Quand le froid s’empare de Malden
16 janvier 2034
Depuis que tu as quitté les laboratoires et leurs expériences, tu ressens régulièrement le besoin de t'isoler. Loin du monde et du brouhaha permanent des hommes, des femmes et des enfants présents à la Colline, tu es plus serein et plus calme en étant à l'écart. C'est pourquoi, malgré le froid et le vent qui se lève, tu as décidé de t'éloigner. Emmitouflé dans ton manteau, tu ne t'attendais pas à voir la neige commencer à tomber du ciel. En réalité, plongé dans tes pensées beaucoup trop nébuleuses pour ton toi d'avant, tu ne l'as pas envisagé une seule seconde. Ce monde, celui dans lequel il faut être aux aguets, se méfier de tout et de tout le monde, il n'est pas vraiment fait pour toi, Aiden. Et tu peines sérieusement à t'y faire.
Les premiers flocons t'ont poussé à te mettre à l'abri. Pourtant, tu as déjà pensé des centaines de fois à te laisser submerger et emporter vers une vie moins compliquée, moins douloureuse. Seulement, tu n'arrives pas à t'y résoudre. Encore moins maintenant. Plus maintenant. Revoir Alexandra, prendre conscience qu'elle n'est pas uniquement le fruit de ton imagination te donne envie de t'accrocher au peu d'espoir qu'il te reste.
Après avoir couru à l'intérieur du bâtiment, tu retires ta capuche et observes les lieux. Fenêtres brisées. Murs marqués des divers entraînements qui prennent place ici. Sol poussiéreux et toit en mauvais état. Tu t'approches doucement de ce qui doit être la zone de tir, tes doigts se déposent sur les impacts de balles et tu lâches un soupir plus triste que ce que tu l'aurais voulu,
« Quel monde de merde. Dire qu’on ne peut même plus faire de bataille de boules de neige. ». Ton bras retombe le long de ton corps, ce dernier se tend, tes épaules se figent alors que tu entends des pas derrière toi. Ta fichue ballade, tu l’as cru sans aucun danger, tu n’as donc pris aucune arme avec toi. Il n’y a pas la moindre trace d’un arc ou d’une flèche et tu commences à te dire que, peut-être, un décharné a réussi à passer dans l’enceinte du camp...