histoire avait tout d'un mélodrame, avant même que les protagonistes le suspectent.
Inconscients de leur destinée en marche.
Cette histoire ferait un beau mélodrame en noir et blanc.
Quelque chose qui s'inscrit au centre même de l'univers, dans la déchirure de l'univers.

Se sentir de trop dans ce monde, Baja l'avait senti tout du long de sa vie. Et, ce sentiment cessa le jour où elle rencontra Thomas. Il était pourtant si - si - si insupportable, oui. A pénétrer sa vie, à débouler dans sa tête et tout chambouler. Mais, parfois, il y a des évidences qui sont des avalanches. Thomas en fait partie.

Quant au désordre de la chambre, elle n'y voyait là aucun inconvénient. Au contraire, elle se savait privilégiée d'entrer dans cet espace d'intimité. Elle repensa à cette phrase de film. Vous qui entrez dans mon cœur, ne faites pas attention au désordre. Ca la fit doucement sourire, et une curieuse tendresse s'empara du regard qu'elle posait sur les bibelots de sa chambre. Tout ça était à lui. Tout ça, c'était un peu de lui. Chaque coin de tissu, chaque livre écorné, chaque parcelle du sol marquées par les empreintes de Thomas, une preuve tangible de sa présence. Quelque chose de sacré quand la vie se risque à chaque instant.

Baja eut un nouveau rictus, cette fois plus intérieur de crainte que Thomas ne le perçoive. Elle l'eut quand il affirma ne jamais recevoir ici. Elle se sentit mièvre mais un doux soulagement la calmait véritablement. Les hypothèses ne fusaient plus : donc, elle n'en était pas une parmi tant d'autres. Elle n'était pas insensée quand elle s'imaginait que ce qu'elle vivait avec Thomas était doux, pur, unique. Un relent de jalousie s'envolait. Pourquoi jalouse ? Elle se détestait de même concevoir les sentiments qu'elle pourrait avoir pour Thomas. Pourquoi cela la rendait elle si triste d'imaginer, même pour une seconde, qu'il en invite d'autres ici ? Pourquoi tenait elle à maintenir sa position favorisée dans l'esprit de Thomas ? Il lui sourit et les interrogations entassées s'effilochèrent, il était là devant elle. Son aura rassurante rayonnait sur le rictus. Elle sourit de même, très sincèrement, emportée par l'élan de tendresse qui émanait de Thomas.

Narrer le mauvais rêve suffisait à ce que les images défilent à nouveau. Elle l'observa du coin de l'oeil alors qu'il s'asseyait à côté et d'une main  délicate la rapprochait près de son torse. Elle se laissa faire, comme anesthésie par la douleur vive du cauchemar mais encline à la sensation chaude d'être protégée, de ne plus être seule. Que tout ça s'apaise en toi, Baja. Echo tel une balle rebondissante dans le crâne. C'était beau, c'était pur. Une flèche en pleine poitrine. Elle espérait qu'il y arriverait. A tout apaiser en elle. Elle n'y croyait pas mais elle l'espérait. Et c'était ce même espoir fragile qui l'avait fait toquer à sa porte. Mais l'entendre de sa bouche, c'était une toute autre histoire.

Un silence et deux verres d'eau plus tard, l'atmosphère se faisait tout de même plus légère. Baja ne regardait plus ses pompes mais bien tout ce qui l'entourait, donc Thomas. Un peu de fraîcheur dans sa gorge nouée la décontracta. Elle était moins renfrognée. Plus à l'aise sûrement que la vérité soit dite. Elle n'aurait pas su faire semblant toute la soirée. Elle ne s'attendait pas à ce que Thomas lui réponde ainsi. Elle s'imaginait que comme n'importe qui d'autre, de moins sensible ou honnête, il lui aurait dit une banalité sur les Comics en se marrant pour se dédouaner d'aimer ça. Non, il avait l'air un poil soucieux. En tout cas, soucieuse, c'est Baja qui le devint quand Thomas évoqua ses troubles du sommeil. Est-ce qu'elle en était la cause ? Est-ce qu'elle l'empêchait de vivre sereinement ? Pourquoi depuis cette nuit là ? Qu'avait elle transformé ? La crainte d'être d'une obscurité contagieuse lui revint. Cette peur infondée de ne porter que malchance et douleur à quiconque oserait s'approcher d'elle. Elle songea à son père. Lui-même aurait du l'abandonner, bien avant. Il n'en serait pas mort. Pensée sombre qui s'accroche au moindre doute. Elle cligna des yeux avec vivacité comme pour revenir à la réalité.

« Je comprends... J'en ai lu un peu. Quand j'étais plus jeune. J'aimais bien imaginer que les super-héros existaient. Quand j'ai compris qu'ils n'existaient pas, eh bien... C'est là que j'ai arrêté d'en lire. », avoua-t-elle à mesure que sa mémoire lui revenait sur cette période.

Il parut si heureux de lui montrer tout ce pan de sa vie. Il avait un sourire qu'on ne saurait décrire, un sourire de quiconque se révèle avec joie. Joie de se partager à l'autre. Elle était elle-même emportée par cet enthousiasme qu'il avait en parlant de ses comics. Une lueur dans le regard qui ne se lit que dans les passionnés. Elle parcourait les pages lentement, s'imprégnant des couleurs vives des costumes de super-héros et de super vilains. Elle ne prenait pas le temps de lire les bulles de dialogue, happée par le rouge vif des capes et les allées sombres des villes en ruines. Elle jetait quelques coups d'oeil à Thomas, comme pour s'assurer qu'il ne décroche pas, qu'il ne s'ennuie pas d'elle. Il la regardait, faisant lui aussi des allers retours entre les comics et son interlocutrice. C'était un moment pendant lesquels ils pouvaient tous les deux oublier leur tracas, les désastres à leur porte, les souvenirs cassés, tout cela n'avait pas de place dans cette bulle confortable. Un endroit petit, discret, caché, dans lequel deux êtres peuvent se rencontrer en mettant les valises du passé sur le bas côté.

Elle referma d'un geste net le Comic book, et se concentrant ardemment pour trouver la réponse la plus intelligente, elle leva les yeux au plafond en grimaçant. Sa langue dépassait parfois sur ses lèvres, elle se creusait même les joues avec ses dents, tout son visage trahissait la recherche à l'intérieur de son crâne. Elle s'imaginait tantôt comme reine des flammes, tantôt comme destructrice des glaces, ou tantôt alors comme ces héros qui contrôlent par leur pensées... Tout se superposait avec frénésie, et ses sourcils se fronçaient en même temps que ses idées se percutaient. Après quelques secondes de réflexion, l'idée ! L'épiphanie !

« Voyager dans le temps ! Comme ça, je remonte en 2025 et j'empêche le financement du labo de l'ISS. Pas de labo, pas de virus ! »

Dans son regard, brillait une certaine candeur : celle de s'imaginer capable de changer les choses. De se croire invincible. De sauver le monde. Mais, elle le savait : les héros n'existaient pas et c'était d'ailleurs pour cela qu'elle n'avait plus lu aucun Comic. Elle reprit plus doucereusement la parole, teintée d'une visible complicité :

« Bon... Si j'empêche le virus, tu ne te souviendrais pas de moi mais - Je chercherais à te rencontrer à nouveau. Même dans un monde sans virus. », lui concéda-t-elle en mimant l'indifférence, fuyant - un peu - le regard de son interlocuteur.

Elle ne voulait pas montrer à quel point elle était sérieuse dans sa parole. Et pourtant, il lui parut qu'elle eut trop partagé. Cette confidence était de trop, même si elle était cachée par une moue détachée. Baja se douta que la vérité transpirait dans ses mots, qu'il saurait comprendre que cet aveu était un aveu d'affection bien trop grand pour ce jour. Pour ne pas lui laisser de temps à méditer sur ce qu'elle venait de confesser, soit cette nécessité de l'avoir dans sa vie, elle enchaîna :

« Et toi, t'aurais choisi quoi ? T'as pas le droit de choisir le mien ! »

Elle s'offusqua avant même de lui laisser le temps de répondre, prétextant aux gamineries et à l'insouciance. Cela faisait du bien de revenir à cet état évaporé, elle n'avait pas eu ce sentiment de légèreté depuis longtemps. Enfin si, cette fameuse nuit où elle l'avait rencontré et où ils avaient refait le monde en évinçant le sommeil. Il lui arrivait de regarder la cicatrice de cette nuit-là avec beaucoup d'affection. Elle la chérissait autant qu'elle chérissait ce souvenir. Elle le regardait dans les yeux, le visage chaleureux, réjoui.

« C'est qui ton super-héros préféré ? »

Elle le demanda, un air rieur sur le visage. Il y avait un profond plaisir à imaginer Thomas, enfant, en train de fantasmer sur ces figures mythiques lointaines et inventées. Elle aimait à se dire que ça avait pu le rassurer pendant un temps, le faire voyager, lui offrir une porte de sortie. L'enfance, qu'il lui avait décrite, ne semblait pas avoir été d'un rythme tranquille et elle aimait à penser que les Comics lui avaient permis de ne pas trop en souffrir, de s'en évacuer pendant quelques minutes. Elle aurait aimé le rencontrer bien plus tôt dans sa vie. Peut-être que ce serait ça qu'elle ferait avant toute chose, si elle pouvait voyager dans le temps. Elle prendrait le soin de l'insérer plus vite dans sa vie : un manque s'est comblé quand elle l'a rencontré. Un manque dont elle n'avait pas encore conscience.

Seule à deux. C'était étrange mais ça faisait un bien fou.

Thomas P. Lewis
Rainfall — la Tanière
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Thomas P. Lewis
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Une connexion.
Entre Thomas et Baja, il se passe quelque chose que personne n’arrive vraiment à décrire. Même pas eux-mêmes. Pourtant, ils sont si différents qu’on pourrait croire qu’il s’agit d’une simple erreur ; quelque chose qui n’aurait jamais dû voir le jour, une idylle au destin déjà scellée.

Hier, ils ne se connaissaient pas.
Aujourd’hui, ils s’apprivoisent, doucement, mais sûrement.
Demain, ils gardent espoir qu’ils pourraient vivre quelque chose ; construire une histoire ensemble. MAIS.
Hélas, l’histoire est déjà écrite pour eux, et surtout, sans eux.
Ils ne le savent pas encore.
Peu importe l’énergie qu’ils donneront dans cette relation, ça ne fonctionnera pas. Jamais. Pas après avoir découvert le secret commun de leur famille.

Baja était là, devant lui, dans son petit chez lui. C’était presque… surréaliste. Quand il repense à leur rencontre, Thomas se dit que le destin voulait faire en sorte qu’ils se retrouvent sur le même chemin. La vie est parfois (souvent) injuste et cruelle, pourtant, quelque fois, elle réussi à créer des rencontres inoubliables. Lewis aime les sciences exactes et s’efforce toujours de tout comprendre à ce qui lui arrive, de près ou de lui. Si, la plupart du temps, il arrive à trouver les réponses à ses questions, avec Baja, c’est différent. Ce n’est pas rationnel. Il n’y a aucune logique quant à sa rencontre avec elle, et encore moins en ce qui concerne son attirance fatale pour elle.

Vasquez est la première personne qui pénètre dans sa chambre en tant qu’invitée. En réalité, personne ne vient jamais ici, car Lewis aime garder son petit jardin secret juste pour lui. En temps normal, c’était déjà le cas, mais avec l’apocalypse qui règne à l’extérieur, c’est autant plus vrai maintenant. Cependant, Baja est là, en chair et en os. En plus d’être présente dans son esprit, elle fait maintenant apparition dans son jardin secret ; son univers.

Ce sourire. Simple, elle ne veut pas qu’il prenne trop de place sur son visage, mais Thomas le voit. Alors, il sourit à son tour, naturellement, car entre eux, tout est authentique. Si douce, le garçon sait ô combien la demoiselle en face de lui est détruite par la vie. Bien qu’il connaisse déjà pas mal de choses sur Baja, Lewis est bien conscient qu’il ne connait que quelques pourcentages de son hirondelle. Cela ne le dérange pas, car ça veut dire qu’il peut en apprendre sur elle encore pour un bout de temps. Connaître ce petit bout de femme est pour lui un privilège.

Ce cauchemar, encore. Toujours le même. Thomas sait de quoi il s’agit, c’est pourquoi, tel un chevalier blanc, il décide de s’approcher de Vasquez pour la serrer contre lui, avec délicatesse. Baja est marquée, autant physiquement que mentalement, par cette tragédie. S’il avait le pouvoir de prendre un peu de sa peine, Thomas le ferait, car il déteste voir les gens qu’il apprécie souffrir. Pour elle, pour lui, il se doit d’avoir des paroles positives, c’est pourquoi, il lui fait comprendre qu’un jour, tout ira mieux. Bien sûr, Lewis est conscient que le taux de probabilités est faible, mais il veut y croire pour deux.

« Pour le coup, tu n’as pas tort, mais tu sais, les superhéros existent. La preuve en est, tu en as un devant toi. » dit-il, tout en contractant son biceps, avant de rire.

Thomas sait. Il sait que Baja n’est pas dans sa meilleure forme, alors il essaye de la faire rire. L’humour est le meilleur remède au malheur dit-on ? Finalement, la présence de Baja dans son univers était une opportunité pour le jeune homme de faire partager l’un de ses passions de façon concrète. Baja semblait être réceptive. Thomas ne savait pas si elle l’était vraiment, ou si c’était simplement sa bonne éducation qu’elle mettait à profit.

Ici, c’est petit, mais chaleureux.
Ici, il n’y a pas de mensonges, que de la sincérité.
Ici, le passé reste à la porte, laissant place à une légèreté qui fait du bien.
Cet endroit est une bulle protectrice pour Thomas qui vient d’y inclure Baja.
Pour être heureux, nous devons vivre caché. Un dicton véridique.

« Tu vois, toi aussi tu es une héroïne. » assure-t-il, avant de sourire.
« Oui, pas faux. Mais si le virus n’existe pas, pourquoi vouloir me rencontrer quand même ? […] Moi, contrairement à toi, je serai égoïste, mais à l’instant T, je choisirai le pouvoir d’arrêter le temps. »

Thomas ne dit rien de plus, se demandant si Baja aura-t-elle la curiosité, l’envie et l’audace de demander pourquoi il ferait le choix de ce pouvoir. Ensemble, ils replongent dans un esprit enfantin qui fait du bien. Doux mélange entre simplicité et sincérité, le duo trouve petit à petit son équilibre.

« Mon préféré ? Spider-man. » assure-t-il. « Pourtant, je déteste les araignées, mais je trouve que le personnage en lui-même est intéressant, car il n’a pas du tout le profil d’un héros, de base, mais j’aime les valeurs qu’il amène. Même si le destin te semble déjà inscrit dans la roche, tu peux toujours le changer. Tu peux toujours réussir à devenir celui que tu rêves d’être. Il suffit d’y croire. »

Thomas se pince légèrement les lèvres, car ses paroles sont un peu kitch. Pourtant, c’est ce qu’il pense : on peut devenir qui nous voulons. Délicatement et presque inconsciemment, Thomas glisse doucement sa main dans le dos de la jeune femme pour s'assurer qu'elle ne va pas partir, car il veut qu'elle reste près de lui.

« Et toi, alors ? Dis-moi. Je ne vais pas te demander ton héros préféré, mais plutôt ce qui, pour toi, est le plus important pour être une bonne personne ? » demande-t-il, d’un air un peu plus sérieux.

Il tombe dans son regard. Ses yeux si sombres, mais si perçants. Et il n’arrive pas à s’en défaire, en tous cas, pas tout de suite. Il se pince doucement la lèvre inférieure, car c’est le seul moyen pour lui d’interrompre cette connexion. Bien qu’il n’arrive toujours pas à mettre de mots sur toutes les sensations qu’il ressent, il adore ça.

Quand il regarde Baja dans son univers, il se pose une seule question : et si, c’était elle, son univers ; son évidence ?



And it remains with me to this day,
No matter what I do, this scar will never fade. Why are you never real ?
The shifting states you follow me through unrevealed,
Just let me go, or take me with you.
by wiise
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Se mordre la lèvre inférieure.
Ne pas broncher.
Contraindre le rougissement, là sur les pommettes hautes.
Ne pas broncher.
Ternir les étincelles du regard.
Ne pas broncher.
Empêcher sa voix de grimper dans les aiguës de midinette.
Ne pas broncher.

Comment ne pas broncher ? Comment ne pas trahir l'aisance, la folle complicité, l'impression de ne faire qu'un ? Comment faire croire que cette naissante amitié n'est rien de plus que cela ? Une naissante amitié qui titube et apprend à marcher, qui n'a rien, rien, rien à voir avec le concept du coup de foudre. Des histoires d'amour, il y en eut, oui. Des erreurs de parcours semées ça et là. Parfois, quelques coups de vents, coups de chair, coups de je ne te rappellerais pas demain, coups d'ivresse enflammée. Il y eut la jeunesse, ses tourments, ses extases et sa fougue. Mais, à l'apocalypse, on ne s'imagine ni chercher ni trouver un partenaire de vie. Peut-être quelqu'un pour maintenir l'humanité. Faire quelques gosses en toute amitié et solidarité. Baja n'imaginait pas cela. D'ailleurs, elle ne le souhaitait pas. La mort rôdait et quelle stupidité plus mièvre que de tomber amoureuse. Amoureuse. Elle ne se prétendait pas encore amoureuse, loin de là. Mais, elle sentait cette petite épine plantée au niveau de la poitrine, comme un à-coup au cœur. Etre dans cette chambre, dans sa chambre. Cela ne devrait pas être important et pourtant, pour elle, ça l'était. L'impression tendre et saugrenue d'entrer dans sa vie, et de peut-être s'y implanter sans date de péremption.

Il contracta son biceps avec un sourire croisé de fierté et d'ironie. Il se moquait mais il n'était pas si loin du super-héros pour Baja. Il l'avait épargné de sa solitude, de son errance et très certainement, de sa mort certaine. Il l'avait accueilli dans son quotidien et lui avait donné de la joie et de l'espoir. Thomas avait insufflé de la vie dans ce qui n'était plus que de la survie. Elle l'imita et contracta également son biceps en riant :

« Attention à toi, super-héros ! Je pourrais être un super méchant et t'exploser les dents... »

Elle le poussa très doucement au niveau de l'épaule, juste assez pour qu'il tangue et revienne à sa position. Elle rit de plus belle et ne put s'empêcher de sentir en elle une flamme plus sérieuse. Elle avait dans le corps la sensation d'être à nouveau la lycéenne qui drague piteusement, qui ne maîtrise en rien l'art ou les codes de la séduction. Elle se sentait un peu minable dans sa tentative de se rapprocher de lui néanmoins, cela semblait fonctionner. Il riait lui aussi et tous deux passaient un agréable moment.

Arrêter le temps. La phrase résonna et fit un looping dans sa tête. Le désirait-il vraiment ? Est-ce qu'elle s'inventait quelque chose ? Si oui, pourquoi continuait-il d'entretenir cette fièvre en elle ? Il y eut un temps, un silence nécessaire sûrement pour encaisser une telle flatterie.

« Pourquoi voudrais-tu arrêter le temps ? Tu sais, je ne vais pas m'envoler. », affirma-t-elle, les lèvres bordées d'un timide sourire.

Elle l'écouta expliquer avec passion en quoi Spiderman était son héros préféré. Elle trouva cela joli, touchant. Cela la toucha à un endroit de l'enfance qu'elle ne saurait détailler. Voir cet homme qui avait traversé tant d'épreuves cajoler ce qui lui restait de candeur. Ce n'était pas puéril mais il y avait en ses mots une sorte d'innocence. Quelque chose de pur à préserver. Depuis la pluie, l'espoir était rationné et Thomas semblait en avoir encore en réserve. Elle apprécia la morale par laquelle il conclut. Peut-être qu'elle aurait dû lire Spiderman plus tôt. Elle ne se serait pas empêché de vivre la vie. Elle avait toujours suivi la voie de son père sans la remettre en cause. Son père gagnait bien sa vie au garage, elle voulait être proche de son père et maintenir un certain confort alors sa carrière coulait de source. Et pourtant, en écoutant Thomas, elle se demanda si elle s'était déjà sincèrement posée la question de ce qu'elle voulait être. Elle ne se souvenait pas l'avoir déjà fait. Il y avait toujours eu d'autres priorités. Cela ne la gênait pas, elle aimait être mécanicienne mais elle aurait aimé en avoir le choix. Tout s'était fait si vite, si naturellement. Elle eut du plaisir à penser que Spiderman et ses valeurs avaient, un jour, transcendé Thomas et que depuis, il ne laissait plus qui que ce soit lui imposer de choix. Qu'il prenait sa vie en main.

« La recette pour être une bonne personne... », soupira-t-elle en levant les yeux au ciel. Visiblement, cela ne l'inspirait pas.

Elle se tut un instant. Son regard s'assombrit également. Au delà d'être sérieuse, elle sembla un brin désespérée. C'était une fille droite dans ses bottes, courageuse et déterminée mais elle ne se serait jamais qualifiée de bonne personne. Elle ne s'octroyait pas ce droit là. Et, en rencontrant des personnes aussi radieuses que Thomas, elle sentait d'autant plus fort à quel point elle était fataliste et solitaire. Ce qui la faisait se réveiller chaque matin, c'était l'envie profonde et indétrônable de se venger. N'était-ce pas le signe ultime qu'elle n'avait rien d'une bonne personne ?

« Quelqu'un de gentil. Voilà., conclut-elle en regardant ses genoux imperceptiblement trembler.  J'en sais rien, en fait. »

Elle se releva d'un coup sec et fit quelques pas dans la salle, en se grattant les cheveux, les emmêlant et les ébouriffant à mesure que ses pensées fusaient.

« On n'a plus ce luxe là d'être des bonnes personnes. On devient des animaux. On pense plus qu'à tuer, qu'à - On n'a plus que notre instinct de survie. Y a plus de bonnes personnes. Ca n'existe plus. Parce que les bonnes personnes sont trop connes, baissent leur garde et se font buter. On n'a plus le choix. Les super-héros n'existent pas, ici. Y a personne pour nous sauver. Sinon, je serais pas dans la piaule d'un mec que je connais à peine pour essayer d'oublier tout ça. »

Les larmes grimpaient dans ses prunelles, la colère qu'elle faisait jaillir était injuste et cruelle, certainement mais la raison l'avait quitté. Son père était une bonne personne. Qu'est-ce que cela avait pu lui donner comme privilège, comme sécurité ? Rien. Que dalle. Et, malgré toute la bienveillance de Thomas, elle venait de lui cracher au visage une tristesse qu'il n'avait pas causé. Lentement, elle s'affaissa sur le sol et rassembla ses paumes sur son visage. Elle ne pleurait pas mais couvrait sa honte. Elle n'aurait pas dû crier, elle n'aurait pas dû. Elle resta quelques temps, expirant dans un rythme saccadé en tentant d'apaiser sa respiration. Pourquoi cherchait-elle toujours à gâcher ? Pourquoi repoussait-elle les types comme Thomas ? Pourquoi ne s'autorisait-elle pas une soirée simple, une soirée qu'elle aurait pris plaisir à passer avec lui ? A la mort de son père, son coeur s'était anesthésié et ce que Thomas animait comme passion en elle, elle ne le supportait pas. C'était trop. Trop de belles choses dans un monde trop laid. Elle ne supportait pas de continuer à vivre après l'injustice la plus fatale.

Thomas P. Lewis
Rainfall — la Tanière
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La Colline, mais bientôt sur le départ vers la Tanière afin de rejoindre sa sœur.
Ingénieur. Il peut créer n'importe quoi, avec pas grand chose ; un vrai MacGyver
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’Cause all that you go through, i’m with you. SA0Ov
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Localisation : La Colline, mais bientôt sur le départ vers la Tanière afin de rejoindre sa sœur.
Occupations : Ingénieur. Il peut créer n'importe quoi, avec pas grand chose ; un vrai MacGyver
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Une épine qui se plante au niveau de la poitrine, proche du cœur. Sans même le savoir, ils avaient la même sensation au fond d’eux. Pour Thomas, ce n’était pas si différent de Baja. Il se souvient encore de leur première rencontre. Celle ou elle avait braqué son arme sur sa tempe, prête à lui enlever la vie, car il avait empiété sur ses terres de survivante. A présent, c’était elle, Baja, qui avait un pied, voir même les deux, sur les terres du jeune homme. Pour autant, à la différence, Thomas n’avait pas d’arme à la main. Pourtant, son regard pouvait la remplacer, car il regardait son invitée avec insistance. Non, pas ce regard gênant que les garçons peuvent avoir sur les filles qu’ils veulent mettre dans leur lit. Non, lui, c’était différent, il avait ce regard… qui veut tout dire. En admiration.

Sans même le savoir.
Sans même le vouloir.
Baja avait piqué de son épine le cœur de Lewis.
Sans prévenir.
Quand Thomas posait son regard sur Baja, il ressentait des choses qu’il n’avait jamais ressenti ça auparavant.
Pourquoi elle ? Pourquoi maintenant ?
Fallait-il qu’une apocalypse arrive pour qu’il crush totalement sur une femme ?

L’impression de la connaître depuis toujours. Thomas se sent à l’aise avec elle. Malgré le contexte, et leurs histoires peu communes, le jeune homme semble croire qu’il peut y avoir de la luminosité dans cette obscurité. Baja serait-elle son éclaircie ?

Retour en enfance et en bêtise, Baja imite Thomas à la perfection. Ce dernier rigole légèrement, amusé de voir qu’elle se prend au jeu. Il mime le fait d’avoir peur, puis affiche un léger sourire en coin. Elle le pousse. Il tangue. Puis revient. Un peu plus proche. Cette complicité, si douce, si naturelle, fait comprendre à Thomas à quel point la demoiselle qui est à ses côtés est spéciale. Entre eux, il n’y a pas de faux-semblants. Et cela fait du bien.

Un silence.
Des pensées.
Des questions.
Et peut-être des réponses.
Une hésitation.
Un léger sourire timide pour elle.
Un rire nerveux, pour lui.
Puis, la réponse à la question.

« Parce que, depuis que je t’ai rencontré, j’ai l’impression de renaître de mes cendres. Tu es l’air dont j’avais besoin. » dit-il, d’une voix tendre. « Je ne veux pas que tu t’envoles… » ajoute-t-il, en lui chuchotant à l’oreille.

Les yeux de Thomas pétillent. Il sourit. Pour la première fois depuis longtemps, il ressent un bonheur intense. Ses émotions s’entrechoquent.
Quand il se plonge dans le regard de Baja, c’est à l’image d’un feu d’artifices ; une multitude de couleurs se déversent dans sa tête.

Dans la vie, nous avons tous des inspirations différentes, des exemples que nous suivons, volontairement ou non. Après avoir expliquer les raisons du pourquoi il appréciait Spider-Man, c’était au tour de Baja de répondre à la question de Lewis. Cependant, la jeune femme ne semblait pas être inspirée. D’abord amusé par la réponse, observateur, Thomas compris dès lors, qu’il y avait un problème, car l’attitude et le ton dans la voix de son hirondelle avait changer. Elle donna une réponse banale, puis d’un coup, elle se leva brusquement faisant comprendre à Lewis qu’il avait raison : quelque chose ne va pas.

Spectateur, le jeune homme assiste alors à une scène qu’il n’avait pu imaginer quelques minutes auparavant. Après les paroles de Baja, Thomas resta silencieux. Inattendu, il n’avait pas vu venir ce coup-là. Il prit quelques secondes pour encaisser toutes les paroles de son invitée, puis essaya de trouver les bons mots pour répondre.

« Tu as raison… Le Monde d’aujourd’hui n’est plus ce qu’il était. Mais, il existe encore de bonnes personnes. Regarde. Je suis là. Tu es là. Si nous n’étions pas de bonnes personnes, nous serions morts ce soir-là… Notre instinct de survie est enclenché quand nous n’avons pas le choix. Mais nous ne sommes pas tous comme ça. »

Mélange entre la colère, la haine et le tristesse, Baja venait de craquer. Littéralement. Au bord des larmes, elle s’affaissa sur le sol. Pour Thomas, voir cela lui faisait de la peine. Il culpabilisa un instant en se disant qu’il n’aurait peut-être pas dû poser cette question. Il lança un regard vers la jeune femme, puis décida de venir à son niveau : au sol. « Tu n’oublies pas. Tu essayes juste de t’octroyer un temps de répit… dans la piaule d’un mec que tu connais à peine, mais qui ne te juge pas et t'apprécie pour ce que tu es vraiment. » dit-il, d’une voix calme. « Je suis là pour toi, ne l’oublie pas, Baja. »

Lewis n’allait rien dire de plus. Il avait cette envie de la prendre dans ses bras, lui aspirer toute cette tristesse et toute cette haine qu’elle possède en elle, mais il ne pouvait pas, alors il se contenta simplement d’être présent, à sa façon, à sa hauteur. Les paroles de Baja lui avait fait un léger pincement au cœur. Il connait son histoire. Il sait que des moments comme ça, ils vont en vivre. Aujourd’hui, demain, et bien plus tard, mais peu importe, car Thomas n’abandonne jamais. Il ne lâche pas les gens quand ils ont besoin d’aide. Il le sait, au fond, que Baja a besoin de lui, et cela tombe bien, car il a également besoin d’elle. Pas maintenant, mais un jour, il aura besoin d’elle, et elle sera là pour lui, il ose l’espérer.

Mais pour l’instant, il doit faire face aux démons de Baja.
Pour le moment, il se doit d’être à ses côtés.
Il sait ô combien que parfois, la simple présence d’un être est bien plus importante que ses paroles. Alors, sans un mot, il lance un regard vers Baja pour lui faire comprendre qu’il est là, et qu’il sera toujours pour elle, quoiqu’il advienne.



And it remains with me to this day,
No matter what I do, this scar will never fade. Why are you never real ?
The shifting states you follow me through unrevealed,
Just let me go, or take me with you.
by wiise
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